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À La Une - Diplomatie

Purges anti-corruption : Tillerson nuance le soutien inconditionnel de Trump à Riyad

Réagissant à la démission de Saad Hariri, Washington met en garde contre des "conflits par procuration" au Liban.

Le président américain Donald Trump reçu par le roi Salmane en Arabie saoudite en mai 2017. Photo d'archives / Bandar Algaloud / Saudi Royal Court / via Reuters

La purge sans précédent menée en Arabie saoudite au nom de la lutte anti-corruption commence à susciter des "inquiétudes" à Washington, quelques jours après que le président Donald Trump a exprimé son soutien sans réserve à cette opération coup de poing de l'allié saoudien.

"J'ai parlé au ministre des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir pour avoir des clarifications, et je pense, sur la base de cette conversation, que l'intention est bonne", a déclaré M. Tillerson dans l'avion qui le menait à Danang, au Vietnam. "Personnellement, je pense que cela soulève quelques inquiétudes tant que l'on n'a pas plus de clarté sur ce qui va arriver à ces individus", a-t-il ajouté.

Depuis samedi, plus de de 200 personnes ont été arrêtées en Arabie saoudite dans le cadre d'une opération anti-corruption sans précédent qui a notamment visé des princes, ministres et hommes d'affaires.
Cette annonce intervient sur fond de réformes choc dans le royaume ultra-conservateur sous l'impulsion du jeune prince héritier Mohamed ben Salmane. Elle survient aussi dans un climat de plus en plus tendu avec l'Iran.

Plus tôt dans la semaine, le département d'Etat américain, interrogé sur les éventuels dérapages du coup de filet lancé par le prince héritier avait simplement "encouragé" Riyad à "poursuivre" les suspects "de manière équitable et transparente".

 

Trump en "totale confiance"
La réaction du secrétaire d'Etat américain vient donc nuancer le soutien sans réserve exprimé par le président américain Donald Trump à cette vaste opération. 

"Le roi Salmane et le prince héritier d'Arabie saoudite savent exactement ce qu'ils font et j'ai entièrement confiance en eux", avait indiqué lundi Donald Trump sur son compte Twitter. "Certains de ceux qu'ils sont en train de traiter durement +saignaient+ leur pays depuis des années", avait-il poursuivi.

 

 


Quelques jours plus tôt, le président Trump, actuellement en tournée en Asie, avait contacté au téléphone le roi Salmane, à qui il avait explicitement demandé que la privatisation partielle d'Aramco passe par la Bourse de New York, spécifiant que "cela serait bien pour les États-Unis". À noter que l'Arabie saoudite espère gagner 100 milliards de dollars dans cette affaire, mais les experts estiment que le chiffre de 65 est plus réaliste.

En affichant ainsi sa confiance, Trump renforçait la relation entre Washington et Riyad qui s'est considérablement resserrée depuis son arrivée à la Maison blanche.

Ce soutien plus qu'appuyé du président américain aux dirigeants saoudiens notamment face à l'Iran, l'ennemi commun, inquiète observateurs et experts de la région qui le considèrent comme très risqué.

Depuis le week-end dernier, le ton est encore monté entre Téhéran et Riyad. Au cœur des nouvelles tensions se trouvent notamment le sort du Yémen et du Liban, dont le Premier ministre Saad Hariri a annoncé sa démission le 4 novembre depuis Riyad, un an après avoir formé un gouvernement avec le Hezbollah pro-iranien.

 

 (Lire aussi : Trump et l'Arabie saoudite, un soutien total mais risqué)

 

Hariri, "un partenaire solide"
Dans ce contexte, le chef de la diplomatie américaine a mis en garde vendredi contre toute "utilisation du Liban comme un lieu de conflits par procuration", tout en désignant Saad Hariri comme un "partenaire solide des Etats Unis".

"Les Etats-Unis exhortent toutes les parties, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du Liban, à respecter l'intégrité et l'indépendance des institutions nationales légitimes du Liban. A cet égard, nous respectons le Premier ministre libanais Saad Hariri en tant que partenaire solide des Etats-Unis", a ajouté le secrétaire d'Etat dans un communiqué.

La diplomatie américaine avait annoncé jeudi que le chargé d'affaires américain en Arabie saoudite avait rencontré Saad Hariri mercredi à Riyad. La porte-parole du département d'Etat n'a pas dit où dans la capitale saoudienne avait eu lieu la rencontre et n'a pas donné davantage de précisions sur le statut actuel de M. Hariri, alors que des rumeurs circulent accusant le régime saoudien de retenir M. Hariri contre son gré, dans le cadre de sa purge anti-corruption.

L'Arabie saoudite et des membres du Courant du futur, le mouvement de Saad Hariri, ont démenti qu'il soit en résidence surveillée.

 

(Lire aussi : Saad Hariri "est libre de ses mouvements" à Riyad, selon Paris)

 

Interrogé en début de semaine par L'Orient-Le Jour, Walid Pharès, ancien conseiller de Donald Trump en politique étrangère durant la campagne présidentielle américaine, avait indiqué que "les États-Unis ne sont pas surpris par la démission de Saad Hariri". "Donald Trump et le Congrès ont déclaré à plusieurs reprises que l'influence de l'Iran dans la région et au Liban devait être stoppée, et que le Hezbollah devait être désarmé. La démission de Hariri est donc en phase avec la coalition arabe dirigée par les États-Unis qui veut contenir et inverser l'expansionnisme iranien dans la région et au Liban", a affirmé M. Pharès.

Fin juillet, le président américain Donald Trump avait reçu Saad Hariri à la Maison blanche. Lors d'une conférence de presse conjointe dans les jardins de la Maison blanche, Donald Trump avait tiré à boulets rouges sur le Hezbollah. Le "Hezbollah est une menace pour l'Etat libanais, le peuple libanais et toute la région", avait déclaré M. Trump. Le président américain était allé jusqu'à affirmer que "le Liban est en première ligne dans le combat contre l'EI, el-Qaëda et le Hezbollah", alors que le parti chiite participe au partage du pouvoir au Liban.

 

 

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