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À La Une - Diplomatie

Hariri en France "dans les prochains jours" à l'invitation de Macron

Il ne s'agit "en aucun cas" d'un exil politique, affirme le président français.

Le président français Emmanuel Macron a "invité" le Premier ministre démissionnaire du Liban, Saad Hariri, actuellement en Arabie saoudite, à venir "avec sa famille" en France, selon un communiqué publié mercredi par l'Elysée. Photo d'archives. AFP / ludovic MARIN

La France a invité Saad Hariri et sa famille pour "quelques jours" en France, dans "un geste d'amitié", et la venue du Premier ministre démissionnaire libanais n'est "en aucun cas un exil politique", a déclaré mercredi soir Emmanuel Macron. Selon l'Elysée, M. Hariri "devrait arriver en France dans les prochains jours".

"Je me suis entretenu avec le prince héritier (saoudien) Mohammad ben Salmane et avec le Premier ministre Saad Hariri et nous sommes convenus que je l'invitais pour quelques jours en France avec sa famille", a dit le président français à des journalistes, en marge de la COP23 à Bonn. "C'est aussi un geste d'amitié et une volonté marquée de la France de contribuer au retour au calme et à la stabilité au Liban", a-t-il ajouté.

Prié de dire s'il s'agissait d'un exil politique, il a répondu par la négative. "Nous avons besoin d'un Liban fort, d'une intégrité territoriale au Liban, et nous avons besoin d'avoir des dirigeants qui soient justement libres de leurs choix et de les exprimer", a dit Emmanuel Macron.

 

Plus tôt dans la journée, M. Macron, très actif dans ce dossier depuis dix jours, a dit "souhaiter" que Saad Hariri puisse "confirmer" depuis le Liban "sa volonté de démissionner, si tel est son choix". "La France tient à l'indépendance, à l'autonomie" du Liban, a déclaré le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner, alors que le président libanais Michel Aoun accuse l'Arabie saoudite de détenir Saad Hariri. "Le président de la République (française) souhaite que le Premier ministre (libanais) puisse réaffirmer, confirmer, au Liban, sa volonté de démissionner, si tel est son choix", a-t-il ajouté, à l'issue du Conseil des ministres.

Et mardi, M. Macron avait "réitéré son souhait que Saad Hariri puisse se rendre au Liban comme il l'a annoncé". Il a fait ces déclarations en recevant le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil. Ce dernier a de son côté "insisté sur la nécessité que M. Hariri puisse se rendre à Beyrouth dans les tout prochains jours pour officialiser sa démission, s'il le souhaite".

M. Hariri a créé le choc le 4 novembre en annonçant sa démission soudaine depuis la capitale saoudienne, dénonçant la "mainmise" sur son pays de l'Iran et de son allié libanais, le Hezbollah. Depuis, sa liberté de mouvement fait l'objet d'intenses spéculations.

Mercredi, Michel Aoun a haussé le ton contre Riyad. "Rien ne justifie que M. Hariri ne revienne pas après 12 jours. Nous le considérons donc comme en captivité et détenu, ce qui est contraire à la convention de Vienne" régissant les rapports diplomatiques entre pays, a-t-il martelé. M. Aoun a laissé entendre que Beyrouth pourrait saisir les Nations unies, où la France est un membre permanent du Conseil de sécurité, si Saad Hariri ne rentrait pas cette semaine. En réponse aux propos du président, M. Hariri a répété qu'il va bientôt rentrer au Liban.

Dans un entretien publié dans Le Figaro, M. Bassil a indiqué que la démission de M. Hariri "était une surprise". "Il (Saad Hariri) nous a quittés pendant une réunion ministérielle au cours de laquelle il avait exposé ses contacts très positifs avec des responsables saoudiens." "Il a été convoqué par le roi d'Arabie saoudite et nous a dit qu'il reviendrait deux jours plus tard (...) Depuis, nous avons perdu le contact", poursuit-il.

 

(Lire aussi : La France à la manœuvre dans la crise libanaise)



Bassil poursuit sa tournée européenne
Depuis le début de la crise, la France, forte de ses liens avec tous les acteurs de la région, multiplie les initiatives pour tenter d'obtenir le retour de Saad Hariri au Liban. En faisant venir M. Hariri, Paris tente une autre solution pour régler la crise, faute d'avoir pu obtenir le retour de M. Hariri au Liban.

Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian va dans ce contexte rencontrer le Premier ministre démissionnaire libanais lors de sa visite en Arabie saoudite, qui débute mercredi. "Comme il y a la question de savoir à quel moment (Saad) Hariri compte quitter le territoire saoudien" pour le Liban, l'horaire de la rencontre avec M. Le Drian est "susceptible d'ajustement", avait prévenu Paris dans la journée, preuve du grand flou actuel.

Parallèlement, le chef de la diplomatie libanaise poursuit sa tournée en Europe. Mercredi, il a rencontré son homologue britannique, Boris Johnson. M. Johnson a appelé à l'issue de l'entretien au retour de M. Hariri. "La Grande-Bretagne tient à la stabilité du Liban et à sa mise à l'écart de tout règlement de compte régional", ajouté M.Johnson. M. Bassil a pour sa part déclaré que "la stabilité du Liban est synonyme de stabilité dans la région et dans le monde". Il a également indiqué qu'il "y a au Liban certains dossiers sensibles comme celui des réfugiés syriens et qu'il ne fallait pas en faire un facteur d'instabilité".

M. Bassil a par la suite été reçu par son homologue italien, Angelino Alfano. A l'issue de l'entretien, il a appelé au retour immédiat de M. Hariri au Liban, considérant que cela est "la seule solution" à la crise. "Nous faisons face à une menace qui vise le parcours positif que le Liban avait entamé, et nous ne voulons pas de relations troubles avec les Etats arabes", a assuré M. Bassil. "Notre but est de régler la crise, et il est clair que l'Europe soutient les conventions internationales qui risquent d'être violées en ce moment, ce qui créerait un précédent en la matière", a-t-il également prévenu. "Si l'Arabie saoudite a un problème avec l'Iran, qu'elle traite cela avec Téhéran et non avec le Liban", a également dit le chef de la diplomatie.

Le ministre italien a quant à lui "fermement condamné la restriction de mouvement de Saad Hariri en Arabie saoudite" et affirmé "vouloir la stabilité du Liban, un pays ami". M. Alfono a indiqué avoir contacté son homologue saoudien, Adel al-Jubeir, afin de s'entretenir avec lui de la situation.

M. Bassil a également rencontré le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, qui se trouve actuellement à Rome, sans faire de déclarations à l'issue de la réunion. Selon un communiqué du patriarcat, les discussions ont porté sur les récents développements et sur la visite du patriarche à Riyad. Mgr Raï a en outre envoyé avec le ministre Bassil une lettre au président Michel Aoun. Mardi, le patriarche s'est dit "convaincu" par les motifs de la démission de Saad Hariri.

En milieu de soirée, Gebran Bassil s'est entretenu à Rome avec le secrétaire d'État auprès du Saint-Siège, Petro Parolin, en présence du secrétaire auprès du Saint-Siège pour les Relations avec les États, l'archevêque Paul Richard Gallagher. Ils ont insisté lors de leur réunion sur l'importance de la stabilité interne libanaise. "Aucune partie au Liban ne doit se sentir lésée pour ne pas créer de déséquilibre", a souligné M. Bassil.

 

 

 

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commentaires (6)

C tres beau CA. mais alors, LIBERE POUR LEBERE pourquoi ne rentre t il pas au liban ?

Gaby SIOUFI

12 h 54, le 16 novembre 2017

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • C tres beau CA. mais alors, LIBERE POUR LEBERE pourquoi ne rentre t il pas au liban ?

    Gaby SIOUFI

    12 h 54, le 16 novembre 2017

  • La France en super puissance sait bien trancher tout litige surtout arabe . Bravo .

    Antoine Sabbagha

    22 h 16, le 15 novembre 2017

  • Quel intérêt pour le Liban? Macron fait de la com mais pour sa pomme et sur le dos du Liban

    guillaume bertrand

    20 h 06, le 15 novembre 2017

  • IL NE FAUT PAS ON OUBLIER QUE LA SAOUDITE ET LES PAYS ARABES DU GOLFE ONT UN PROBLEME AVANT TOUT AVEC LE HEZBOLLAH QUI EST MEMBRE DU GOUVERNEMENT ET DONT SES INTERVENTIONS ET ATTAQUES CONTRE EUX ENGAGENT MALGRE LUI TOUT LE PAYS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 09, le 15 novembre 2017

  • il vas le faire et a ce moment la ... la France qu'allez vous faire ... vous allez vous mettre l'arabie saoudite sur le dos et par la vous n'auriez meme plus de levier pour faire partie des règlements au MOYEN ORIENT

    Bery tus

    16 h 35, le 15 novembre 2017

  • J'espère qu'on ira pas dire que Macron est un sympathisant du hezb résistant quand même ! !!! Les vérités seront déballées comme telle pour couper court aux rumeurs des incrédules. ...

    FRIK-A-FRAK

    16 h 34, le 15 novembre 2017

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