Des forces politiques au sein du 8 Mars ont réussi à détourner la démission du Premier ministre Saad Hariri de son objectif initial en se focalisant sur la forme de cet acte. M. Hariri serait ainsi, selon le 8 Mars, assigné à résidence en Arabie saoudite et s'exprimerait donc sous la contrainte. Le problème de fond à l'origine de la démission a été sciemment écarté. Par une manipulation habile, qui n'a rien à envier à la perversion, le Hezbollah et ses alliés ont pu substituer le thème du « retour du Premier ministre-otage de l'Arabie » à la revendication de distanciation du Liban vis-à-vis de la politique des axes, qui se trouvait au cœur de la démission du Premier ministre. Sur base de cette manipulation, le régime s'est mobilisé pour que tous les efforts internationaux convergent sur la « libération » de M. Hariri, plutôt que sur le problème essentiel, les armes du Hezbollah. L'Arabie saoudite a donc été tenue pour responsable d'une agression contre le Liban par le biais des pressions qu'elle exercerait sur le Premier ministre, et, partant, d'une ingérence flagrante dans les affaires intérieures du Liban, doublée d'un camouflet à la dignité des Libanais.
Aucun effort n'a été épargné par la machine médiatique du Hezbollah pour créer des scénarios autour de l'arrestation de M. Hariri pour implication dans des affaires de corruption, ou encore d'un alignement saoudo-israélien en vue d'une agression contre le Liban. Toutes ces allégations ont été démenties par la prestation télévisée du Premier ministre dimanche soir. Ce dernier a promis de retourner au Liban dans les prochains jours, recadrant le débat dans son contexte initial : l'ingérence du Hezbollah dans les affaires arabes, par le biais des équipées militaires du Hezbollah en Syrie, en Irak, au Yémen, au Bahreïn, au Koweït, en Égypte, et même dans certains pays occidentaux. C'est là le problème qui est à l'origine de sa démission. De plus, M. Hariri a reproché au Hezbollah d'avoir fait main basse sur le compromis qui a mené à l'élection de Michel Aoun à la présidence de la République, le 31 octobre 2016, pour imposer ses desiderata au pouvoir libanais, notamment concernant la normalisation avec le régime Assad, en dépit du fait que le discours d'investiture du président Aoun avait mis en exergue la nécessité pour le Liban de se tenir à l'écart des conflits régionaux et de sanctuariser la scène libanaise par le biais de la politique de distanciation.
Le choc positif voulu par M. Hariri pour rééquilibrer le compromis s'est donc transformé, grâce aux artifices du Hezbollah, en carte de pression sur l'Arabie – voire même en offensive organisée contre Riyad. Pourtant, des services de renseignements occidentaux ont bel et bien informé l'entourage de M. Hariri qu'une tentative d'assassinat était en préparation contre lui, d'où sa présence à Riyad, afin d'éviter un nouveau 14 février 2005, date de l'attentat à la voiture piégée qui avait coûté la vie à son père à Beyrouth. Le Premier ministre a bien dit dimanche que son appareil sécuritaire avait été victime de percées sécuritaires et qu'il œuvrait à le reconstituer.
Au final, le Hezbollah a donc renforcé encore plus son emprise sur l'exécutif, en hypothéquant totalement le compromis présidentiel, puisqu'il a réussi à imposer sa version des faits par le biais de ses organes d'information. Le régime s'est donc encore plus éloigné, à travers cet épisode, de la distanciation, en adoptant pleinement la version d'un axe bien précis.
Pour l'heure, Saad Hariri reste attaché à sa démission et au compromis politique, le retour à la politique de distanciation étant le seul élément à même de changer la donne. Le Premier ministre serait ainsi en train de tirer la sonnette d'alarme et de proposer une solution à la crise libanaise, qui ouvrirait la voie à un retrait par le Hezbollah de ses troupes de Syrie, où une solution politique se met en place sous les hospices de Moscou et Washington. Des sources proches de Baabda indiquent dans ce cadre que le président Aoun est attaché aussi bien au compromis qu'à Saad Hariri et qu'il est possible d'œuvrer de concert pour rectifier le cours du compromis sur des bases claires, avec un retour à l'esprit de la déclaration de Baabda et à la neutralité du Liban.
Un retour au calme et à la normale se préciserait donc dans les prochains jours, loin des conflits extérieurs, avec la réapparition au Liban de Saad Hariri, en vue de préparer les prochaines législatives.
Des forces politiques au sein du 8 Mars ont réussi à détourner la démission du Premier ministre Saad Hariri de son objectif initial en se focalisant sur la forme de cet acte. M. Hariri serait ainsi, selon le 8 Mars, assigné à résidence en Arabie saoudite et s'exprimerait donc sous la contrainte. Le problème de fond à l'origine de la démission a été sciemment écarté. Par une...
commentaires (6)
OH combien il est facile au hezb de detourner l'attention etc.... OH combien il lui a tjrs ete TRES facile de sortir gagnant de n'importe quelle bataille inter-libanaise . observons un peu l'etat ds lequel se debattent - plutot l'etat de MANQUE de reaction pertinente , conjuguee des anti Hezb. avec juste raison puisque leur chef -sequestre ou pas- ne fait plus parti des anti hezb, geagea non plus, puisqu'ils choisi la startegie du hezb a commencer par aoun president .
Gaby SIOUFI
11 h 27, le 16 novembre 2017