L'incendie de signaux rouges et le hurlement des sirènes d'alarme s'apaisent progressivement, laissant croire qu'un épilogue de « l'affaire Saad Hariri » approche. Et pour commencer le compte twitter du Premier ministre a redémarré hier, avec ces lignes : « Mes amis, du calme ! Je me porte à merveille et serai parmi vous dans les deux jours. Ma famille est installée chez elle en Arabie saoudite. » Le Premier ministre débarquera discrètement dans le pays, pour des raisons de sécurité évidentes, croit-on savoir. Certains annonçaient même son retour pour ce mercredi à l'aube, mais hier soir on ne pouvait jurer de rien.
Car tout n'est pas encore dissipé du mystère qui a entouré la déclaration de démission fracassante de Saad Hariri, à partir de Riyad le 4 novembre dernier. À cette affaire, il est deux volets : l'un physique, l'autre politique. Sur le plan physique, et ce tant sur le plan international que sur le plan local ou arabe, le retour au Liban de M. Hariri est désormais considéré comme la preuve qu'il n'y a pas de restriction à sa liberté de mouvement. La question divise même les rangs du courant du Futur, dont un communiqué a mis en garde hier contre des voix dissidentes qui ne reflètent pas sa position officielle.
De toute façon, et le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, l'a redit clairement au sortir d'un entretien avec le président Macron, tant que M. Hariri ne sera pas rentré dans son pays, la campagne diplomatique pour clarifier cette affaire se poursuivra. En cas de nouvelle prolongation de son absence, ce sera aux instances internationales que le Liban en appellera. On apprenait dans ce cadre que le ministre français des AE, Jean-Yves Le Drian, prendra de nouveau le chemin de Riyad aujourd'hui.
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Volet politique
Pour le Premier ministre français, Édouard Philippe, le retour de M. Hariri à Beyrouth est important, mais il doit s'accompagner d'un volet politique proprement dit, notamment d'un engagement des partis libanais à tenir le Liban à l'écart des crises régionales et à ne pas s'ingérer dans les affaires d'autrui. Cette non-ingérence sera certainement au cœur de la conférence des ministres arabes des AE qui doit se tenir au Caire, dimanche, à la demande de l'Arabie saoudite, et à laquelle M. Bassil, qui a entamé une tournée européenne, n'est pas certain d'assister.
Entre-temps, M. Hariri a obtenu un nouvel appui à son coup de barre anti-ingérence en la personne du patriarche maronite lui-même, qui a achevé sa visite historique à Riyad en affirmant qu'il est lui-même « parfaitement convaincu » des arguments avancés par M. Hariri dans sa déclaration de démission. Entende qui a des oreilles pour entendre.
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15 h 07, le 15 novembre 2017