La purge sans précédent menée en Arabie saoudite, depuis le 4 novembre dernier, au nom de la lutte anti-corruption, semble être entrée dans la phase des négociations avec les émirs et hommes d'affaires arrêtés par Riyad. Selon le quotidien économique et financier britannique Financial Times, les autorités saoudiennes envisageraient en effet de rendre leur liberté aux personnes arrêtées dans le cadre de cette purge, en contrepartie du paiement de fortes sommes.
Plus de 200 personnes, dont de nombreux princes et businessmen saoudiens, sont retenus et interrogés pour des faits présumés de corruption d'un montant évalué à 100 milliards de dollars (86,1 milliards d'euros), avait indiqué la semaine dernière le procureur général saoudien. Nombre d''entre eux seraient retenus dans le luxueux palace Ritz-Carlton de Riyad. Parmi les personnes arrêtées figure le flamboyant prince saoudien de mère libanaise, le milliardaire Al-Walid ben Talal. Officiellement, aucune information n'a filtré sur la durée de détention des suspects avant une éventuelle inculpation puis un procès.
"Les autorités saoudiennes négocient un accord avec les princes et hommes d'affaires détenus en raison de soupçons de corruption. Ces autorités proposent aux détenus de payer pour leur liberté, selon des personnes informées des discussions", écrit le Financial Times, dans un article publié aujourd'hui. "Dans certains cas, le gouvernement (saoudien) cherche à s'approprier jusqu'à 70% de la fortune du suspect (...), afin de tenter de renflouer les caisses vides de l'Etat à l'aide de centaines de milliards de dollars", poursuit le quotidien. Selon lui, "ces arrangements, en vertu desquels certaines sommes ont déjà été transférées au profit de l'Etat, apportent un éclairage sur la stratégie anti-corruption du prince héritier Mohammad Ben Salmane".
La purge a été lancée après la création, par décret royal, d'une commission de lutte contre la corruption dirigée pas le prince héritier.
Quelques heures avant le lancement de cette purge, le 4 novembre, le Premier ministre libanais, Saad Hariri, qui se trouvait à Riyad, avait annoncé à la surprise générale sa démission. Dans certains milieux, on affirme que cette démission lui a été imposée par Riyad et serait liée aux finances de M. Hariri, qui détient la nationalité saoudienne et est le propriétaire de la société Saudi Oger qui a récemment fait faillite.
Le jeune prince héritier Mohammad ben Salmane, dont l'emprise sur le pouvoir est croissante, avait présenté d'ambitieux plans de développement économique et promis de favoriser une Arabie saoudite "tolérante" et "modérée", un changement de cap dans ce royaume ultraconservateur qui applique une version rigoriste de l'islam.
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Pour mémoire
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CA S,APPELLE RANCONNER !
21 h 12, le 16 novembre 2017