Le rôle militaire du Hezbollah peut-il être neutralisé ? Pour beaucoup, il s'agit d'un vœu pieu, d'une entreprise impossible à réaliser tant que l'Iran maintient une puissante force d'intervention dans la région.
Sauf que de l'avis de diplomates occidentaux, une éventuelle neutralisation de la formation chiite est possible à partir du moment où elle est placée dans le cadre d'un règlement général du dossier de la région, qui suppose la mise en place d'une feuille de route dont l'un des axes serait le désarmement de toutes les milices, dont le Hezbollah.
Ces diplomates appellent à une lecture minutieuse des événements dans la région, et notamment de la dynamique diplomatique et politique arabe et internationale engagée depuis la quasi-fin du phénomène Daech (groupe État islamique), mais aussi du bras de fer irano-saudien, qui tend à maintenir un état d'instabilité dans la région.
Le tir de missile contre l'Arabie saoudite, mardi à partir du territoire yéménite, est l'œuvre de l'Iran, estime-t-on de mêmes sources, et doit être interprété comme un message adressé, à travers Riyad, à la France et aux États-Unis, pour leur expliquer que Téhéran est capable à tout moment d'embraser la région s'il n'est pas associé aux projets de règlements en cours. La tournée du chef de la puissante milice irakienne, Kaïs el-Khazaali, au Liban-Sud, en compagnie de combattants du Hezbollah, tous en treillis, est un autre message de Téhéran, qui s'est servi de la formation chiite comme véritable facteur, un rôle que celle-ci ne pouvait pas refuser. Il y va en effet de sa survie, comme il y va de l'influence de l'Iran, compte tenu de la volonté régionale et internationale de mettre fin à toute présence armée illégale, notamment celle des groupuscules fondamentalistes sunnites dont l'émergence, estime-t-on de mêmes sources, est favorisée par la puissance militaire chiite dans la région.
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Armée du mehdi ?
De sources diplomatiques occidentales, on indique que la Russie a accepté d'œuvrer avec Washington et l'Union européenne pour mettre fin à la crise libyenne parce qu'il est apparu que Tripoli est devenu le refuge des jihadistes qui essaient de profiter de l'absence de l'État, ainsi que des divisions en Libye, afin de se reconstituer dans certaines zones de son territoire.
Parallèlement, des réunions groupant des responsables de sécurité arabes, européens et américains se sont récemment tenues dans une base américaine en Syrie afin d'établir une feuille de route pour le désarmement des milices, le Hezbollah et les gardiens de la révolution compris. Selon les mêmes diplomates, « les parties concernées » ont été informées de cette feuille de route. Ils n'ont pas précisé lesquelles.
De sources proches du département d'État, on indique que les partenaires des États-Unis sont convenus, lors de la cinquième réunion du Groupe de coordination des actions en matière de sécurité, de collaborer ensemble pour faire face au Hezbollah, étant donné le danger qu'il représente, à leurs yeux, pour la stabilité de la région. Ce groupe est composé, comme on le sait, de 25 États, dont les représentants à cette réunion s'étaient longuement étendus sur les activités et les mouvements du parti chiite, ainsi que sur les moyens d'appliquer les recommandations du groupe et de contrôler les frontières afin de barrer la voie aux « menaces transfrontalières » de la formation chiite.
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Si cette dynamique a des chances d'aboutir, c'est surtout parce que les États-Unis et la Russie se sont entendus pour œuvrer ensemble afin de réduire l'influence iranienne dans la région. De sources diplomatiques occidentales, on insiste dans ce contexte sur le fait que ni Washington ni Moscou ne tolèrent une présence militaire iranienne tout le long de la côte syrienne et libanaise, et encore moins un contrôle iranien des détroits d'Ormuz, dans le golfe Persique, et de Bab el-Mandeb entre la mer Rouge et l'océan Indien. Les deux puissances estiment que l'Iran devrait se contenter d'assumer un rôle politique dans la région, d'autant qu'elle fait partie du concert des pays des Nations unies.
Cette insistance américano-russe intervient sur fond de rumeurs selon lesquelles Téhéran cherche à édifier une Armée du mehdi transfrontalière, qui regrouperait des combattants de diverses formations comme le Hezbollah, Ansarullah, la Mobilisation populaire (al-Hachd el-Chaabi – irakien) ou le Hezbollah syrien. S'agit-il d'infos ou d'intox devant servir, comme en 1990 avec l'administration de George Bush et de l'Irak, à lancer une offensive militaire dans la région ?
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commentaires (10)
Cet article révèle un aspect du conflit qui oppose Hezbollah vs Israel. Malgré les armes possédées par le Hezbollah, ce dernier est incapable d'envahir Israel. Combien de division , combien de chars lourds, combien d'avions et de l'hélicoptère de combat, etc..., que ça moi ou les autres , nous n'avons pas le choix que de critiauer ou faire des commentaires
FAKHOURI
15 h 19, le 21 décembre 2017