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Liban - Décryptage

Coups de théâtre et changements d’alliances...

Dans près d’une semaine, les listes électorales devront être annoncées et les candidats (il y en a 976 pour 128 sièges) qui n’auront pas eu la chance de pouvoir en intégrer une devront renoncer à mener la bataille électorale. Dans ce dernier sprint, chaque jour porte son lot de surprises. Non seulement tel candidat prévu depuis le début sur telle liste peut soudain se retrouver dehors, mais il saute vers la liste rivale sans le moindre état d’âme. C’est que, comme l’a dit un politicien chevronné, pour la première fois dans l’histoire des législatives libanaises, la version 2018 est celle où il y a le moins de slogans politiques, au profit d’un calcul qui se veut mathématique. Tout ce qui compte, c’est d’avoir, au final, un bloc parlementaire important qui permettra de garantir un rôle politique dans l’étape postélectorale.

Les candidats, mais aussi les partis politiques, ont donc encore une semaine pour peaufiner leurs listes, en essayant de choisir des personnalités et des alliances susceptibles de relever le seuil d’éligibilité de leurs listes et d’assurer en même temps une bonne moyenne de voix préférentielles. On est bien loin ainsi du paysage politique du printemps 2009, lorsque les slogans politiques entre 14 et 8 Mars mobilisaient, pour ne pas dire radicalisaient, les électeurs et les poussaient à se précipiter vers l’urne. Curieusement, en 2009, le mode de scrutin majoritaire favorisait les rouleaux compresseurs électoraux. Et malgré cela, les électeurs étaient mobilisés. Alors qu’aujourd’hui, en dépit de l’adoption du mode de scrutin proportionnel destiné à valoriser le vote des électeurs, ceux-ci sont plutôt perdus et paraissent peu mobilisés. Il est vrai qu’ils ont de plus en plus de mal à suivre les volte-face et les coups de théâtre dans les alliances, à la fois politiques et personnelles.

Pendant des semaines, et surtout avec la visite du Premier ministre à Riyad, il a été longuement question dans les médias d’une demande saoudienne à Saad Hariri de s’allier aux Forces libanaises. Or, à quelques jours de l’annonce finale des listes, l’alliance entre les FL et le courant du Futur ne semble vérifiée que dans la circonscription de Chouf-Aley, dans le cadre d’un triangle électoral avec le PSP de Walid Joumblatt. Et même dans cette circonscription, le fait que le courant du Futur ait décidé de présenter la candidature du ministre de la Culture, Ghattas Khoury, alors que le leader druze Walid Joumblatt a choisi d’intégrer à la liste l’avocat Naji Boustany, n’est pas pour plaire aux Forces libanaises dont le vice-président Georges Adwan est candidat dans cette circonscription. C’est qu’il y a au Chouf trois sièges maronites, et il y a peu de chances que la liste PSP-courant du Futur-FL puisse les rafler tous, en raison du mode de scrutin proportionnel. Il faudra donc suivre attentivement les détails de la campagne pour voir lequel de ces trois candidats pourrait être sacrifié sur l’autel des voix préférentielles.


(Lire aussi : Rupture de l’alliance FL-Futur, dans l’intérêt du Hezbollah)


Toujours dans le cadre de l’alliance entre le courant du Futur et les Forces libanaises, l’entente dans la circonscription de Baalbeck-Hermel semble désormais faire partie du passé. Pourtant, l’enjeu dans cette circonscription est éminemment politique puisqu’il s’agit d’effectuer une percée dans le fief du Hezbollah. Depuis le début, les FL et le courant du Futur étaient d’accord pour mener ensemble la bataille dans cette circonscription (où il y a un siège maronite, un siège grec-catholique, deux sièges sunnites et six sièges chiites). Mais à la dernière minute, cette entente a volé en éclats, car le courant du Futur a voulu intégrer le Courant patriotique libre (CPL) à la liste, pour augmenter les chances de faire des percées en relevant les suffrages obtenus par la liste qui lui donneraient plus d’un siège au Parlement. Cette initiative n’a pas plu aux FL qui voulaient être la seule formation chrétienne à mener la bataille contre le Hezbollah et qui jugeait peu crédible de mener cette bataille aux côtés du CPL, lui-même allié politique de la formation chiite. Finalement (et cela jusqu’à présent, car tout peut encore changer), les Forces libanaises ont préféré mener seules la bataille, laissant le courant du Futur et le CPL la mener de leur côté... Si les FL parviennent à effectuer une percée dans le siège maronite de la circonscription, elles marqueront une victoire symbolique, mais il leur faudra assurer le seuil d’éligibilité seules.


(Lire aussi : Le CPL annonce ses candidats)


Ce n’est pas la seule surprise de cette semaine de campagne électorale. En effet, dans la circonscription de Kesrouan-Jbeil (8 sièges, 7 maronites et un chiite), le paysage politique change aussi. Depuis le début, on avait annoncé du côté du CPL et alliés une liste de coalition avec Mansour el-Bone, sous la houlette du général Chamel Roukoz. Entre-temps, des contacts ont été menés pour intégrer le président de la Fondation maronite dans le monde Neemat Frem à la liste. Les contacts ont abouti et Frem a annoncé sa candidature dans la liste CPL-Roukoz dans le cadre d’un meeting spectaculaire en présence de l’ancien ministre Ziyad Baroud, lui aussi candidat sur cette liste... Ce qui a fortement déplu à Mansour el-Bone qui s’est retiré de la liste pour aller rejoindre celle que comptent former les Forces libanaises. Jusqu’à présent, cinq listes devront s’affronter dans la circonscription, celle dans la mouvance du CPL, celle que compte former Farid Haykal el-Khazen et qui pourrait regrouper, outre le Dr Farès Souhaid, les députés actuels Gilberte Zouein et Youssef Khalil, et les Kataëb (sauf si ce parti décidait finalement de s’allier aux Forces libanaises), celle des Forces libanaises, une quatrième avec l’ancien ministre Jean-Louis Cardahi et le candidat du Hezbollah, et une dernière dite de la société civile... Bref, chacun trouve sa place là où il peut dans ces élections si particulières.


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Dans près d’une semaine, les listes électorales devront être annoncées et les candidats (il y en a 976 pour 128 sièges) qui n’auront pas eu la chance de pouvoir en intégrer une devront renoncer à mener la bataille électorale. Dans ce dernier sprint, chaque jour porte son lot de surprises. Non seulement tel candidat prévu depuis le début sur telle liste peut soudain se retrouver...

commentaires (5)

UN DECRYPTAGE TRES OBJECTIF DE LA TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD ! MAIS CE NE SONT PLUS DES ELECTIONS DEMOCRATIQUES... CE SONT DES MARCHANDAGES QUI BAFOUENT ET LA DEMOCRATIE ET L,INTELLIGENCE DU PEUPLE LIBANAIS QUE TOUS TRAHISSENT DE TOUT COTÉ !

LA LIBRE EXPRESSION

16 h 44, le 17 mars 2018

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Commentaires (5)

  • UN DECRYPTAGE TRES OBJECTIF DE LA TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD ! MAIS CE NE SONT PLUS DES ELECTIONS DEMOCRATIQUES... CE SONT DES MARCHANDAGES QUI BAFOUENT ET LA DEMOCRATIE ET L,INTELLIGENCE DU PEUPLE LIBANAIS QUE TOUS TRAHISSENT DE TOUT COTÉ !

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 44, le 17 mars 2018

  • Les FL auraient intérêt à s'allier avec le Futur dans la circonscription de Baalbeck-Hermel, sinon il leur sera je pense assez difficile d'atteindre le seuil d'éligibilité dans la circonscription et donc d'obtenir le siège maronite - siège qui serait effectivement une victoire symbolique pour les FL, particulièrement à Deir el-Ahmar.

    AR

    14 h 47, le 17 mars 2018

  • je me demande - non je me pose la question , savoir QUI - mais non la deontologie de l'OLJ n'autorise pas les discussions Inter- lecteurs ! Pt't que certains saisiraie le sens de ma question ?nt

    Gaby SIOUFI

    11 h 55, le 17 mars 2018

  • Tout simplement, merci SCARLETT de nous tenir au courant des détails de ces élections, qui donneront aux libanais le choix de l'orientation de la nouvelle politique d'un Liban nouveau . Le seul constat qui est fait c'est que l'unité des électeurs est d'un côté, les tiraillements et la désunion d'un autre côté.

    FRIK-A-FRAK

    08 h 59, le 17 mars 2018

  • ne vous inquiétez madame !! tout ira bien

    Bery tus

    01 h 19, le 17 mars 2018

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