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Liban - Baabda

Raï met en garde contre la gravité de la situation économique

Le président Aoun avec le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï. Photo ANI

Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a tiré hier la sonnette d’alarme pour appeler les responsables à prendre conscience de la gravité de la situation économique du pays, allant jusqu’à évoquer « une faillite » du pays.

Mgr Raï a tenu ces propos à l’issue d’une visite à Baabda effectuée notamment en vue d’inviter le président de la République, Michel Aoun, à la messe de Pâques, mais qui était surtout axée sur la situation socio-économique.

« Le pays est en faillite, comme me l’a notifié le président », a martelé le patriarche maronite, affirmant qu’« il est nécessaire que toutes les parties mettent un terme à la corruption ». « Ceux qui vont entrer au Parlement doivent savoir qu’ils n’y vont pas en promenade », a-t-il déclaré sur un ton ferme, demandant aux futurs députés d’« assumer la responsabilité d’un pays en danger ». « Nous sommes dans une situation exceptionnelle et nous voulons des gens exceptionnels », a encore insisté Mgr Raï, appelant les candidats à « présenter leurs programmes afin que les électeurs puissent les choisir en conséquence ». Et de souhaiter « la tenue de débats dans les médias, pour que la concurrence soit fondée sur le service du pays ».


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« Les aides sont des dettes »
Le prélat maronite a par ailleurs évoqué « un grand souci que nous portons tous, notamment le président Aoun ». Et d’expliciter : « Il est vrai que le Liban bénéficie d’une bienveillance internationale et que certains pays veulent offrir des aides, mais ces aides constituent des dettes. »

Mgr Raï a ensuite retracé les dossiers socio-économiques qu’il a évoqués avec le chef de l’État, notamment les problèmes de l’électricité et ceux liés à l’éducation. « Nous nous sommes attardés sur la difficulté qu’éprouvent de nombreux parents d’élèves à payer les écolages », a-t-il indiqué sur ce dernier point, affirmant toutefois, en réponse à une question, que « le Conseil des ministres va étudier le dossier et proposer probablement plusieurs solutions ». « Il nous importe que les établissements scolaires perdurent, que les parents puissent fournir à leurs enfants une éducation, et que les enseignants obtiennent leurs droits et ne soient pas licenciés en raison de la fermeture des écoles », a ajouté Mgr Raï, révélant que « de nombreux établissements adressent à Bkerké des lettres dans lesquelles ils expriment leur regret de ne pouvoir ouvrir leurs portes l’an prochain ». Et d’indiquer à cet égard : « J’ai dit au chef de l’État que nous sommes devant une catastrophe sociale. C’est pourquoi nous devons préserver parents, élèves, enseignants et écoles. »

L’Orient-Le Jour a appris d’une source proche de Bkerké que le mot « faillite » a été effectivement prononcé au cours des discussions sur le dossier des écoles. Mgr Raï ayant demandé au président Aoun une contribution du gouvernement pour mettre fin à la crise, ce dernier lui a répondu que l’État « est en faillite et qu’il n’en a pas les moyens ».


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Cette source précise qu’en signalant l’état dangereux du pays, le patriarche a voulu tirer la sonnette d’alarme pour pousser les responsables à se ressaisir et sauver la situation. Ainsi, la balle est dans leur camp : soit ils décideront d’agir parce qu’ils auront pris conscience du danger réel qui plane, soit ils jugeront que ce qu’a exprimé le patriarche n’est pas nouveau et continueront à prendre les choses à la légère.

La même source affirme qu’à Bkerké on entend tous les jours des mots aussi graves que le terme « faillite », puisque de nombreux hommes d’affaires et membres d’organisations économiques, financières et bancaires se rendent très souvent auprès du patriarche pour lui faire part de la grave situation dont pâtit le pays. Selon elle, cette situation n’est plus un secret pour personne, et le patriarche l’a évoquée expressément parce qu’elle reflète la pure réalité.

Du côté de Baabda, on estime, au contraire, que le mot « faillite » n’a pas été prononcé dans son sens précis. Contacté par L’OLJ, un proche du palais présidentiel affirme qu’il « n’a pas été utilisé dans sa signification littérale ou juridique », indiquant que « le chef de l’État a voulu simplement dire que la situation économique est difficile, en souhaitant que toutes les parties collaborent et se solidarisent pour faire face à ce douloureux contexte ».


(Pour mémoire : Le budget 2018, véritable réforme ou rafistolage ?)


Le Conseil libano-saoudien des affaires
Parmi les autres hôtes de Baabda, les membres du Conseil libano-saoudien des affaires, menés par Raëd Abou Zeki, et devant lesquels le président s’est félicité de l’amélioration des relations avec l’Arabie saoudite. « Les relations bilatérales sont redevenues positives et normales », a affirmé Michel Aoun, évoquant « un événement déterminé » (en allusion à la démission du Premier ministre Saad Hariri depuis Riyad) que nous avons dépassé ensemble ». Et d’indiquer enfin que « nous sommes ouverts à toute coopération au niveau économique et du développement ».



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commentaires (2)

C'est normal que le pays soit en faillite vu qu'il est géré par des incompétents et des voleurs depuis des décennies.

Achkar Carlos

12 h 22, le 24 mars 2018

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Commentaires (2)

  • C'est normal que le pays soit en faillite vu qu'il est géré par des incompétents et des voleurs depuis des décennies.

    Achkar Carlos

    12 h 22, le 24 mars 2018

  • les visites tres frequentes du patriarche a baabda semblent pour le moins curieuses !

    Gaby SIOUFI

    11 h 44, le 24 mars 2018

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