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À La Une - conflit

Offensive turque en Syrie : les Kurdes craignent d'être lâchés par leurs alliés

"Pour nous, les Etats-Unis ont une obligation morale de protéger la démocratie et le système démocratique dans cette région" du nord-ouest de la Syrie, a dit à Washington Sinam Mohamed, représentante de la Rojava.

Un drapeau kurde géant est porté à Athènes, le 23 janvier 2018, lors d'une manifestation initiée par des Kurdes installés en Grèce, afin de protester contre l'offensive turque sur Afrine. REUTERS / Alkis Konstantinidis

Les Kurdes de Syrie, qui ont combattu le groupe Etat islamique (EI), craignent d'être désormais abandonnés par leurs alliés occidentaux après l'offensive turque lancée contre une de leurs enclaves.

Les forces turques et leurs alliés arabes ont attaqué samedi la région d'Afrine, bastion dans le nord-ouest de la Syrie des Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde considérée comme terroriste par Ankara mais soutenue par Washington. Cette offensive intervient après l'annonce par la coalition internationale anti-jihadistes, emmenée par les Etats-Unis, de la création d'une force frontalière de 30.000 hommes dans le nord syrien, avec notamment des combattants des YPG.



Ces YPG sont l'épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes soutenue par Washington dans la lutte contre l'EI. Elle a offert au président américain Donald Trump sa première victoire militaire en faisant tomber Raqqa, la capitale de facto des jihadistes en Syrie.

Mais Ankara refuse l'établissement à sa frontière sud d'une fédération auto-proclamée par les Kurdes, la Rojava, au nom de sa sécurité nationale, et accuse la milice d'être la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984.


(Lire aussi : Qui sont les groupes rebelles engagés aux côtés des Turcs)


Pour les responsables kurdes, la fédération est une expérience démocratique qui pourrait servir d'exemple au reste de la Syrie quand le pays sortira de la guerre civile, qui a fait plus de 340.000 morts depuis 2011.
"Pour nous, les Etats-Unis ont une obligation morale de protéger la démocratie et le système démocratique dans cette région", a dit à Washington Sinam Mohamed, représentante de la Rojava, assurant que le PKK est un problème interne à la Turquie.

Les responsables américains ont appelé la Turquie à "la retenue" tout en reconnaissant son "droit légitime" à se "protéger". Mercredi soir, le président Donald Trump a exhorté son homologue turc Recep Tayyip Erdogan à réduire ses opérations militaires en Syrie.

Le président français Emmanuel Macron s'est dit "préoccupé" et l'Union européenne "extrêmement inquiète" par cette offensive.


(Lire aussi : Kurdes et rebelles syriens racontent la bataille d’Afrine)


Accord sur Afrine
Washington a soutenu militairement les Kurdes combattant l'EI à l'est de l'Euphrate mais, à l'ouest du fleuve, les peshmergas sont seuls. Omar Mahmoud, un civil originaire de Tal Tamr (nord-ouest de la Syrie), est indigné par le "silence américain" face à l'offensive turque. "Les Kurdes ont combattu Daech (acronyme arabe de l'EI, NDLR), pour défendre tout le monde, ils se coordonnaient avec la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis", a dit l'homme de 35 ans à l'AFP. "Maintenant les Etats-Unis sont silencieux et c'est décevant".
"L'aviation turque survole Afrine, et tue les enfants et les femmes, au prétexte que nous sommes des séparatistes, mais on fait partie de la Syrie", affirme Massoud Baravi, un autre civil, âgé de 34 ans.

Les Etats-Unis semblent pourtant sensibles au sort des Kurdes d'Afrine. Le secrétaire d'Etat Rex Tillerson a eu des conversations "franches et sérieuses" avec son homologue turc Mevlut Cavusoglu, selon la porte-parole Heather Nauert. La région d'Afrine "était relativement stable comparé au reste de la Syrie", a-t-elle dit, récusant la thèse turque d'une présence de l'EI.

Mais Washington a peu de moyen de pression sur Ankara, son allié au sein de l'Otan. Les relations sont tendues depuis plusieurs mois en raison du soutien américain aux Kurdes et l'offensive en cours souligne sa perte d'influence dans un conflit qui rebat les cartes.


(Lire aussi : Washington pris en étau entre Ankara et les Kurdes)


Et la Turquie n'aurait pas attaqué sans le feu vert - qu'elle affirme avoir reçu - de la Russie, soutien essentiel du régime du président syrien Bachar el-Assad. Les troupes russes combattent aux côtés de l'armée syrienne et des milices chiites contrôlées par l'Iran, principal soutien régional de Damas.

Ankara s'est également engagé dans les négociations pour la paix en Syrie menées par Moscou, parallèlement à celles conduites par l'ONU et soutenues par Washington. En échange, selon l'analyste de la Fondation pour la défense des démocraties Merve Tahiroglu, M. Erdogan aurait obtenu du président russe Vladimir Poutine qu'il laisse les forces turques prendre Afrine.

Des responsables kurdes ont indiqué à l'AFP que Moscou leur avait offert une protection contre la Turquie s'ils laissaient leurs territoires au régime syrien, et avait retiré son soutien aérien quand ils avaient refusé la proposition. L'accord pourrait aussi prévoir une pause dans les combats entre les rebelles pro-Turcs et l'armée syrienne à Idleb (nord-est).


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commentaires (3)

Connivence quand tu nous tiens !!!

Bery tus

15 h 08, le 25 janvier 2018

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Commentaires (3)

  • Connivence quand tu nous tiens !!!

    Bery tus

    15 h 08, le 25 janvier 2018

  • MEGA ERREUR DES USA S,ILS LACHENT LES KURDES QUI ONT COMBATTU AVEC ENTHOUSIASTE SOUS LEUR BANNIERE POUR CONTENTER LE NOUVEAU TYRAN DU PEUPLE TURC ET LE MASSACREUR DES KURDES... TRUMP, ARRETEZ CETTE MASCARADE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 21, le 25 janvier 2018

  • Et voilà enfin c'est dit à présent.

    FRIK-A-FRAK

    01 h 29, le 25 janvier 2018

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