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Lifestyle - L’aile ou la cuisse

Al-Soussi, 100 % cholestérol, mais c’est tellement bon !


Plusieurs plats qui composent un excellent petit déjeuner. Photo C.C.

L’histoire remonte à très loin… C’est en 1890 qu’al-Soussi ouvre ses portes derrière le bâtiment de la municipalité de Beyrouth au centre-ville, plus précisément à la rue Weygand. Son fondateur, Hajj Abou Mahmoud al-Soussi, a transmis les rênes des lieux et de son savoir-faire qui se sont perpétués d’une génération à l’autre. En 1975, au déclenchement de la guerre civile, ses petits-enfants déménagent à la rue Chehadé, dans le quartier de Mar Élias, après 85 ans de service au centre-ville et de livraison aux bureaux environnants de la région. Dans les années 1960, un plat de Foul Spécial al-Soussi était vendu à 1 livre libanaise seulement. Les fans de l’époque se souviennent aussi que, s’ils arrivaient en retard au bureau (comprendre 6 heures 45 du matin), alors, en plaçant leur commande, ils étaient soumis à la réponse standard Allah jabar !, car leurs plats, très demandés, s’écoulaient rapidement, et souvent assez tôt dans la matinée.
Depuis 40 ans, m3allem Raji (Raji Kebbé) dirige avec le sourire une cuisine qui ne comprend en fait qu’un seul réchaud ! Comme son acolyte et cousin Ahmad al-Soussi, toujours là pour accueillir les gens et donner un coup de main. Ensemble, les deux hommes ont réussi à maintenir la tradition d’al-Soussi, les recettes et l’âme des lieux. Leur travail acharné et leur persévérance ont porté leurs fruits et leur a même fait gagner une place en 2013 dans le top 10 des meilleurs endroits dans le monde pour petit déjeuner, selon CNN.

Un plaisir des sens
Al-Soussi est un endroit modeste et sans prétention qui peut accueillir un maximum de 20 personnes à l’intérieur et de 15 à l’extérieur, sur le trottoir. Les chaises et les tables en plastique sont les seuls meubles disponibles. Ne vous attendez pas à grand-chose, et c’est tant mieux, car c’est justement ce qui fait le charme de l’endroit. Toujours plein, il faut patiemment faire la queue, exalté par les arômes qui se dégagent de la cuisine ouverte de Raji. Et même avec un seul réchaud et une grosse demande, en permanence, le service est rapide et le personnel très sympathique. Alors, il vaut mieux arriver en sachant ce que l’on veut !
Pas de doute à ce sujet, la fameuse fatteh s’impose pour commencer. La traditionnelle, composée d’une pile de pain arabe toasté garni de yaourt, un soupçon de cumin et des pignons de pin rajoutés à froid. Et puis les autres, car il existe de nombreuses variétés de fatteh, avec des oignons, des aubergines ou de la viande. La spécialité de la maison comprend des pois chiches écrasés et de l’huile d’olive mélangés avec les ingrédients standard. Avant de déguster, il faut déguster avec les yeux. Observer, humer et écouter Raji faire griller des pignons de pin dans du beurre puis les verser lentement sur le yaourt tout froid. Notons que l’orange amère (abou afeir) est utilisée librement dans plusieurs de leurs sauces, ce qui donne aux plats un peu plus de punch.
Puis passez aux œufs brouillés awarma. Les œufs sont servis à point, accompagnés d’agneau haché frit, cuit avec la graisse dans laquelle il est conservé, généralement le gras de la queue d’agneau. Un genre d’agneau confit !... Ensuite, essayez le foie frit (sawda) à al-Soussi, il s’agit de foie de mouton, frit avec des oignons et des poivrons rouges, et servi avec une touche citronnée acidulée qui lui donne ce goût aigu apprécié.
Place ensuite aux amourettes de mouton (bayd ghanam), à la cervelle de mouton (nkha3at), et bien sûr aux fèves (foul) et aux pois chiches : hommos,balila, msabba7a, servis avec des cornichons sur le côté, des oignons, des olives et des légumes frais découpés. Et si cela ne suffit pas, commandez alors une salade : le choix parfait serait le thym sauvage mélangé avec de la mélasse et des oignons.
Il n’est pas surprenant, après ce moment gastronomique particulier, qu’il n’y ait pas d’addition à proprement parler. La vraie surprise est plutôt de savoir le montant de cette facture, bien en deçà de ce que l’on paye d’ordinaire. En moyenne, un mélange de tous ces mezzés coûtera moins de 15 $ par personne et vous aurez le ventre plein jusqu’à l’heure du dîner. Mais alors que les prix sont excellents, la propreté des tables fait défaut. Il vaut mieux se munir de ses propres lingettes et nettoyer sa table avant de s’y installer.
Le service démarre vers 6 heures 30 du matin et se termine à 14 heures. Pendant le mois de ramadan, les horaires sont exceptionnellement modifiés, et le restaurant ouvre ses portes à partir de 22 heures jusqu’à 4 heures du matin. La tradition des Beyrouthins est de s’y rendre à la fête du Fitr. Alors dépêchez-vous d’y aller pour un excellent petit déjeuner tant qu’il est encore possible. Car la nouvelle génération, nullement intéressée à prendre le relais, a refusé d’apprendre les secrets et la maîtrise du métier…

Al-Soussi, rue Chéhadé, secteur
Mar Élias

DATA
Son : niveau maximum = 82,0 dB, LAeq = 63,6 dB
Qualité de l’air : 92/100 (bon), COV 0.12ppm, Humidité 60%, température +24°C
NOTES
Son : 3/5
Décoration : 2/5
Personnel : 3/5
Plats : 4/5
Propreté : 2/5
Avis : très bon
Prix : très raisonnable
EN BREF…
On aime bien : tout ! et s’il fallait choisir : la fatteh, les œufs au awarma, le foie frit, les amourettes (bayd ghanam) et la cervelle d’agneau (nkha3at)
On aime moins : le manque de propreté des tables.

LE CONSEIL : allez-y en groupe, commandez un plat de tout, partagez-le avec vos amis en savourant tous les arômes.


*Critique gastronomique
Il agit dans l’ombre, même si sa signature énigmatique lui donne des airs de gentlemen franco-anglais. Cordon Courtine sévit dans les restaurants de la capitale undercover pour y goûter le meilleur, et parfois le pire. Il revient, un samedi sur deux, pour vous donner ses impressions, toujours très objectives, sur tout ce qui fait la (bonne) réputation d’un restaurant, des saveurs aux odeurs, en passant par la décoration et la propreté des lieux. Bon appétit.

FB : www.facebook.com/CordonCourtine/
Insta : cordon.courtine
E-mail : cordoncourtine@gmail.com


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L’histoire remonte à très loin… C’est en 1890 qu’al-Soussi ouvre ses portes derrière le bâtiment de la municipalité de Beyrouth au centre-ville, plus précisément à la rue Weygand. Son fondateur, Hajj Abou Mahmoud al-Soussi, a transmis les rênes des lieux et de son savoir-faire qui se sont perpétués d’une génération à l’autre. En 1975, au déclenchement de la guerre...

commentaires (3)

Rien ne vaut qu'un tel petit restaurant populaire à Beyrouth, et au Liban en général. Un vrai savoir faire

Sarkis Serge Tateossian

21 h 21, le 01 juin 2018

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Rien ne vaut qu'un tel petit restaurant populaire à Beyrouth, et au Liban en général. Un vrai savoir faire

    Sarkis Serge Tateossian

    21 h 21, le 01 juin 2018

  • Ca a l'air d'être très bon ... Je devrais essayer les oeufs au agneau confit ...

    Stes David

    12 h 34, le 01 juin 2018

  • RIEN DE PLUS APPETISSANT ET BON QU'UN PLAT DE FOUL LE MATIN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 54, le 01 juin 2018

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