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Liban - Législatives 2018

Békaa-Ouest-Rachaya : le courant du Futur se met à dos le PSP

Le parti joumblattiste n’est pas près de concéder son siège grec-orthodoxe à la formation haririenne, qui propose un candidat jugé faible face à Élie Ferzli.

Contrairement à ce qu’avaient espéré les milieux des Forces libanaises (FL), leur alliance avec le Parti socialiste progressiste et le courant du Futur dans le Chouf n’a pas déteint sur la Békaa-Ouest-Rachaya, les divergences entre Meerab et la Maison du centre étant, du reste, omniprésentes dans le pays (même si les contacts se poursuivent entre eux, à la lumière de la réunion hier soir entre Melhem Riachi et Ghattas Khoury). Mais cette circonscription, où les électeurs sunnites sont majoritaires, suivis par les druzes, voit pointer aussi des tensions inédites entre le courant du Futur et le Parti socialiste progressiste, dont l’alliance est d’ordinaire incontournable.  

Certes, c’est une liste conjointe qu’ils ont décidé dès le départ de former. D’emblée, le courant du Futur a paru soucieux de ménager sa base par le choix de ses candidats, à défaut d’un discours politique mobilisateur (c’est aussi pour parer à ce manque que le secrétaire général du courant du Futur, Ahmad Hariri, en tournée samedi dernier dans la Békaa-Ouest où il a été reçu en grande pompe par le ministre et député Jamal Jarrah, a appelé à une mobilisation des sunnites au nom de leur communauté).

Le courant du Futur a ainsi prêté une oreille attentive aux plaintes des notables sunnites, reçus par le Premier ministre Saad Hariri il y a près d’un mois, relatives aux manquements de ses deux députés sortants, Jamal Jarrah et Ziad Kadri, à l’égard de la région. La candidature du premier a par conséquence été écartée, au motif de sa désignation en vue à un nouveau portefeuille ministériel, et seule a été retenue la candidature du second. On notera que le choix du substitut de M. Jarrah s’est porté sur Mohammad el-Karaoui, notable local, initialement proche du 8 Mars, mais en brouille avec Abdel Rahim Mrad, qui préside la liste rivale. Ce choix illustre une constante, observée aussi ailleurs, dans la démarche du courant du Futur : opter pour des candidats non partisans, le courant n’étant plus en mesure de sélectionner des candidats parmi ses cadres sans risquer des chamailles internes pour le moins coûteuses. En outre, M. Karaoui est propriétaire de l’hôpital de la Békaa, et peut donc recueillir un nombre acceptable de voix, même s’il aurait peu de chances de rivaliser avec Abdel Rahim Mrad, qui chapeaute la liste du tandem Amal-Hezbollah.

Par ailleurs, le courant du Futur a fini par maintenir la candidature du député sortant Amine Wehbé au siège chiite, initialement issu des rangs de la Gauche démocratique.

Pour sa part, le PSP a naturellement désigné son candidat incontournable au siège druze, à savoir le député sortant et ministre Waël Bou Faour. Le problème s’est posé toutefois au niveau des deux sièges maronite et grec-orthodoxe. Le litige autour du premier cristallise les tensions Futur-FL, le second laisse deviner des divergences Futur-PSP, à peine contenues par ailleurs au Chouf-Aley.


(Pour mémoire : Pour le Hezbollah, réconcilier les alliés est un véritable casse-tête)


Échec des négociations FL-Futur

D’abord, le courant du Futur a écarté le nom d’Élie Lahoud, proposé par les FL pour le siège maronite, au profit de l’homme d’affaires Henri Chedid, coupant court à la tentative des FL de rejoindre la liste du Futur – quand bien même le PSP soutenait activement leur inclusion sur cette liste.

Le choix de M. Chedid serait le résultat d’un « marché » conclu avec la formation haririenne, apprend-on de sources concordantes. Il serait aussi le résultat de l’antipathie avérée à ce stade entre le Futur et les FL, quels que soient les arguments avec lesquels l’un et l’autre tentent de la maquiller.

Ainsi, si les milieux du courant du Futur reprochent entre autres aux FL d’œuvrer pour avoir le monopole exclusif des sièges chrétiens, le paradoxe est que le courant haririen œuvre à faciliter au Courant patriotique libre, directement ou indirectement, l’acquisition de sièges chrétiens. Ce que confirme d’ailleurs implicitement une source du Futur, en arguant que « le choix est fait d’éviter un conflit avec le CPL en vue de l’inciter à se recentrer politiquement ».

Ferzli, « domaine réservé de Michel Aoun »

Et dans la Békaa-Ouest-Rachaya, ce pari semble avoir offert à l’ancien vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, candidat au siège grec-orthodoxe, les faveurs du courant du Futur. Il y a près d’un mois, des négociations étaient en cours entre le Futur et le CPL, en vue d’intégrer ce dernier sur la liste haririenne. La candidature examinée était celle de M. Ferzli, qui se présente à L’Orient-Le Jour comme « faisant partie du domaine réservé du chef de l’État, Michel Aoun ». Au moment des négociations, il avait dit « se remettre à leurs résultats », en précisant toutefois que le courant du Futur ne devrait pas avoir de droit de regard sur le siège grec-orthodoxe, le choix devant être exclusivement celui du chef de l’État. À défaut d’une entente sur son nom, M. Ferzli, candidat disposant d’assises confortables dans le caza, a fini par intégrer la liste de Abdel Rahim Mrad, qu’il avait dès le départ envisagé comme plan B (même si ses rapports avec M. Mrad ne sont pas au beau fixe). Mais si le courant du Futur n’a pas voulu retenir sa candidature, ce serait moins par principe, considérant qu’il est un allié privilégié de Damas, que par crainte, là encore, de choquer son électorat sunnite, qui risque de lui glisser entre les doigts.


(Lire aussi : Législatives 2018 : les « fils de » & Cie en campagne)

Rencontre Bou Faour-Hariri aujourd’hui

Le courant du Futur a donc voulu sauver la face, sans forcément circonscrire la candidature de M. Ferzli. Preuve en est, il n’a pas retenu sur sa liste un candidat grec-orthodoxe à même de lui faire contrepoids. Plutôt que d’opter pour le député sortant Antoine Saad, membre du Rassemblement démocratique de Walid Joumblatt, reconnu par les habitants pour ses services, et qui a fait partie des députés joumblattistes « dissidents » pro-14 Mars ayant choisi de se solidariser avec Saad Hariri en 2011 lorsque le PSP a intégré le cabinet de Nagib Mikati, le courant du Futur a choisi de soutenir Ghassan Skaff, médecin reconnu exerçant à Beyrouth, mais presque absent de sa circonscription. Le fait qu’il soit soutenu par Ghattas Khoury ne suffit pas à justifier le choix de la formation haririenne qui favorise manifestement, par défaut, la candidature d’Élie Ferzli. Cela n’a fait qu’accentuer les tensions avec le PSP, privé d’un siège parlementaire potentiel, et pour une candidature qui peut passer pour n’être que de pure forme. Et cela après que le PSP eut concédé au courant du Futur le choix d’un candidat au siège maronite du Chouf-Aley qui n’est pas originaire du littoral, comme le veut la coutume, à savoir Ghattas Khoury. Outre le problème autour du siège grec-orthodoxe de la Békaa-Ouest, le choix des deux députés sunnites au Chouf-Aley n’est pas tranché.

Pour les milieux du Rassemblement démocratique, « l’alliance avec le courant du Futur n’est pas définitive ». Ces entraves devront être discutées demain entre Saad Hariri et le ministre Waël Bou Faour. Un dénouement serait en vue, selon les mêmes milieux, qui s’abstiennent toutefois d’en préciser les contours. Le PSP doit annoncer jeudi prochain ses candidats.

Pour ce qui est de la liste de Abdel Rahim Mrad, sa formation se heurte au choix du candidat au siège maronite. Le CPL propose le nom de Charbel Maroun, alors qu’Amal soutient Naji Ghanem, refusant de concéder au CPL plus d’un seul candidat sur la liste, c’est-à-dire en plus de la candidature de M. Ferzli. Selon nos informations, c’est la candidature de M. Ghanem qui aurait plus de chances d’être retenue.

Enfin, une troisième liste serait envisagée sous le parrainage de l’ancien ministre Achraf Rifi. Les milieux de ce dernier démentent que des contacts soient menés avec les FL pour former une liste conjointe, et disent parier sur des figures de la société civile.


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