Le patriarche maronite Béchara Raï a demandé lundi aux responsable libanais de retirer le décret controversé de naturalisation qui accorde la nationalité libanaise à près de 400 personnes, dont des hommes d'affaires syriens.
"Nous demandons aux responsables de retirer le décret de naturalisation car il a porté atteinte à la confiance que les Libanais ont en eux", a déclaré Mgr Rai à l'ouverture du synode maronite. Il a dénoncé "un décret promulgué sous le manteau et avec des noms suspects qui ne sont pas dignes de la nationalité libanaise", a-t-il ajouté.
Le ministère de l'Intérieur avait publié jeudi dernier le décret de naturalisation de quelque 400 personnes ayant fait une demande pour obtenir la nationalité libanaise, après un mutisme des autorités puis une confusion qui a régné durant les derniers jours autour de ce décret. Parmi les personnes ayant obtenu la nationalité libanaise grâce à ce décret, l'écrasante majorité sont Palestiniens et Syriens. D'autres sont détenteurs de nationalités française, américaine, britannique, canadienne, suisse, ou encore suédoise. Quelques uns sont Saoudiens, Jordaniens, Tunisiens ou Irakiens.
Le décret de naturalisation, entré en vigueur le 11 mai après sa signature par le chef de l’État, Michel Aoun, le Premier ministre, Saad Hariri, et le ministre de l'Intérieur, Nohad Machnouk, n'a pas été publié au Journal officiel, suscitant de vives réactions quant aux circonstances "secrètes" ayant entouré l'adoption du texte, dévoilée par des médias. De nombreux responsables et leaders libanais ont dénoncé la naturalisation de plusieurs hommes d'affaires proches du régime du président syrien, Bachar el-Assad.
Les Forces libanaises de Samir Geagea, les Kataëb de Samy Gemayel et le Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt ont eux aussi réclamé l'annulation de ce décret.
(Repère : Naturalisation : ce que dit la loi au Liban)
Réfugiés syriens
Par ailleurs, le patriarche a appelé à la formation "au plus vite" d'un nouveau gouvernement "capable d'entreprendre les réformes nécessaires". Il a en outre demandé au gouvernement "d'unifier ses positions sur le retour des réfugiés syriens dans leurs pays" et a appelé la communauté internationale à les aider à "reconstruire leurs maisons". "Il est de leur droit naturel de recouvrer leur dignité nationale, a affirmé Mgr Raï. Et c'est un devoir de les encourager à ce retour digne".
Les déclarations du patriarche interviennent alors que le ministère des Affaires étrangères libanais avait bloqué vendredi des demandes de permis de séjour des employés du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) en raison de divergences sur le retour des réfugiés syriens, avant d'être désavoué par le Premier ministre.
"Des instructions ont été données à la direction du protocole pour suspendre, jusqu'à nouvel ordre, les demandes de résidence concernant le HCR", avait indiqué le ministère libanais des Affaires étrangères dans un communiqué avant de critiquer en termes très durs l'agence de l'ONU.
Selon le ministère, le HCR "sème la terreur dans les esprits (des réfugiés) en invoquant le service militaire obligatoire (en Syrie), le risque sécuritaire, la question de logement et la suspension des aides de l'ONU" en cas de retour dans ce pays en guerre.
Mais dans un entretien avec l'AFP, Nadim Mounla, conseiller du Premier ministre désigné, Saad Hariri, a indiqué que la décision du ministère des Affaires étrangères était "unilatérale" et ne "représentait pas la position du gouvernement libanais ni celle de son chef".
Le Liban, qui doit former un nouveau gouvernement après les élections législatives du 6 mai, accueille près de 1,5 million de réfugiés syriens, dont 1 million inscrits auprès du HCR. Ils ont fui la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011. Le HCR estime que les conditions humanitaires et sécuritaires en Syrie ne sont pas propices à un retour massif et craint des départs forcés du Liban.
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hehe donc voila ... alors le patriarche vient de confirmer ce que les FL, KATAEB, PSP affirment par rapport a ce decret de naturalisation
15 h 13, le 11 juin 2018