Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s’est félicité lundi d’une "grande victoire" au lendemain des élections législatives, les premières depuis 2009, affirmant que la formation chiite avait atteint son objectif, à savoir la "protection politique de la +résistance+" en obtenant un nombre considérable de sièges au Parlement.
"Il s'agit d'une grande victoire morale et politique pour le choix de la résistance", a souligné le leader chiite, lors d’un discours télévisé retransmis en direct, sans préciser le nombre de députés obtenus par sa formation et ses alliés.
"Le scrutin est un très grand exploit national, après neuf ans sans élections en raison des prorogations du mandat des parlementaires, indépendamment des infractions et des critiques concernant la loi électorale. C’est un exploit pour le président Michel Aoun, le gouvernement actuel, toutes les forces politiques et le peuple libanais", a estimé Hassan Nasrallah. Il a appelé à lancer les discussions autour de la formation d'un nouveau gouvernement sans plus perdre du temps.
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Le scrutin a été marqué par un faible taux de participation, 49,2%, alors qu'en 2009 ce taux s'élevait à 54%. Le Hezbollah et le mouvement Amal ont raflé la quasi-totalité des 27 sièges chiites, alors que le Premier ministre Saad Hariri, chef du Courant du Futur, a annoncé cet après-midi avoir perdu le tiers des sièges de son mouvement. Les formations politiques chrétiennes ont pour leur part connu un rééquilibrage des rapports de force, les Forces libanaises ayant remporté des sièges supplémentaires par rapport à 2009.
"Objectif atteint"
"Depuis le début de la campagne électorale, nous avons annoncé que nous avions besoin d’une forte présence au Parlement. Premièrement, pour assurer une protection politique à la +résistance+. Deuxièmement, un bloc parlementaire fort permet de mettre en application un programme électoral, notamment au niveau des questions sociales et économiques", a expliqué Hassan Nasrallah.
"En fonction des résultats préliminaires, nous pensons que l’objectif a été atteint. Le nouveau Parlement va constituer une garantie et une protection de notre choix stratégique et du triptyque en or +armée, peuple, résistance+", s'est-il félicité.
Il a ensuite fait état de tentatives de s'en prendre aux assises populaires du parti chiite. "Il y avait des tentatives d’arracher un siège au Hezbollah dans ses fiefs, notamment à Baalbeck, ou encore au Liban-Sud. D’aucuns faisaient croire que si le Hezbollah perdait un siège chiite à Baalbeck-Hermel, cela reviendrait à une victoire au niveau de la totalité du Parlement (…). Mais cela n’a pas eu lieu. Cela a échoué", a martelé Hassan Nasrallah.
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"Pas de boycott"
"Nous n’avons pas eu affaire à des appels au boycott du scrutin. Et cette loi a accordé à diverses formations une chance d’être représentées, malgré certains reproches que l’on peut faire à la loi. Il ne peut y avoir de retour vers un mode de scrutin majoritaire", a affirmé le chef du Hezbollah.
"D’aucuns disent que cette loi avait pour objectif d’éliminer certains partis. Cela est possible avec la majoritaire, mais avec la proportionnelle, cela est impossible", a-t-il ajouté.
Hassan Nasrallah s'est ensuite félicité de la situation sécuritaire lors du déroulement du scrutin.
"En observant les tensions sécuritaires dans la région et ailleurs dans le monde, nous pouvons dire que la situation chez nous était excellente, sachant que l’Etat a pu organiser le scrutin en une seule journée. C’est un exploit pour l’Etat et les forces de l’ordre, malgré des infractions qui doivent être traitées. Cette expérience a montré que de nombreuses personnalités (politiques) peuvent se déplacer en toute sécurité sur tout le territoire libanais".
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Appel au calme
Le leader chiite a enfin appelé les responsables politiques au calme, après la fin des élections.
"Les élections sont terminées, il faut garder son calme, nous devons nous comporter de manière réaliste après la publication des résultats. Les formations politiques doivent s’abstenir des discours sectaires qui prévalaient avant les élections", a-t-il plaidé. "J’appelle à une nouvelle étape. Il ne faut pas provoquer les perdants. Nous avons des échéances qui nous attendent : un nouveau Parlement, la nomination d’un Premier ministre et la formation d’un nouveau gouvernement. Il faut profiter du temps", a insisté Hassan Nasrallah.
S'adressant implicitement au Premier ministre et chef du Courant du Futur, Saad Hariri, le chef du Hezbollah s'est voulu rassurant : "A tous ceux qui s’inquiètent pour l’identité arabe de Beyrouth, nous voulons les rassurer : Beyrouth restera arabe. Les résultats dans les circonscriptions de Beyrouth I et II vont prouver que Beyrouth appartient à tout le Liban et que tous les Libanais y sont représentés."
"Le peuple libanais a fait ce qu’il avait à faire. Maintenant c’est au tour du Parlement de tenir ses promesses faites durant la campagne", a conclu le numéro un du Hezbollah.
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Le triptyque de plomb = millice illégale-arrogance-allégéance non-libanaise Irène Saïd
Irene Said
18 h 12, le 08 mai 2018