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Liban - Loi électorale

Quel candidat pour quel électeur ?

Les heurs et malheurs de la proportionnelle, du vote préférentiel et du seuil d’éligibilité dans le nouveau système en vigueur au Liban, ont été au cœur d’un débat organisé hier par la Fondation Élias Moukheiber.

Conférence, hier, de la Fondation Élias Moukheiber. Photo ANI

« La nouvelle loi électorale va-t-elle de pair avec la mentalité actuelle des Libanais ? » Tel était le thème d’une conférence-débat marquant la première activité de la Fondation Élias Moukheiber qui se positionne comme un forum de dialogue pour la modernisation des politiques et des législations au Liban.
Cette première conférence s’est tenue à l’hôtel Gefinor Rotana à Hamra, en présence du ministre de l’Information, Melhem Riachi, et sous le patronage du ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, représenté par la directrice des affaires politiques au sein du ministère, Faten Younès.

Prenant la parole, M. Riachi a rendu hommage à Élias Moukheiber, « un homme qui a œuvré pour le changement mais qui a été malheureusement terrassé par la maladie ». Évoquant le travail de la fondation, il a mis l’accent sur « l’importance du dialogue qui met fin à toutes les guerres ».

Mme Younès a pour sa part estimé que « la loi électorale actuelle a encouragé les Libanais à se présenter aux élections. On compte ainsi 976 candidats dont 111 femmes ». Elle a également brièvement présenté « la campagne publicitaire que le ministère vient de lancer pour sensibiliser les Libanais à la nouvelle loi électorale ».
Deux modules ont été prévus. L’un, animé par la journaliste Roula Kassab, a rassemblé le président de la cour d’appel du Liban-Nord, Samer Younès, le rédacteur en chef adjoint de L’Orient-Le Jour, Élie Fayad, et Albert Kostanian, conseiller politique du chef du parti Kataëb, Samy Gemayel. Ce module avait pour thème « Quels candidats pour quels électeurs ? ».
Animé par la responsable presse du ministère d’État pour les Affaires des réfugiés, May Sayegh, le deuxième module avait pour thème « les campagnes électorales et l’égalité des chances ». Il a rassemblé Ali el-Amine, analyste politique et rédacteur en chef du site d’information Janoubia, et Nada Anid, membre fondatrice de la Fondation Women in Front.
Divers sujets ont été abordés lors du premier module, notamment la taille des circonscriptions, la formation des listes et la voix préférentielle.

Prenant la parole, M. Younès a relevé que « la loi n’a pas été assez expliquée aux électeurs ». Il a mis l’accent sur « le rôle qui devrait être joué par le Comité de supervision des élections qui devrait sensibiliser à la démocratie ». Il a rappelé que « cette nouvelle loi ne permet plus aux électeurs d’avoir recours au panachage et aux candidats de se présenter hors des listes ». Il a également estimé que « cette loi aurait dû être présentée au Conseil constitutionnel pour qu’il statue sur le point de savoir si elle respecte effectivement la Constitution ».


(Lire aussi : Rupture de l’alliance FL-Futur, dans l’intérêt du Hezbollah)


« Une loi monstre »
M. Fayad a estimé, de son côté, qu’il « n’existe pas de loi électorale parfaite », notant que « la proportionnelle permet en général une meilleure représentativité horizontale (nationale) des partis politiques au Parlement. Mais au Liban, le seuil d’éligibilité adopté, qui se situe autour ou même plus que 10 %, est trop élevé pour permettre aux partis non traditionnels, aux outsiders, de percer ».
Il a également rappelé que le mode majoritaire, qui était de mise au Liban jusqu’à l’adoption de la proportionnelle, reste adopté dans plusieurs grandes démocraties du monde, notamment en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis.
« Au Liban, la proportionnelle mériterait en théorie d’être essayée, mais il faudrait savoir aussi si les électeurs libanais, avec la mentalité de démocratie de proximité et le clientélisme qui les caractérisent, sont aptes à en tirer bénéfice » a-t-il dit, notant que « ce mode de scrutin réussit dans les pays où il existe une culture politique forte, une culture de partis, ce qui n’est pas le cas du Liban ».
« Or la proportionnelle nécessite de grandes circonscriptions. Et avec la situation actuelle au Liban, ce mode de scrutin finira par affaiblir le député de base et renforcer les chefs de file », a-t-il poursuivi. Il a aussi souligné qu’avec cette nouvelle loi, de nombreux partis sont incapables à l’heure actuelle d’effectuer des projections concernant les résultats.


(Lire aussi : Coups de théâtre et changements d’alliances...)


Évoquant les inconnues qui peuvent découler de cette loi, M. Kostanian s’est demandé : « Comment pourrait-on à nouveau calculer les résultats si jamais un candidat demandait un recours en invalidation ? » Si sa requête est prise en compte, les décomptes devraient être revus, et cela toucherait d’autres députés dans sa circonscription », a-t-il expliqué, qualifiant la loi de « monstre ».
Il a également évoqué l’éventuelle situation d’un candidat qui pourrait mobiliser des voix à une liste grâce au vote préférentiel mais qui échouerait du fait de l’effet pervers du vote préférentiel.
Il a aussi dénoncé « l’absence de programmes politiques autour desquels on peut créer des discussions ». Selon lui, trois thèmes sont à mettre sur le tapis, « les armes du Hezbollah et l’État de droit, le système politique et la lutte contre la corruption ».
Les trois intervenants sont convenus que les alliances temporaires créées pour la formation des listes encouragent une concurrence malsaine entre les candidats d’une même liste. Et tous ont estimé que ces élections ne changeront pas vraiment grand-chose au paysage politique libanais.


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commentaires (4)

Avec. Le vote majoritaire on peut gouverner comme la France, en Italie c'st proportionnel il n'y a pas encore de gouvernement , enfin il pense refaire les élections , un peut faoudah.

Eleni Caridopoulou

19 h 35, le 18 mars 2018

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Commentaires (4)

  • Avec. Le vote majoritaire on peut gouverner comme la France, en Italie c'st proportionnel il n'y a pas encore de gouvernement , enfin il pense refaire les élections , un peut faoudah.

    Eleni Caridopoulou

    19 h 35, le 18 mars 2018

  • PLUTOT QUELS CANDIDATS POUR QUELS MOUTONS ? C,EST AINSI QUE PENSENT TOUS LES PANURGES PROPRIETAIRES D,ETABLES NANTIES DE CHEPTELS DE MOUTONS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 50, le 17 mars 2018

  • Je suis pour le scrutin de liste sans panachage mais proportionnel. Exemple : Les élections de 2005 et 2009 au Kesrouan, la liste de Michel Aoun devait avoir proportionnellement trois députés sur Cinq et la liste adverse de Mansour el-Bone, les deux autres. Or les deux derniers candidats de la liste Michel Aoun sont restés députés au Parlement durant treize ans illégalement.

    Un Libanais

    16 h 49, le 17 mars 2018

  • la monstruosite de cette loi, tous les defauts qu'on lui trouveraient decoulent d'un probleme MAJEUR : le CONFESSIONALISME a la base de notre constitution taef qui deja aurait accentue le probleme ENCORE PLUS EXACERBE par LES BATAILLES declarees par le cpl aux fins- disent ils- d'ameliorer la representation des chretiens....... croire en l'altruisme de cette ideologie est contre nature !

    Gaby SIOUFI

    12 h 00, le 17 mars 2018

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