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Liban - Législatives 2018 - Portrait

Chaker Salamé, quand une amitié devient un engagement à vie...

Le candidat Kataëb de Kesrouan-Jbeil revient, non sans nostalgie, sur ses débuts au sein du parti.

Chaker Salamé. Photo tirée du site web des Kataëb

Certaines amitiés peuvent être réduites à de simples relations sociales. D’autres définissent tout un parcours politique. Elles peuvent même se transformer en un engagement à vie.
C’est ainsi que Chaker Salamé, candidat Kataëb à l’un des sièges maronites de la circonscription de Kesrouan-Jbeil, s’est vu influencer par les valeurs et la cause que défendait le parti fondé par Pierre Gemayel en 1936. Il a donc naturellement intégré ses rangs peu après le début de la guerre civile.
Cet engagement dont il est aujourd’hui fier remonte à de lointaines décennies. « Mon père, Élias Salamé, était un grand ami de Pierre Gemayel. Ce dernier était son témoin », raconte le candidat sur un ton nostalgique. À la faveur de cette grande amitié, le père se permettait d’amener son fils aux réunions hebdomadaires du bureau politique Kataëb tenues chaque lundi. « Je me rappelle encore d’un cadeau que m’a offert Gemayel. Il s’agissait d’une médaille décorée de l’emblème des Kataëb. Et je la garde encore soigneusement chez moi », raconte cet amateur de basket-ball, marié à Rita Chartouni et père de deux enfants.

Au fil des années, Chaker Salamé s’est vu de plus en plus convaincu du discours Kataëb. Mais l’incident du « bus de Aïn el-Remmané » qui a déclenché la guerre civile, le 13 avril 1975, a profondément modifié la donne, poussant le candidat d’aujourd’hui, diplômé en laboratoire dentaire et en chimie industrielle de Bruxelles, à contribuer à l’édification d’un Liban meilleur. « Après le 13 avril 1975, j’ai senti que le pays traversait une phase très dangereuse. Un danger contre lequel les Kataëb mettaient en garde, à la lumière, bien entendu, de l’armement croissant des Palestiniens, à l’heure où le parti Kataëb prônait le Liban patrie définitive », raconte M. Salamé qui ajoute : « Alors âgé de 16 ans, je voulais lutter aux côtés des jeunes et écoliers de mon âge. J’ai donc fait mon entrée au parti en 1976. »


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Ami de Bachir Gemayel
Durant cette période, Bachir Gemayel, fils cadet de Pierre Gemayel, faisait son exceptionnelle montée en flèche dans le domaine politique. Tout comme son père, qui avait tissé des liens d’amitié avec le fondateur de la formation, Chaker Salamé fut un grand ami de l’ancien chef d’État assassiné. C’est d’ailleurs avec émotion qu’il relate sa toute première rencontre avec l’ancien président de la République élu : « J’ai rencontré Bachir pour la première fois dans un camp de formation organisé à Mayrouba (Kesrouan) », se souvient-il. À la faveur des liens humains et personnels tissés entre les deux hommes, Bachir Gemayel a offert une bourse universitaire à Chaker Salamé. « Mais il n’a pas manqué de m’imposer deux conditions : rentrer au Liban et poursuivre mon engagement partisan à l’étranger. J’ai donc dirigé la cellule estudiantine Kataëb en Belgique pendant trois ans », dit-il.


Après la disparition de Gemayel, Chaker Salamé préfère se retirer de la scène partisane pour se lancer dans sa carrière médicale. Mais une rencontre avec l’ex-chef des Kataëb Georges Saadé a modifié ses plans. « J’ai succédé à mon frère (décédé d’une crise cardiaque) à la tête du département de la planification au sein des Kataëb, avant d’intégrer le département des élections et de la diaspora, et de présider le district de Kesrouan-Ftouh », raconte M. Salamé.


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Amine et Pierre Gemayel
Au terme de ce parcours partisan, Chaker Salamé voulait donner à son engagement au sein du parti un nouvel élan. Fort de l’appui de l’ancien président Amine Gemayel, il se lance dans la course pour les législatives de 2000, après avoir été élu membre du bureau politique Kataëb. Quand il évoque cette étape de son parcours, le candidat maronite de Kesrouan-Jbeil ne cache pas son émotion en se rappelant l’ancien ministre de l’Industrie Pierre Gemayel, « ce jeune homme dévoué qui a tout abandonné pour défendre le Liban et les Kataëb », comme il le souligne. Aux côtés du jeune ministre – assassiné le 21 novembre 2006 –, M. Salamé lutte dans le cadre du mouvement réformiste Kataëb pour unifier les rangs du parti et mener Pierre Gemayel à sa tête. Sauf que le destin en a voulu autrement. L’assassinat de l’ancien ministre secoue les Kataëb. Mais en dépit de cela, Chaker Salamé poursuit sa lutte aux côtés d’Amine Gemayel au sein du bureau politique.


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Samy Gemayel, une bouffée d’oxygène
Si l’assassinat de Pierre Gemayel est un sérieux coup porté au parti fondé par son grand-père, l’accession de Samy Gemayel (actuel député du Metn) à sa présidence (en 2015) était, pour Chaker Salamé, « une bouffée d’oxygène ». « Après la disparition de Pierre, nous avons perçu en Samy (Gemayel) un nouvel espoir », dit-il avec un sourire de fierté. « Bien qu’il ne l’ait pas connu, l’actuel chef des Kataëb ressemble énormément à son oncle », note M. Salamé qui estime que « Samy Gemayel est un nouveau Bachir ». « Je suis convaincu de la révolution que M. Gemayel initie aujourd’hui, confie-t-il. D’autant qu’il n’est pas un homme de compromis et qu’il est honnête. »
Fort de cet espoir que lui donne Samy Gemayel, le candidat Kataëb veut remporter les législatives pour continuer à lutter aux côtés des bonnes gens. Il mise d’abord sur les choix de ces derniers le 6 mai. Plus que quelques jours d’attente…





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