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Liban - Conseil des ministres

Le budget 2018, véritable réforme ou rafistolage ?

Le gouvernement veut donner « l’impression » de mener les réajustements financiers urgents recommandés par le FMI.

Le chef de l’État, le Premier ministre et le ministre des Finances ont appelé en chœur à trouver le moyen de réduire les dépenses budgétaires. Photo Dalati et Nohra

La hâte qu’a paru mettre hier le Conseil des ministres à parachever le budget 2018 a pour motif immédiat l’impératif pour l’exécutif, sur instruction du Fonds monétaire international, d’opérer des « réajustements financiers urgents », s’il souhaite profiter des aides internationales et surtout éviter un effondrement monétaire. « Il nous faut mener des réformes à même de donner aux institutions internationales une impression de sérieux de notre part », selon les termes du ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, qui s’exprimait à Baabda après le Conseil des ministres consacré au budget. Il faisait ainsi référence au rapport alarmiste publié par le FMI le 12 février dernier. Ce rapport a mis en garde contre une augmentation dangereuse de la dette publique et le risque que le pays ne puisse plus maintenir l’arrimage de la livre au dollar. Il a appelé le Liban à adopter un « budget crédible » en proposant, par exemple, l’augmentation de la TVA et la suppression progressive des transferts à Électricité du Liban (EDL). 

Pour l’économiste Sami Nader, interrogé par L’Orient-Le Jour, le fait que le rapport ait été publié (cette publication nécessitant l’autorisation préalable de la Banque du Liban) prouverait que « le risque d’une instabilité monétaire est bien réel ». 

L’autre message que renverrait ce rapport est qu’il ne faudrait pas être trop ambitieux à la perspective de Paris IV si des réformes budgétaires sérieuses ne sont pas entreprises. Le déficit budgétaire de 10 % (soit plus de 8 000 milliards de livres libanaises) n’étant « pas viable pour le pays », le seul moyen dont dispose actuellement l’État pour le réduire serait de « réduire ses dépenses ». 


(Lire aussi :  Aoun réclame que les ministères réduisent leurs dépenses sans tarder)


C’est sur cet objectif que se sont focalisés hier le président de la République Michel Aoun, le Premier ministre Saad Hariri et le ministre des Finances Ali Hassan Khalil. Ils ont mis en avant certaines solutions envisagées à cette fin : « La circulaire diffusée aux ministères de réduire leurs dépenses de 20 % doit être respectée », a souligné M. Hariri, relayé dans ce sens par M. Khalil. Ce dernier a toutefois écarté l’option d’une hausse supplémentaire des taxes ou impôts – en vertu de la promesse faite par l’exécutif au Parlement au moment de l’approbation du budget 2017. Un point central des réformes escomptées reste en revanche l’électricité. Le chef de l’État – qui avait tenté un forcing en faveur des navires-centrales lors du dernier Conseil des ministres – a appelé hier encore une fois à « adopter la solution proposée par le ministère de l’Énergie, si l’on veut que la situation change ». Dans une allusion à peine voilée au député Samy Gemayel, qui tenait au même moment une conférence de presse pour mettre en garde contre « le marché » des navires-centrales, M. Aoun a dit : « À chaque fois que nous proposons une solution pour l’électricité, des voix s’élèvent pour crier au scandale. Qu’ils nous disent où se trouve le scandale pour qu’on y mette fin, parce que l’important est de fournir l’électricité aux gens. » 

En réalité, M. Gemayel défend le même avis que celui d’économistes, mais aussi de ministres actuels, qui veut que la privatisation, sinon le recours au partenariat public-privé, soit la seule solution à même de mettre fin aux pertes annuelles qu’EDL fait subir à l’État. 


(Lire aussi : Le Liban plus fragile depuis la crise de novembre, selon le FMI)


Mise en garde de Bassil 

Dans un communiqué publié hier, le bloc du Changement et de la Réforme a paru tempérer sa position. Précisant sa position sur le budget, il a préconisé cinq réformes, défendues par le ministre Gebran Bassil. La première consiste à trouver une « solution au problème de l’électricité », sans forcément passer par les navires-centrales. « Nous ne réclamons rien », a-t-il précisé, en reprochant toutefois à une partie tierce de bloquer le plan de redressement du secteur de l’électricité tel que mis au point par le ministère de l’Énergie. Le bloc aouniste a appuyé en outre une baisse de 20 % des dépenses des ministères, et préconisé de limiter les aides versées par le ministère des Affaires sociales aux associations, en filtrant les associations fictives. Une autre proposition consiste à adopter les réformes qui avaient été convenues avec la grille des salaires. La cinquième proposition est (étrangement) à l’opposé de ce que recommande le FMI : plutôt qu’une hausse des intérêts bancaires, le bloc aouniste en a préconisé une baisse. 

Alors que le gouvernement a décidé hier, à l’initiative du Premier ministre, de former une commission de neuf ministres, présidée par M. Hariri, qui doit au plus vite faire le tri des réformes budgétaires proposées, le communiqué du bloc aouniste a prévenu que Gebran Bassil s’abstiendra d’y prendre part « sans un accord préalable sur ces cinq points ».

C’est dire que « l’urgence » des réformes budgétaires pourrait être occultée par les tiraillements politiques. D’ailleurs, les économistes ne s’attendent de l’exécutif qu’à « des retouches » censées améliorer l’image du pays aux yeux des donateurs, comme l’a laissé entendre d’ailleurs Ali Hassan Khalil. Il n’est pas sûr enfin si les projets d’investissement que Paris IV devrait mettre sur pied trouvent le financement escompté. « Cette conférence serait plus un appui moral à Saad Hariri que financier », selon une source informée des préparatifs de cet événement. 

D’ailleurs, le Conseil des ministres a paru plus prompt hier à annoncer des projets à caractère électoraliste, comme celui de réduire le taux d’intérêt des prêts immobiliers, qui ne sont plus subventionnés par la Banque de l’habitat (selon Michel Aoun), ou encore d’indemniser les régions sinistrées par les dernières intempéries, comme le Hermel et le Akkar (comme l’a souhaité Saad Hariri).




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commentaires (3)

comme l'ecrivent indirectement certains, Charite bien Ordonnee Commence par soi-meme n'est ce pas ! alors OUI, baisser le nombre de ministres , celui des deputes de meme, evaluer la valeur et utilite du ministere de l'Info et ses propres services mediatiques, qui DOIT aboutir a son annulation, annuler et/ou baisser le nombre du personnel securitaire attache aux ministres, ex ministres, deputes etc...... , mettre un terme a ces multiples voyages inutiles d'officiels accompagnes de leur famille, - suis sur d'autres idees pourraient etre encore soumises ...

Gaby SIOUFI

11 h 30, le 20 février 2018

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Commentaires (3)

  • comme l'ecrivent indirectement certains, Charite bien Ordonnee Commence par soi-meme n'est ce pas ! alors OUI, baisser le nombre de ministres , celui des deputes de meme, evaluer la valeur et utilite du ministere de l'Info et ses propres services mediatiques, qui DOIT aboutir a son annulation, annuler et/ou baisser le nombre du personnel securitaire attache aux ministres, ex ministres, deputes etc...... , mettre un terme a ces multiples voyages inutiles d'officiels accompagnes de leur famille, - suis sur d'autres idees pourraient etre encore soumises ...

    Gaby SIOUFI

    11 h 30, le 20 février 2018

  • 1)"...Il faut mener des réformes à même de donner aux institutions internationales une impression de sérieux de notre part..." UNE IMPRESSION seulement ? 2)"...la circulaire diffusée aux ministères de reduire de 20% leurs dépenses doit être respectée..." Commencez par réduire le nombre de ministres 30 ! Combien parmi eux ont effectivement du travail dans des "ministères" crées uniquement pour satisfaire aux quotas religieux, communautaires etc. ? 3)"...parce que l'important est de fournir de l'électricité aux gens..." A n'importe quel prix, Monsieur Michel Aoun ? Le pays que vous dirigez, est-il incapable de construire des centrales électriques ? Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 41, le 20 février 2018

  • LES NAVIRES CENTRALES LE PLUS GROS SCANDALE DU PASSAGE DU GENDRE AU MUNISTERE DE L,ENERGIE. IL Y EUT PARAIT-IL DES OFFRES D,ACHAT DE NAVIRE A MOINDRE PRIX QUE LA LOCATION COMME IL Y EUT DES OFFRES PARAIT-IL D,UNITES MOBILES PRETES A LA LIVRAISON A DES PRIX DERISOIRES COMPARES A LA LOCATION DES NAVIRES TURCS ... LE SEUL REMEDE REEL C,EST LA PRIVATISATION DE L,EDL L,ETAT SE LIBERANT ET ECONOMISANT 3 MILLIARDS DE DOLLARS PAR AN. CE SERA LA MEILLEURE NOUVELLE POUR LE FMI ET POUR PARIS IV. QUAND A LA DIMINUTION DES DEPENSES ETATIQUES IL NE FAUT PAS FORMULER UN SOUHAIT IL FAUT IMPOSER A CHAQUE MINISTERE SON BUDGET POUR L,ANNE. UNE AUTRE BONNE NOUVELLE POUR LE FMI ET POUR PARIS IV. LES ATERMOIEMENTS ET LES RAFISTOLAGES POUSSENT LE BATEAU A SA PERTE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 51, le 20 février 2018

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