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Liban - Législatives 2018 - Alliances électorales

Joumblatt à « L’OLJ » : Le régime syrien risque d’être « réhabilité par personnes interposées »

Les listes PSP-Futur-FL seront annoncées samedi.

Akram Chehayeb a été reçu hier à Meerab par Samir Geagea. Photo Aldo Ayoub

Les choix électoraux du courant du Futur obéissent à une volonté, d’ailleurs assumée, de ménager le Courant patriotique libre (CPL) dans le but de « l’inciter à se recentrer », selon les milieux du courant haririen. Mais cette proximité frôle la capitulation face aux desiderata du CPL et, par extrapolation, du Hezbollah.

Même si l’alliance Futur-CPL n’est pas toujours formellement scellée, elle prend des formes détournées. Dans le Koura par exemple (caza de la circonscription du Nord III), le Futur pourrait très probablement soutenir tacitement le ministre Gebran Bassil, même s’il dit avoir opté pour une équidistance à l’égard des candidats aux sièges maronites dans les quatre cazas, révèle une source qui a requis l’anonymat. Ailleurs, cette alliance se voit maquillée par une rupture CPL-Futur, de sorte à favoriser des candidats du CPL que le courant du Futur n’a pas les moyens d’imposer sans heurter une grande partie de sa base. C’est le cas notamment dans la Békaa-Ouest-Rachaya : personne ne saurait dire, même dans les milieux du courant du Futur, pourquoi celui-ci a opté pour la candidature de Ghassan Skaff (médecin exerçant à Beyrouth mais quasi absent de sa région), plutôt que celle du député sortant Antoine Saad, membre du bloc joumblattiste, face à la candidature d’Élie Ferzli, ancien vice-président de la Chambre, soutenu par le chef de l’État (et par Damas et le Hezbollah) sur la liste rivale. Le courant du Futur avait négocié dans un premier temps avec le CPL la candidature de M. Ferzli, qu’il a toutefois fini par écarter, non sans rappeler d’ailleurs son allégeance au régime syrien dont il représente une ère en principe révolue. Mais son inimitié affichée à l’égard d’Élie Ferzli s’est arrêtée là, puisqu’il n’a pas retenu sur sa liste un candidat à même de faire contrepoids à l’ancien vice-président du Parlement. Il a ainsi renoncé à la candidature d’Antoine Saad, reconnu pour ses services dans la région, où il serait le seul à pouvoir faire obstacle à Élie Ferzli. Il lui a préféré un candidat sans envergure populaire, en privant par ailleurs le Parti socialiste progressiste du choix du candidat à ce siège. 

Cela sans compter, en outre, que le candidat maronite des Forces libanaises, Élie Lahoud, a été écarté de la liste, jusqu’à nouvel ordre, au profit du candidat du courant du Futur, Henri Chédid, en dépit de la volonté du PSP de rallier les FL à la liste, dans le prolongement de l’alliance tripartite conclue dans le Chouf-Aley. L’alliance PSP-FL a une nouvelle fois été « confirmée » hier par la visite d’Akram Chehayeb à Meerab, indique une source proche de la réunion.


(Lire aussi : Békaa-Ouest-Rachaya : le courant du Futur se met à dos le PSP)


Des législatives « beaucoup plus difficiles qu’en 2000 » 

À L’Orient-Le Jour, le chef du PSP, le député Walid Joumblatt, révèle que les listes, qu’il qualifie de « tricéphales », du courant du Futur-FL-PSP, avec des indépendants, seront annoncées « samedi prochain, pour les circonscriptions de Aley-Chouf, le Metn-Sud, la capitale (Beyrouth II, NDLR) et la Békaa-Ouest-Rachaya, avec toutefois un point d’interrogation au niveau de cette circonscription ». Même si les négociations se poursuivent avec le courant du Futur pour lever les entraves liées notamment au siège grec-orthodoxe, le résultat en est pour l’instant incertain. Ce qui fait dire d’ailleurs à M. Joumblatt que « les circonstances aujourd’hui sont beaucoup plus difficiles qu’elles ne l’étaient en 2000 ». « On avait alors gagné les législatives, malgré la présence syrienne et les menaces de Ghazi Kanaan (ex-chef des SR syriens au Liban) et de ses acolytes libanais. Les conjonctures actuelles peuvent (en revanche) indirectement réhabiliter le régime syrien par personnes interposées », dit-il. 

L’exemple de Baalbeck-Hermel peut lui aussi illustrer la manière dont l’amitié Futur-CPL s’élargit pour inclure le Hezbollah. Dans ce fief du parti chiite, où la proportionnelle devrait permettre une ou deux percées sur la liste du parti chiite, le courant haririen n’a pas fait le choix d’une liste à même de fédérer la voix des chiites, sunnites et chrétiens hostiles à la mainmise du Hezbollah. Il était en passe d’ailleurs de rompre son alliance avec les FL, pour qui la bataille à Baalbeck-Hermel, focalisée sur la victoire nécessaire de leur candidat au siège maronite, Antoine Habchi, résume la symbolique du combat souverainiste contre le Hezbollah. La rencontre hier entre les ministres Melhem Riachi (FL) et Ghattas Khoury (Futur) a laissé entrevoir une éclaircie dans les rapports entre les deux partis au niveau de Baalbeck-Hermel et du Akkar, sans qu’il n’y ait de confirmation officielle à ce stade. 

Des sources présentes sur le terrain de Baalbeck confient que cette alliance a été scellée. La liste en question compterait cinq candidats chiites (Yehia Chamas, Ghaleb Yaghi, ainsi que des représentants des familles Sleiman, Hamiyé et Tlaiss), la candidature au sixième siège chiite étant laissée pour l’instant ouverte ; deux candidats sunnites choisis par le courant du Futur, qui sont Hussein Solh et Bakr Hojeiri (de Ersal, sans toutefois être hostile au Hezbollah, pressenti pour percer la liste du parti chiite, avec l’accord tacite de ce dernier) ; et les deux candidats des FL (Antoine Habchi au siège maronite et Salim Kallas au siège grec-orthodoxe). Mais cette liste est critiquée pour avoir réuni des chiites pas suffisamment probants auprès de leur base, sinon peu enclins à mener une bataille de plein front contre le Hezbollah, si l’on exclut Ghaleb Yaghi. En somme, le choix des candidats chiites prouverait que cette liste est à deux vitesses, celle des FL d’une part et du Futur de l’autre. 

Pour ce qui est du Akkar, fief du courant haririen, celui-ci a fait le choix d’optimiser ses gains, de sorte à prévenir les pertes, qu’il sait inévitables, de plusieurs de ses sièges actuels. Sa liste inclut ses propres candidats à tous les sièges, excepté l’un des deux sièges grecs-orthodoxes. Il n’aurait toujours pas décidé s’il opterait pour la candidature du responsable FL Wehbé Katicha. Ce dernier s’est abstenu de tout commentaire à L’OLJ. Les négociations se poursuivent en tout cas entre les FL et le Futur, ce dernier devant revoir son offre en prenant en compte les remarques qui lui avaient été soumises par Meerab, concluent des sources proches du dossier.


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Les choix électoraux du courant du Futur obéissent à une volonté, d’ailleurs assumée, de ménager le Courant patriotique libre (CPL) dans le but de « l’inciter à se recentrer », selon les milieux du courant haririen. Mais cette proximité frôle la capitulation face aux desiderata du CPL et, par extrapolation, du Hezbollah.Même si l’alliance Futur-CPL n’est pas toujours...
commentaires (5)

...""réhabilité par personnes interposées"" Le virus de la collaboration, et de l’opportunisme fait encore des ravages. La ""personne interposée"" n’est pas celle à qui on pense… Les recherches prouveront un jour, j’en suis sûr, qu’en politique, certains environnements provoquent de perturbations endocriniennes….

L'ARCHIPEL LIBANAIS

14 h 54, le 20 mars 2018

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Commentaires (5)

  • ...""réhabilité par personnes interposées"" Le virus de la collaboration, et de l’opportunisme fait encore des ravages. La ""personne interposée"" n’est pas celle à qui on pense… Les recherches prouveront un jour, j’en suis sûr, qu’en politique, certains environnements provoquent de perturbations endocriniennes….

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    14 h 54, le 20 mars 2018

  • Le parti de Aoun/Bassil est sous la coupe du Hezb. Il ne peut pas bouger sans le feu vert des barbus! Quant a Hariri, lui aussi a sa marge de manoeuvre bien limitee!

    IMB a SPO

    13 h 14, le 20 mars 2018

  • Croire au renouveau dans la mentalité politique c' est difficile avec ces rites et confessions ou les chefs des partis mènent bien le Jeu .

    Antoine Sabbagha

    13 h 04, le 20 mars 2018

  • LE VALET DU MAITRE EST MAITRE DANS SA REGION !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 28, le 20 mars 2018

  • Réhabilité. Un beau mot qui sous entend qu'une faute commise sera réparée. En Droit on parle de réhabilitation dans son droit, d'un condamné à tort . Merci joumgirouette.

    FRIK-A-FRAK

    09 h 13, le 20 mars 2018

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