Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, lors d'une conférence de presse à l'Ambassade du Liban à Paris, hier. AFP / Lionel BONAVENTURE
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, qui a entamé hier une tournée européenne sur fond de crise avec l'Arabie saoudite, depuis l'annonce de la démission du Premier ministre, Saad Hariri, à Riyad, a continué hier à développer l'idée selon laquelle seul un retour de M. Hariri au Liban serait à même de dissiper les soupçons et de prouver qu'il est libre de ses mouvements.
M. Bassil a été reçu dans l'après-midi à l'Élysée par le président français, Emmanuel Macron. « J'ai remercié Emmanuel Macron pour l'initiative qu'il entreprend pour le Liban face à cette situation exceptionnelle », a déclaré M. Bassil à l'issue de la réunion. Et lors d'un point de presse organisé à l'ambassade du Liban à Paris, il a insisté sur la priorité du retour de M. Hariri, éludant toutes les questions relatives à la confrontation qui a lieu entre l'Arabie saoudite et l'Iran. « Nous avons affirmé que c'est le Liban qui décide de sa politique interne et externe et ce, conformément à la volonté de son peuple qui élit ses représentants, a-t-il ajouté. Le Liban tient à sa décision libre. »
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En réponse à une question relative à la liberté de déplacement de M. Hariri, le ministre s'est abstenu de commenter, se contentant de la qualifier « d'anormale » et affirmant que son retour « est la seule chose qui puisse prouver qu'il est libre de rentrer ». « La France et nous-mêmes attendons le retour de M. Hariri dans son pays comme il l'a promis dimanche et à nouveau aujourd'hui pour en finir avec cette situation anormale », a dit M. Bassil. Dans un tweet posté hier, M. Hariri a affirmé qu'il rentrerait au Liban « dans les deux prochains jours ».
Pour le chef de la diplomatie, « c'est à M. Hariri de décider librement s'il souhaite rester Premier ministre ». « Il y a des règles constitutionnelles qu'il faut respecter pour qu'il présente sa démission, ou la retire. Ce qui nous importe, c'est qu'il soit dans des conditions libres et non comme aujourd'hui dans une situation ambiguë et pas normale », a-t-il souligné.
Interrogé par un journaliste sur l'éventualité que le Liban saisisse le Conseil de sécurité si M. Hariri n'est pas de retour au Liban la semaine prochaine, M. Bassil a répondu : « Le Premier ministre a lui-même défini le délai de son retour (quelques jours, NDLR) et le président a parlé d'un délai d'une semaine, sinon on devra recourir aux lois internationales. »
Et sur les accusations contre l'Iran d'ingérence dans le monde arabe à l'origine de la crise, M. Bassil s'est dit prêt au « dialogue », à condition qu'il ait lieu dans des conditions « normales ». « Nous ne voulons aucun mal au royaume saoudien et aucune ingérence dans ses affaires, mais nous voulons aussi protéger le Liban et nous espérons ne pas avoir à recourir aux lois internationales », a-t-il dit. « Le Liban tient à maintenir de bonnes relations avec l'Arabie et à la résolution des crises dans le cadre des relations bilatérales », a-t-il ajouté. Et M. Bassil de lancer : « Le Liban n'est pas un pays qui exporte le terrorisme et la violence ou qui s'ingère dans les affaires des autres pays. Le Liban veut vivre en paix et veut préserver son unité et sa stabilité. »
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Le risque de chaos
Dans un entretien accordé au Figaro, M. Bassil a indiqué que « tous les Libanais veulent avoir des relations fraternelles et privilégiées avec l'Arabie saoudite. Nous sommes tous attachés à préserver et à consolider ces relations », a-t-il dit. Interrogé sur les rumeurs qui circulent autour de la possibilité de voir Baha' Hariri, le frère de Saad, succéder à ce dernier, il a répondu : « Au Liban, le ralliement autour d'une personnalité politique s'exprime lors des élections. C'est la volonté démocratique du peuple qui amène les gens au pouvoir. Nous n'avons pas l'intention de changer de régime. Saad Hariri jouit d'un élan populaire en faveur de son retour. Des élections auront lieu en mai 2018. Nous verrons alors s'il en tire profit. »
M. Bassil a également évoqué, dans cet entretien, la menace que représente selon lui la présence massive de réfugiés syriens au Liban. « Ces gens peuvent devenir les vecteurs d'un chaos à travers des flux migratoires incontrôlés ou en rejoignant des groupes terroristes. Les possibles conséquences de ce chaos peuvent toucher l'Europe à tout moment. Emmanuel Macron est très conscient de cela et cherche à nous aider à faire prévaloir le dialogue sur la confrontation », a-t-il dit.
Outre Paris, M. Bassil doit se rendre à Londres, Rome, Berlin et Moscou.
Rifi contre-attaque
Commentant la tournée de M. Bassil en Europe, l'ancien ministre Achraf Rifi a indiqué, dans une déclaration à la presse, que « cette visite a pour objectif de falsifier la réalité au sujet de la démission du Premier ministre Saad Hariri ». M. Rifi, qui a considéré que M. Bassil était un ministre « démissionnaire », a estimé qu'il joue le rôle de « ministre affecté au Hezbollah ». « Il vient relayer le missile envoyé par le parti chiite en direction de Riyad », a-t-il dit, dans une allusion au missile tiré par les rebelles houthis le 4 novembre à partir du Yémen, et qui a été intercepté par la défense anti-aérienne saoudienne. « Au lieu d'agir en tant que ministre de tout le Liban, il œuvre à assurer une couverture à l'influence iranienne dans le monde arabe qui s'exerce à partir du Liban », a-t-il dit. L'ancien ministre a ajouté que la « tutelle iranienne su le Liban est la cause de la crise. La falsification de la réalité ne sert plus à rien. Quant à la performance théâtrale mettant en scène une solidarité (nationale) simulée, elle ne réussira pas à dévier l'attention du rôle joué par le Hezbollah et ses alliés ».
M. Bassil a été reçu dans l'après-midi à l'Élysée par le président français, Emmanuel Macron. « J'ai remercié Emmanuel Macron pour l'initiative qu'il entreprend pour le Liban face à cette situation exceptionnelle », a déclaré M. Bassil à l'issue de la réunion. Et lors d'un point de presse organisé à l'ambassade du Liban à Paris, il a insisté sur la priorité du retour de M. Hariri, éludant toutes les questions...
BEN qu’il n’y est plus menaces sur lui et sur sa famille ....
19 h 26, le 15 novembre 2017