Des dizaines de partisans du Hezbollah et du mouvement Amal ont paradé lundi en début de soirée dans plusieurs quartiers de Beyrouth, notamment Aïcha Bakkar, Saint-Georges et Achrafieh, afin de célébrer les scores du tandem chiite aux législatives de dimanche. Des bagarres et des coups de feu ont éclaté durant ces rassemblements.
Dans plusieurs vidéos non vérifiées mais diffusées par plusieurs médias libanais, les images montrent des convois de motos avec des partisans du Hezbollah et d'Amal brandissant des drapeaux des deux formations. A Aïcha Bakkar, la parade a dégénéré en vandalisme et coups de feu, sans que le ou les auteurs de ces tirs ne soient identifiés. L'armée libanaise est intervenue afin de rétablir la sécurité et a arrêté plusieurs suspects.
Devant le quartier Saint-Georges, à Aïn Mreissé à Beyrouth, des partisans des formations chiites se sont rassemblés sous la statue de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, érigée sur le lieu de l'attentat qui lui a coûté la vie le 14 février 2005. Plus à l'Est dans la capitale, à Achrafieh, une autre vidéo montre des dizaines de motards, drapeaux du Hezbollah et d'Amal en main, parader en face du supermarché Spinneys.
Le Premier ministre Saad Hariri a demandé aux forces de l'ordre d'intervenir afin de rétablir la sécurité avant que la situation n'échappe à tout contrôle.
L'armée a annoncé vers 22h que les soldats se sont déployés "en masse" dans la capitale et que la situation "est calme". Elle a démenti des informations faisant état d'individus armés filmés dans les rues de Beyrouth.
Le président du Parlement et chef du mouvement Amal, Nabih Berry, a pour sa part condamné ces incidents. "Toute atteinte à la dignité de la capitale et de ses habitants est une atteinte à notre dignité et à celle de tous les Libanais". La formation parlementaire de M. Hariri a elle aussi condamné ces incidents, dans un communiqué publié en soirée.
Un peu plus tôt pourtant, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait appelé au calme, lors d'un discours télévisé retransmis en direct. "Les élections sont terminées, il faut garder son calme, nous devons nous comporter de manière réaliste après la publication des résultats. Les formations politiques doivent s’abstenir de prononcer les discours sectaires qui prévalaient avant le scrutin", a-t-il plaidé. "J’appelle à une nouvelle étape. Il ne faut pas provoquer les perdants. Nous avons des échéances qui nous attendent : un nouveau Parlement, la nomination d’un Premier ministre et la formation d’un nouveau gouvernement. Il faut profiter du temps", a insisté Hassan Nasrallah.
Les incidents de lundi soir coïncident dix ans, jour pour jour, après les affrontements armés du 7 mai 2008 à Beyrouth entre partisans du Hezbollah et ses alliés d'une part, et le Courant du Futur d'autre part.
Les élections législatives de dimanche ont été marquées par un faible taux de participation, 49,2%, alors qu'en 2009 ce taux s'élevait à 54%. Le Hezbollah et Amal ont raflé la quasi-totalité des sièges chiites, alors que le Premier ministre Saad Hariri, chef du Courant du Futur, a annoncé cet après-midi avoir perdu le tiers des sièges de son mouvement. Les formations politiques chrétiennes ont pour leur part connu un rééquilibrage des rapports de force : les Forces libanaises a remporté des sièges supplémentaires par rapport à 2009 et le Courant patriotique libre se maintient.
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Des centaines de motards partisans du Hezbollah et du mouvement Amal ont envahi la place Saint-Georges, à Achrafieh, à Aïcha-Bakkar etc. sur des mobylettes tous échappents truqués afin de terroriser, de provoquer et de narguer tous ceux qui n'ont pas voter pour les deux formations précitées. S'il expriment leurs joies de la même façon qu'à Beyrouth, à Téhéran ou à Damas, ils seraient bastonnés ou emprisonnés. Ils n'ont que le Liban, Etat de liberté d'expression, de démocratie pour se relâcher, alors ils en profitent.
Un Libanais
17 h 56, le 08 mai 2018