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Politique - Crise migratoire

Le HCR de plus en plus sous le feu des critiques

Le chef des Forces libanaises accuse le chef du bureau du HCR au Liban de violer la souveraineté libanaise en remettant en question les mesures prises contre les clandestins de nationalité syrienne.

Le HCR de plus en plus sous le feu des critiques

Un agent de la Sûreté générale libanaise contrôle un camion transportant des réfugiés syriens qui tentent de traverser la frontière pour rentrer en Syrie, le 14 mai 2024. Photo AFP

Le dossier des migrants et réfugiés syriens continue de faire des remous. Au cours du week-end, un tollé a été suscité par l’envoi d’une missive d’Ivo Freijsen, chef du bureau du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) au Liban, au ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui. Dans son courrier, le diplomate onusien manifeste son opposition à une série de « mesures inhumaines » décidées par les autorités pour sévir contre les Syriens vivant clandestinement au Liban. Le HCR s'est également opposé au rôle joué par les municipalités dans la mise en œuvre des décisions du ministère de l'Intérieur visant à vérifier les papiers des Syriens vivant dans des habitations situées dans les territoires dépendant de chaque municipalité et à fermer les commerces et entreprises tenus par des réfugiés syriens en situation irrégulière.

Dans un contexte de plus en plus passionnel sur ce dossier et marqué parfois de xénophobie, cette lettre défendant les Syriens présents au Liban ne pouvait que provoquer des réactions musclées. À commencer par celle du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, qui a tiré dimanche à boulets rouges contre M. Freijsen.

Le leader chrétien a ainsi demandé à Bassam Maoulaoui de prendre toutes les mesures légales nécessaires contre le chef du bureau du HCR au Liban. M. Geagea a accusé le responsable onusien de violer la souveraineté libanaise et de s'ingérer dans la mise en œuvre des lois du pays, en tentant d'entraver les mesures prises par les autorités. « Il est profondément regrettable de constater à quel point la légitimité libanaise a été compromise, au point que le chef du bureau du HCR au Liban se soit permis d'envoyer une lettre au ministre de l'Intérieur (…) pour demander l'arrêt de ce qu'il qualifie de pratiques inhumaines et de revenir sur les mesures prises à l'encontre des réfugiés syriens en situation irrégulière », s’est emporté Samir Geagea. « C'est comme s'il était lui-même devenu l'hôte et que nous étions ses invités », a-t-il ironisé.

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Le memorandum de 2003

« Nous n'accepterons pas les actions du chef du HCR. Cette terre est la nôtre, ce pays est le nôtre, et la souveraineté appartient au peuple et à l'État libanais », a-t-il poursuivi, ajoutant qu’Ivo Freijsen ne pouvait pas « justifier ses actions par des considérations humanitaires » car « aucun peuple au monde autant que les Libanais n'a fait preuve de plus d'empathie envers les réfugiés ». Il a estimé que le responsable onusien ne peut pas non plus invoquer le droit international pour justifier son initiative « car le protocole d'accord signé entre le Liban et l'ONU en 2003 est clair et sans ambiguïté ». Cette année-là, le HCR et le gouvernement libanais avaient signé un protocole d'accord stipulant que les réfugiés et les demandeurs d'asile seront tolérés mais seulement pour une période limitée, dans l'attente d'une réinstallation ou d'un rapatriement volontaire.

« Si le chef du HCR est vraiment préoccupé par les conditions des réfugiés illégaux au Liban, il devrait organiser leur transfert vers son propre pays et y déployer ses efforts humanitaires pendant les treize prochaines années, tout comme les Libanais l'ont fait au cours des treize années précédentes » a encore lancé le chef des FL.

« J'exige sans équivoque que le ministre de l'Intérieur prenne toutes les mesures juridiques possibles contre le chef du bureau du HCR au Liban », a insisté Samir Geagea. « Il a outrepassé ses limites légales dans tous les domaines, que ce soit en distribuant des cartes de réfugiés aux Syriens au Liban, en violation du mémorandum de 2003, en traitant les migrants illégaux comme des réfugiés et en leur distribuant de l'aide, ou en ignorant la limite d'un an stipulée dans le mémorandum, qui nécessite leur départ plutôt que leur maintien sur le territoire », a-t-il enchaîné. Il demande en outre à Bassam Maoulaoui de « prendre toutes les mesures légales nécessaires contre le chef du HCR, pour avoir violé la souveraineté libanaise et s'être ingéré dans l'application des lois sur le sol national, en tentant d'entraver les mesures mises en œuvre par les organismes officiels ».

Faire pression sur Bachar el-Assad

Pour sa part, le député des Forces libanaises George Okaïs a souligné « l'importance de faire preuve de fermeté concernant la présence syrienne au Liban et de l'aborder sous l'angle de la souveraineté nationale, où nous ne craignons personne et ne succombons pas aux menaces de quelque partie que ce soit ». Dans une intervention sur la station radio Voix du Liban, M. Okaïs a affirmé : « La décision d'expulsion ne peut être contestée par l'Occident, qui ne s'ingère pas dans les affaires intérieures libanaises ». S'adressant ensuite aux Européens, il a poursuivi : « Aidez-nous à faire pression sur le président syrien Bachar el-Assad pour qu'il organise le retour de son peuple dans les zones sûres de Syrie. »

La question des réfugiés syriens a repris de l'importance dans la politique intérieure libanaise après que l'Union européenne a annoncé début mai un programme d'aide d'un milliard d'euros pour le Liban, afin de lutter contre l'immigration illégale en direction de l'Europe. Certains ont qualifié cette aide de « pot-de-vin » dans l'objectif de maintenir les réfugiés syriens au Liban.

L'annonce de l'UE a été faite dans un contexte marqué par un regain d’hostilité d'une partie de la population vis-à-vis des migrants et réfugiés syriens au Liban, après notamment l’assassinat courant avril d’un cadre politique des FL, Pascal Sleiman, par un gang composé de ressortissants syriens. Depuis, les autorités libanaises ont lancé une série de mesures encadrant la présence des Syriens dans le pays ou ouvrant la possibilité d’expulser les migrants illégaux.

Le Premier ministre sortant Nagib Mikati a pour sa part décidé de ne pas se rendre à la conférence consacrée au dossier des réfugiés le 27 mai à Bruxelles. Tandis que le Parlement libanais a abordé le sujet lors d’un débat général organisé dans la semaine sans déboucher sur quoi que ce soit de substantiel.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2011, le Liban a accueilli environ 1,5 million de Syriens, soit le nombre le plus élevé de réfugiés par habitant au monde. Quelque 839.000 d'entre eux sont enregistrés auprès du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), mais le nombre exact de Syriens au Liban n'est pas connu, le gouvernement libanais ayant demandé au HCR de ne plus en enregistrer en 2015. 

Le dossier des migrants et réfugiés syriens continue de faire des remous. Au cours du week-end, un tollé a été suscité par l’envoi d’une missive d’Ivo Freijsen, chef du bureau du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) au Liban, au ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui. Dans son courrier, le diplomate onusien manifeste son opposition à une série...
commentaires (8)

Dans le monde du « n’importe qui devient expert en droit international », le « n’importe quoi devient roi », et force est de constater que votre journal s’invite à ce bal nauséabond de chasse aux sorcières ! Vivent les bananes !!!

Ayoub Elie

15 h 31, le 20 mai 2024

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Commentaires (8)

  • Dans le monde du « n’importe qui devient expert en droit international », le « n’importe quoi devient roi », et force est de constater que votre journal s’invite à ce bal nauséabond de chasse aux sorcières ! Vivent les bananes !!!

    Ayoub Elie

    15 h 31, le 20 mai 2024

  • UNHCR, ces CLICS, toutes ces ONG : des salades coloniales, néo- coloniales aux 10 épices ( des MALHONNETES )…que ces messieurs dames se lavent les dents et gargarisent la bouche et la langue pour se débarrasser des bactéries et débris coloniales. Notre réponse POLIE peut être exprimer de cette façon « En vous priant de ne pas négliger les devoirs qui sont les vôtres, veuillez agréer l'expression de nos impatientes salutations. »

    aliosha

    12 h 00, le 20 mai 2024

  • Je vois qu'un public "woke" est de sortie dans vos colonnes, Soit ! Il.elle.s. (pour ecrire comme eux) commencent par attaquer la personne, non ses propos ou ses idées. Puis, passant du particulier au general, il.elle.s jettent l'opprobre en utiliant les adjectifs usés de "xenophobe", "raciste" et surtout "illegal" avec visiblement peu ou pas de contexte juridique, drappé.e.s dans les loques de leur vertu wokiste et de leur haine doucereuse. regardez le Liban au lieu de votre nombril !

    Lebinlon

    11 h 10, le 20 mai 2024

  • Décevante colonne de l'Orient Le Jour qui donne la part belle à un chef de guerre sanguinaire. Des propos tels que 'parfois de xenophobie' ne reflète pas le caractère profondement xenophobe de cette chasse aux sorcières. Les mesures prises par les municipalités libanaises (tel que couvre-feu, etc.) sont illégales et n'ont pas fait l'objet de poursuites, de même que les tracts distribués, etc. Je regrette de le dire mais ces derniers mois, l'Orient Le Jour revient de plus en plus à ses positions originelles de défendeur d'une certaine vision profondement conservatrice du Liban

    Marie-Nour Hechaime

    08 h 52, le 20 mai 2024

  • Faudra que les partis en question portent plainte directement au tribunal pour ingérences contre ce monsieur qui se prend pour un donneur de leçons vis à vis M MAOULAWI. D’ailleurs ce dernier ,magistrat de formation n’a t il pas un amour propre à défendre ??? Se laisse t il faire et laisse faire traiter les libanais comme s’ils n’étaient qu’un paillasson ? M MAOULAOUI, vous allez faire quelque chose?? !!!!!

    LE FRANCOPHONE

    02 h 21, le 20 mai 2024

  • Lorsque le gouvernement s’absente, il faudrait quelqu’un qui prenne la place Soutien à cette déclaration

    William SEMAAN

    23 h 24, le 19 mai 2024

  • M. Ivo Freijsen defend les intérêts de son beau pays, la Hollande, en ‘fixant’ les déplacés au Liban. Il en sera bien remercié, on le lui espère, par le chef de la nouvelle coalition anti-emigration hollandaise, Geert Wilders. Et en ce qui concerne le style de M. Freijsen, il a fait sa carrière a Khartoum, a Kigali, a Asmara et a Tirana… Il prend les libanais pour des serpillières.

    Mago1

    22 h 58, le 19 mai 2024

  • Ces mesures légales contre le chef du bureau du (HCR) au Liban, se résumeront à une protestation en bonne et due forme et qui demeurera comme lettre morte, peut être faudrait il des actions décisives et radicales sur les causes profondes de ce problème. Devrons nous attendre le prochain drame?

    C…

    19 h 43, le 19 mai 2024

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