Rechercher
Rechercher

Politique - Présidentielle

Mis au pied du mur, Berry tente de relancer son initiative

Malgré le communiqué musclé du Quintette, le président de la Chambre conditionne toujours la tenue du scrutin à la participation de l’opposition à un dialogue élargi.

Mis au pied du mur, Berry tente de relancer son initiative

Le président de la Chambre, Nabih Berry, à Aïn el-Tiné, le 5 mars 2024. Photo Mohammad Yassine/L'Orient-Le Jour

Nabih Berry est sorti dimanche de son silence. Le président de la Chambre a choisi le quotidien saoudien al-Charq al-Awsat pour réagir au communiqué publié jeudi par les ambassadeurs à Beyrouth des pays membres du Quintette impliqué dans le dossier libanais (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte, Qatar). Si ce texte, plus musclé que d’habitude, a exclu le dialogue élargi tel que voulu par le chef du législatif, évoquant plutôt expressément des « consultations limitées », M. Berry ne s'est pas déclaré vaincu pour autant. Il a donc usé, une nouvelle fois, de ce qu’il appelle sa « propre jurisprudence » pour interpréter la position du groupe des Cinq comme bon lui semble. Loin de se sentir visé par le texte, le chef du législatif veut faire croire que le quintette est aligné sur son discours, axé sur « le dialogue et les concertations ». Il s'est donc, de nouveau, dit prêt à tenir des séances électorales avec des tours de votes successifs « s’ils (les protagonistes de l’opposition) acceptent de participer au dialogue ». M. Berry en revient donc à son initiative proposée en août 2023 et prévoyant une semaine de dialogue suivie de « séances ouvertes » avec des tours de votes successifs.

Par ses propos, Nabih Berry pense pouvoir faire d’une pierre deux coups : d’abord, maintenir l'idée d’un dialogue élargi sur la table. Ensuite, et surtout, se dédouaner (avec le Hezbollah) des accusations de blocage de l’échéance, et renvoyer la balle dans le camp de l’opposition. D’autant plus à l'heure où le Quintette hausse le ton face aux responsables de la paralysie du dossier. Car, Nabih Berry le sait bien, la position de ses détracteurs n’a pas bougé d’un iota : non au dialogue élargi, oui aux concertations limitées dans la durée et en termes de portée voulues par les Cinq.   

« Le Quintette a adopté notre approche axée sur mon appel lancé depuis plus d’un an au dialogue et aux concertations sans conditions préalables dans l’espoir de sortir la présidentielle du cercle vicieux », a affirmé le président de la Chambre au quotidien saoudien, insistant sur « l’importance de tenir des séances successives, à raison de quatre ou cinq tours de vote chacune ». Selon lui, une réunion pourrait être convoquée toutes les 24 heures, jusqu’à ce que le Parlement puisse élire un président. Mais ce n’est pas tout, puisque le président de la Chambre continue de conditionner la convocation de telles séances à la tenue d’un dialogue élargi, comme pour s’affirmer l’élément moteur de tout déblocage. « La question la plus importante est la suivante : veulent-ils (les protagonistes de l’opposition) le dialogue ou la concertation ? » a lancé M. Berry.

Lire aussi

Le quintette passe aux choses concrètes : une feuille de route et un délai

Raï pour un président « capable de négocier »

En face, les anti-Hezbollah campent sur leur position : le futur chef de l’État devrait être élu conformément aux mécanismes constitutionnels et non de pratiques allant à l’encontre de la Loi fondamentale. « Nous n’acceptons pas que des précédents soient consacrés pour la tenue de la présidentielle », déclare à L’Orient-Le Jour Charles Jabbour, porte-parole des Forces libanaises. « La table de dialogue est une pratique non constitutionnelle. Et si certains veulent en consacrer la tenue avant chaque élection de ce type, il faudrait faire de même avant l’élection du président de la Chambre et la nomination d’un Premier ministre désigné (pour la formation du gouvernement) », dit-il. « Nous sommes en revanche pour les concertations évoquées dans le communiqué du Quintette », dit-il. « D’autant que ce sont justement des concertations limitées dans le temps et la portée qui ont permis à la Chambre de proroger le mandat du chef de l’armée, Joseph Aoun (le 15 décembre 2023), et d’émettre une recommandation au sujet des migrants et réfugiés syriens », rappelle-t-il. Idem pour le bloc du Renouveau (Michel Moawad, Adib Abdel Massih, Achraf Rifi et Fouad Makhzoumi). « Nabih Berry tente de nous mettre au pied du mur. Mais il ne nous entraînera pas à son jeu. Notre position est claire : non au dialogue, oui à la concertation telle que définie par le groupe des Cinq », lance Achraf Rifi. Quant aux Kataëb, ce sont surtout les non-dits de M. Berry qui les interpellent. « Le président de la Chambre ne s’est pas clairement engagé à convoquer des séances ouvertes quels que soient les résultats du dialogue. Quand il le fera, son offre pourra être alors discutée », dit à L’OLJ une source haut placée au sein du parti, laissant entrevoir une brèche. 

Pour mémoire

La nouvelle initiative de Berry : une semaine de dialogue et des séances électorales ouvertes et successives

Mais l’éclaircie n’est pas pour demain malgré les appels du Quintette à l’élection urgente d’un président, dans le cadre d'un délai se terminant à la fin du mois, « pour garantir que le Liban ait une place à la table des discussions régionales et pour conclure un futur accord diplomatique à propos de la frontière sud du Liban ».

Ce point a été évoqué dans l’homélie dominicale du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, qui en a profité pour décocher des flèches en direction du camp du Hezbollah accusé de bloquer la présidentielle mais aussi et surtout de lier celle-ci à la guerre en cours à Gaza, contrairement à ce que réclame le Quintette. « Il est nécessaire qu’il y ait un président pour qu’il prenne part aux négociations (pour une solution régionale) », a-t-il souligné, affirmant que « rien ne justifie la non-élection du chef de l’État ».

Nabih Berry est sorti dimanche de son silence. Le président de la Chambre a choisi le quotidien saoudien al-Charq al-Awsat pour réagir au communiqué publié jeudi par les ambassadeurs à Beyrouth des pays membres du Quintette impliqué dans le dossier libanais (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte, Qatar). Si ce texte, plus musclé que d’habitude, a exclu le dialogue élargi tel...
commentaires (6)

Le Liban est un pays démocratique avec une constitution des lois et des règles. Celles-ci stipulent que le Président est élu, des le premier tour, s'il obtient 2/3 des voix des parlementaires, sinon au second tour avec la moitié +1 voix des députés présents, au second tour. S'il faut qu'il y ait un dialogue, des discussions ou concertations, c'est au sein de l’hémicycle parlementaire seulement sinon cela enfreint la constitution. Ils le font déjà avec la fadaise du quorum et du dit consensus qui n'a pas de place dans les élections. Berry bloque le parlement a l'ombre des armes du Hezb.

Pierre Christo Hadjigeorgiou

08 h 57, le 21 mai 2024

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • Le Liban est un pays démocratique avec une constitution des lois et des règles. Celles-ci stipulent que le Président est élu, des le premier tour, s'il obtient 2/3 des voix des parlementaires, sinon au second tour avec la moitié +1 voix des députés présents, au second tour. S'il faut qu'il y ait un dialogue, des discussions ou concertations, c'est au sein de l’hémicycle parlementaire seulement sinon cela enfreint la constitution. Ils le font déjà avec la fadaise du quorum et du dit consensus qui n'a pas de place dans les élections. Berry bloque le parlement a l'ombre des armes du Hezb.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    08 h 57, le 21 mai 2024

  • Il a de bons gènes celui-là… et pas seulement politiques !

    LeRougeEtLeNoir

    18 h 09, le 20 mai 2024

  • - QUI CROIT QUE CHAQUE ANTOINETTE, - A LA TRENTIEME REQUETE, - DE L,INLASSABLE QUINTETE, - MEME MUE EN DECATETE, - S,ASSEOIRAIT SUR LA BANQUETE, - COMME CONVAINCUE CADETTE, - POUR S,AFFUBLER DU QUINTETTE, - L,IMMENSURABLE JAQUETTE, - SE TROMPE CAR LES COQUETTES, - NE SONT NAIVES NI BETES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 49, le 20 mai 2024

  • - A L,INLASSABLE QUINTETTE, - IL NE MANQUE PAS DE TETE. - APRES DIVERS CASSE-TETE, - ILS PROPOSENT LA SUCETTE, - OU CHAQUE FOURBE ANTOINETTE, - SE CROIRAIT SEULE ETRE EN FETE. - MAIS A L,HEURE DES BANQUETTES, - AUX SONS DISTINCTS DES TROMPETTES, - IL FAUDRAIT PLUS D,UN QUINTETTE, - POUR DESAMORCER DES TETES, - ALUMETTES ET ROQUETTES. LA LIBRE EXPRESSION

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 47, le 20 mai 2024

  • Je ne comprends pas ce refus du "dialogue élargi" expliquez moi svp

    Beauchard Jacques

    10 h 37, le 20 mai 2024

  • "Nabih Berry pense pouvoir (...) se dédouaner (avec le Hezbollah) des accusations de blocage de l’échéance, et renvoyer la balle dans le camp de l’opposition". Comment pourrait-il accuser l’opposition de blocage, alors qu’elle se contente de demander la simple application de la Constitution. Les responsables ne sont-ils pas, à l’évidence, Berry et son patron qui veulent y mettre de conditions?

    Yves Prevost

    07 h 21, le 20 mai 2024

Retour en haut