Le président du Parlement libanais, Nabih Berry, lors d'une interview avec l'AFP dans sa résidence à Msayleh (Liban-Sud), le 8 mai 2018. Mahmoud ZAYYAT
Le président du Parlement libanais, Nabih Berry, a assuré mardi que les résultats des élections législatives devraient permettre de préserver l'équilibre garantissant la protection du pays par l'Etat libanais et le Hezbollah.
Le scrutin organisé dimanche a été dominé par le Hezbollah et ses alliés, notamment le mouvement Amal que dirige M. Berry. Des résultats qui rendront difficile toute remise en cause de l'arsenal militaire du Hezbollah, soutenu par l'Iran et militairement engagé dans le conflit en Syrie voisine.
"La réalité c'est que ces résultats soutiennent l'équation au Liban que nous appelons l'équation dorée : l'armée, le peuple, la Résistance", a déclaré M. Berry à l'AFP, utilisant le surnom donné au Hezbollah en référence à la lutte contre Israël.
A la tête du Parlement libanais depuis 1992, M. Berry devrait être reconduit à son poste, mais il s'est refusé à tout commentaire à ce sujet. Selon les résultats révélés après le vote de dimanche, son parti politique a remporté 16 sièges sur 128, soit trois de plus que son allié du Hezbollah.
Contrairement aux autres factions libanaises, le Hezbollah n'a pas déposé les armes à la fin de la guerre civile (1975-1990). Son arsenal militaire, qui rivalise avec celui de l'armée nationale, reste un sujet ultra-sensible.
(Lire aussi : Législatives libanaises : la répartition des forces au sein du nouveau Parlement)
Problème israélien
Le parti chiite, ennemi juré d'Israël, assure notamment garder ses armes car l'armée serait trop faible pour résister à une offensive de l'Etat hébreu. Ses détracteurs estiment toutefois que c'est l'existence même du Hezbollah qui serait la raison d'une offensive israélienne au Liban, comme ce fut le cas en 2006.
"Nous sommes dans un pays ayant été occupé par Israël, qui est encore présent sur nos terres", a martelé M. Berry, évoquant les fermes de Chebaa, un territoire montagneux occupé par l'Etat hébreu mais revendiqué par Beyrouth.
Israël "a encore des ambitions concernant nos eaux (territoriales), notre pétrole, notre gaz, nos terres", poursuit-il lors d'un entretien dans sa résidence dans le sud du Liban.
Le Liban est déterminé à lancer des explorations d'hydrocrabures au large de ses côtes, malgré les critiques d'Israël qui revendique certains secteurs.
(Lire aussi : Les législatives au Liban, une "victoire" du Hezbollah contre Israël et Washington, selon l'Iran)
Réformer la loi électorale
Les législatives de dimanche sont les premières depuis 2009. A trois reprises, le Parlement a prorogé son mandat, invoquant des risques sécuritaires et un débordement de la guerre en Syrie.
Le taux de participation n'a toutefois pas dépassé les 49,2%, ce que M. Berry impute à une nouvelle loi électorale. Adoptée en 2017, elle instaure un mode de scrutin proportionnel, et son utilisation pour la première fois dimanche a pu laisser perplexe nombre de votants parmi les quelque 3,7 millions d'électeurs.
"Nous savons, de la France et d'autres pays, que la proportionnalité c'est le meilleur système électoral, mais il ne fonctionne pas dans les petites circonscriptions", a justifié M. Berry. "Tout le Liban a la taille d'une circonscription électorale en Europe", a-t-il lancé.
Le président du Parlement assure qu'il aurait préféré voir une seule circonscription électorale englobant tout le pays. Mais les consultations politiques se sont conclues par l'adoption d'une carte de 15 districts, de différentes tailles, respectant un quota confessionnel.
"Cela nous a éloigné de l'esprit de la proportionnalité, et a fait que l'élément confessionnel a un impact plus important", a estimé M. Berry, jugeant nécessaire de réformer la législation. "Dès l'ouverture de la session législative, une de nos premières missions doit être d'améliorer cette loi électorale, pour satisfaire tous les segments de la société libanaise".
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commentaires (5)
La nouvelle appellation du triptyque, diamanté, doré, argenté ou bronzé, appelez-le ce que vous voulez. Les résultats des législatives ne vous ont pas donne carte blanche. Il y a un président de la République, un chef du Parlement et un chef de Gouvernement qui gouvernent. Revenons à la raison, seule la neutralité prônée par la "Déclaration de Baabda" du 12 juin 2012 signée par TOUTES les composantes politiques du pays, préservera l'Etat et le peuple libanais. Tout ce que tricotent l'Amérique, la Russie, la Turquie, l'Iran, l'Iraq, la Syrie, l'Arabie ou Israel, n'est pas à notre taille et ne nous concerne pas.
Un Libanais
17 h 28, le 09 mai 2018