Une virulente polémique a opposé hier le chef des Kataëb, Samy Gemayel, au ministre de la Justice, Salim Jreissati.
Dans une interview accordée dimanche soir à la chaîne al-Jadeed, M. Gemayel a violemment critiqué l'attitude de M. Jreissati au sujet des navires-centrales prévus dans le plan gouvernemental de production de l'électricité auquel M. Gemayel a longtemps opposé un rejet catégorique, accusant de « corruption » les auteurs du projet.
Le chef des Kataëb s'est posé la question de savoir « pourquoi il est poursuivi en justice pour avoir exprimé des craintes quant à des marchés douteux entourant la question de pétrole et de gaz », alors qu'il avait « des preuves concernant les navires-centrales ».
De même, le bureau politique des Kataëb a ouvertement accusé le pouvoir politique de « plonger le pays dans le noir, du fait des coupures chroniques du courant électrique, avec tous les dommages que cela pourrait créer au niveau de la sécurité économique et sociale, jusqu'à anéantir les opportunités d'investissement ».
« On ne voulait pas presser le pas pour fournir l'électricité aux gens conformément à la "promesse d'été" (dans la mesure où César Abi Khalil promettait que les navires pourront assurer le courant avant l'été), mais pour amener les navires-centrales », ajoute le texte publié à l'issue de la réunion hebdomadaire du bureau politique Kataëb sous la présidence de Samy Gemayel. » L'électricité n'est-elle plus la priorité du pouvoir après l'échec du marché douteux des navires ? » s'est encore interrogé le parti, qui s'est posé la question de savoir où en est-on avec les solutions alternatives.
Le parti s'est engagé à » continuer de dire la vérité et dévoiler au grand jour toutes les formes de corruption, de gaspillage et de marchés douteux quel qu'en soit le prix ». « Celui qui a échoué par les moyens répressifs, du temps révolu de la tutelle, ne réussira pas aujourd'hui, même s'il fait usage de tous les moyens de pression. Ce pouvoir ne vaincra pas ceux que le peuple et le droit soutiennent », ont conclu les Kataëb.
(Lire aussi : Les Kataëb s’engagent à poursuivre la lutte)
M. Jreissati a réagi hier aux propos tenus par M. Gemayel dimanche soir. Dans un communiqué, le ministre de la Justice a indiqué que le ministère de l'Énergie a notifié les autorités judiciaires compétentes du dossier des navires-centrales. Mais cette notification a été laissée sans suite en l'absence de preuves portant sur des crimes de corruption, de gaspillage ou d'abus de pouvoir. Il a rappelé que « Samy Gemayel était alors monté sur ses grands chevaux, mais n'a présenté aucune preuve au pouvoir judiciaire ».
Salim Jreissati a réitéré son appel au député du Metn a présenter les nouvelles données qui lui seraient disponibles, en tant qu'éléments de preuves, même si ce ne sont que des présomptions pour permettre à la justice d'exercer son contrôle. « L'échéance électorale représente une occasion pour certains d'exploiter les sentiments des gens, à l'heure où le peuple distingue ceux qui lancent des accusations, en ayant le regard braqué sur les urnes, et ceux qui demandent des comptes », a-t-il conclu.
Le conseil des médias des Kataëb n'a pas tardé à répondre au ministre. « Les Kataëb s'opposent au marché des navires depuis plus d'un an. Cette position n'a donc aucun lien avec les législatives, mais plutôt avec la corruption, les corrompus et ceux qui se remplissent les poches d'argent "électrifié" qu'ils utilisent lors du scrutin. »
Le conseil a exprimé ses craintes quant au fait que « le ministre de la Justice ne sait pas encore que les Kataëb ont exigé une commission parlementaire d'enquête à ce sujet. Et que le bloc auquel il appartient entrave toujours sa formation, en collaboration avec ses anciens et nouveaux alliés ».
« Nous rappelons au ministre qu'il n'a pas notifié le parquet au sujet des navires, mais a parrainé, en violation des coutumes et du principe de séparation des pouvoirs, une réunion des ministres et députés aounistes. Il a accepté, en violation de ses prérogatives, une plainte du courant aouniste contre des centaines de journalistes et d'activistes pour diffamation et l'a déférée au parquet. »
S'adressant à M. Jreissati, le conseil a déclaré : « Le temps de vos démarches répressives est révolu, même si dans la forme, elles sont poétiques, professorales, philosophiques ou quasi légales. »
(Lire aussi : Gemayel : La décision de l’État est spoliée par le Hezbollah)
« Il a encore le temps »
Interrogé par L'Orient-Le Jour, M. Jreissati a assuré qu'il ne porte pas atteinte à la personne de Samy Gemayel, réitérant son appel au chef des Kataëb à « apporter ses preuves à la magistrature ». « Il a encore le temps de le faire », a-t-il dit.
« Entre-temps, et pour verser dans la démagogie, M. Gemayel nous attaque au sujet des libertés publiques, a ajouté le ministre, estimant que le député a oublié que j'ai poursuivi en justice le ministre Mouïn Merhebi et Qaïs Khazaali (chef d'une milice syrienne proche du Hezbollah qui a effectué une tournée au Liban), et ceux-là ne sont pas Kataëb ».
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LA LIBRE EXPRESSION
08 h 25, le 09 janvier 2018