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Lifestyle - L’aile ou la cuisse

Bistr’eau, du poisson frais les pieds (presque) dans l’eau

La seared Tuna Salad. Photo C.C.

Son histoire est singulière et mérite qu’on s’y arrête. Jean Farès, ingénieur de métier, décide un jour de tout plaquer et quitte son emploi pour suivre sa passion. Féru de bonne cuisine, chef amateur, cofondateur de Bibayti, il ouvre le restaurant dont il a toujours rêvé en juillet 2017. Situé au bord de l’ancien port de Batroun, un endroit charmant où les pêcheurs amarrent leurs petits bateaux, Bistr’eau est, comme son nom l’indique partiellement, un bistrot de tapas de fruits de mer. Adjacent à la très belle cathédrale St-Stephan, il est accessible à partir de l’hôtel L’Auberge de la mer. C’est un lieu assez spacieux, composé d’arcades traditionnelles en pierre. Beau certes, même s’il lui manque ce supplément de chaleur et d’intimité. De plus, pour profiter au mieux de la vue sur la mer, la municipalité de Batroun devrait faire un effort pour éclairer le port, hélas obscur la nuit tombée.

Frais, frais les poissons
Jean s’approvisionne lui-même en poissons frais tous les jours au marché. Les prix de certains produits l’obligent à fixer des tarifs élevés dans son menu. Un couac vite oublié dès que les plats, des mélanges souvent inattendus, sont servis : son fameux hommos aux crevettes, étonnant et exquis, accompagné d’une sauce spéciale imbibée de paprika ; ou encore l’aubergine fumée, servie froide, garnie de « tarator » rouge, de thym frais et de tomates séchées, de graines de grenade et d’amandes grillées. Outre leur goût, simple et délicieux, toutes ses créations sont servies dans des portions très généreuses. La salade de crabe est alléchante : fraîche, avec des tranches d’avocat à point et des agrumes pelés qui l’accompagnent et qui lui ajoutent un petit zeste supplémentaire. Un peu de sauce aurait été bienvenu. Le calamar grillé est d’excellente qualité, le poisson cru Abou Sin avec sa vinaigrette épicée sur le côté est idéal pour les amateurs de cru. La salade de thon mi-cuit est très savoureuse et se marie parfaitement avec sa vinaigrette au gingembre et sésame teriyaki. Les crevettes grillées et les crevettes crues sont aussi des mets de choix, mais leur prix est loin d’être justifié : 200 000 livres libanaises le kilo, alors que d’autres restaurants offrent la même qualité au quart du prix !
Restent quelques plats figurant au menu, bons mais pas encore au point : la chapelure des calamars panés manque d’épices, et la sauce qui l’accompagne doit être revue. Pour l’instant, ce n’est que de la mayonnaise. Le foie gras, par ailleurs délicieux, a besoin d’un accompagnement plus doux, comme des figues ou des poires qui lui ajouteraient un peu de punch. Quant aux Coquilles Saint-Jacques, il faudrait les laisser un peu moins de temps sur le gril pour être juste à point. Enfin, les plats présentés sur leurs réseaux sociaux ne sont pas disponibles, à savoir les plats à base de saumon qui, à notre très grande surprise, ne sont pas au menu.
Tout cela est vite pardonné quand le poisson cuit au four est servi à table. En croûte de sel ou en papillote, son goût est parfait, même si j’aurais personnellement préféré un peu plus de gingembre et / ou d’aneth avec le poisson en papillote pour le relever.
La grande déception fut le sultan ibrahim frit. La friture était mauvaise, et le poisson, qui n’était pas de qualité supérieure, ne méritait certainement de figurer au menu d’un tel restaurant. De plus, son prix était élevé (260 000 LL par kilogramme).
Au dessert, le pain perdu est l’un des meilleurs que nous ayons eu la chance de goûter ces derniers mois. La mousse au chocolat et l’iris sont bons.
Dans l’ensemble, Bistr’eau est un lieu sans prétention. Le personnel est aimable et très accueillant. Elma est en effet un élément-clé qui s’assure en permanence que les clients sont satisfaits. Elle nous a même suggéré un très bon vin, de surcroît très abordable. La sélection de musique devrait être revue par des professionnels pour mieux convenir à l’endroit, et le positionnement des haut-parleurs revu étant donné la structure du lieu tout en arcades. Mêmes remarques pour l’éclairage intérieur.
Même si certains plats peuvent paraître chers, la majorité des plats, servis dans des portions généreuses, méritent les 70 $ facturés. Pour vous faire votre propre idée, il faudrait déjà que vous soyez prêts à conduire jusqu’à Batroun... Mais une fois arrivés, la vue et la cuisine vous feront tout oublier.

*Critique gastronomique
Il agit dans l’ombre, même si sa signature énigmatique lui donne des airs de gentlemen franco-anglais. Cordon Courtine sévit dans les restaurants de la capitale undercover pour y goûter le meilleur, et parfois le pire. Il revient, un samedi sur deux, pour vous donner ses impressions, toujours très objectives, sur tout ce qui fait la (bonne) réputation d’un restaurant, des saveurs aux odeurs, en passant par la décoration et la propreté des lieux. Bon appétit.

FB : www.facebook.com/CordonCourtine/
Insta : cordon.courtine
E-mail : cordoncourtine@gmail.com

DATA
Son : niveau maximum = 80,3 dB, LAeq = 52,3 dB
Qualité de l’air : 89/100 (bon), COV 0.17ppm, humidité 51%, température +22°C
NOTES
Son : 2/5
Décoration : 3/5
Personnel : 4/5
Plats : 4/5
Propreté : 4/5
Avis : très bon
Prix : élevé
EN RÉSUMÉ…
On aime bien : le hommos aux crevettes, les aubergines fumées, la salade de crabe frais, le poisson cru, le poisson en croûte de sel et le poisson en papillote, le pain perdu.

On aime moins : les calamars panés, le sultan ibrahim

Le conseil : allez-y à midi pour profiter pleinement de la vue sur mer et flâner au bord de l’eau pour digérer après un repas copieux ; et surtout, assurez-vous de confirmer le prix du poisson frais avant de le commander afin d’éviter les mauvaises surprises.

Bist’reau, Mina, Batroun



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Son histoire est singulière et mérite qu’on s’y arrête. Jean Farès, ingénieur de métier, décide un jour de tout plaquer et quitte son emploi pour suivre sa passion. Féru de bonne cuisine, chef amateur, cofondateur de Bibayti, il ouvre le restaurant dont il a toujours rêvé en juillet 2017. Situé au bord de l’ancien port de Batroun, un endroit charmant où les pêcheurs amarrent...

commentaires (4)

Le "sultan ibrahim" ca doit être le "rouget-barbet" (Mullus surmuletus) et le "abou sin" c'est peut-être une sorte de "maquereau". Ca serait logique car "au vinaigre parce qu'on ne mange pas le maquereau cru par précaution sanitaire".

Stes David

22 h 00, le 25 mai 2018

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Commentaires (4)

  • Le "sultan ibrahim" ca doit être le "rouget-barbet" (Mullus surmuletus) et le "abou sin" c'est peut-être une sorte de "maquereau". Ca serait logique car "au vinaigre parce qu'on ne mange pas le maquereau cru par précaution sanitaire".

    Stes David

    22 h 00, le 25 mai 2018

  • Hommos aux crevettes,du nouveau pour une cuisine libanaise qui commence à sortir du classique .

    Antoine Sabbagha

    19 h 25, le 25 mai 2018

  • Mmmmm... Alléchantes descriptions

    Wlek Sanferlou

    19 h 11, le 25 mai 2018

  • Je suis curieux ce que c'est "le poisson cru Abou Sin avec sa vinaigrette", ca sonne comme une sorte de 'sashimi' libanaise. En fait "sultan ibrahim" c'est un plat qu'on trouve dans des restaurants libanais, ici en Europe, mais 'Abou Sin' c'est ou bien un nom spécifique pour un plat dans ce restaurant ou bien une spécialité de Batroun ou le style de préparation du poisson, j'imagine.

    Stes David

    18 h 59, le 25 mai 2018

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