Michel Aoun s’entretenant avec Amine Gemyel à Baabda hier. Photo Dalati et Nohra
Certains jugent normal que le chef de l'État, Michel Aoun, opte pour des concertations politiques élargies dans les circonstances actuelles, alors que d'autres s'attendent à une initiative politique de la part de M. Aoun pour mettre fin à la crise dans laquelle la démission surprise, samedi depuis Riyad, du chef du gouvernement, Saad Hariri, a plongé le pays. Mais de sources proches de Baabda, on continue de soutenir que le président attend le retour de Saad Hariri pour comprendre les motifs de sa décision, et on fait valoir que le président de la République a profité de ses entretiens avec les anciens chefs d'État, de gouvernement et de Parlement, ainsi qu'avec les dirigeants des partis politiques pour insister sur l'importance de l'unité nationale et de la préservation de la stabilité.
Dans un entretien accordé à L'Orient-Le Jour, l'ancien chef de l'État Amine Gemayel, qui faisait partie des personnalités reçues hier à Baabda, estime que « le président essaie de gagner du temps pour tenter, loin de toute tension politique, de régler le problème survenu après la démission de Saad Hariri ».
Prié d'exposer les choix possibles de M. Aoun face à la crise actuelle, Amine Gemayel est catégorique : « Il faut revenir à la Constitution et la respecter à la lettre. » Selon lui, « même si on a outrepassé les textes constitutionnels dans plusieurs dossiers, dont notamment l'adoption du budget 2017 et la non-tenue des élections partielles, il est aujourd'hui crucial d'appliquer le mécanisme constitutionnel pour former la nouvelle équipe ministérielle ». « Il s'agit de convoquer les blocs parlementaires à des consultations contraignantes pour nommer le Premier ministre, et lancer les négociations de formation du cabinet », dit-il, reconnaissant, toutefois, que plusieurs nœuds pourraient bien entraver cette démarche pour des raisons diverses.
À l'heure où d'aucuns ne cachent pas leurs craintes quant à une « difficile » désignation du successeur de Saad Hariri au Grand Sérail, compte tenu de l'épreuve de force entre les deux poids lourds de la région, l'Iran et l'Arabie saoudite, et de la nouvelle donne générée par la démission de M. Hariri, l'ancien président de la République reste prudent : « C'est le mécanisme constitutionnel (de formation de gouvernement) qui devrait permettre de nommer le nouveau Premier ministre », insiste M. Gemayel, faisant état d'une certaine « tension aujourd'hui au sein de la communauté sunnite ». Il en veut pour preuve les tentatives d'unifier la position sunnite dont témoigne aujourd'hui le défilé de personnalités à Dar el-Fatwa.
(Lire aussi : De poudre et de béton, l'éditorial de Issa GORAIEB)
La neutralité
Si la démission de M. Hariri a plongé le pays dans une de ses crises politiques et constitutionnelles les plus graves, elle a dans le même temps jeté le Liban dans l'arène de la guerre des axes régionaux.
À cet égard, Amine Gemayel ne trouve de meilleur remède que la neutralité, slogan longtemps brandi par le parti Kataëb. « La neutralité n'est plus une simple option (théorique), surtout que notre pays est formé de 18 communautés religieuses et qu'il interagit avec son entourage régional. Il est temps de revenir à la déclaration de Baabda (du 11 juin 2012) approuvée aussi bien par le Hezbollah (qui s'est dédit par la suite) que par le reste des protagonistes », insiste Amine Gemayel.
À une question concernant le sort du compromis politique élargi qui avait donné le coup d'envoi au sexennat Aoun et auquel s'étaient opposés les Kataëb dirigés par Samy Gemayel (fils d'Amine Gemayel), l'ancien chef de l'État se contente de rappeler que « l'heure n'est pas au triomphalisme, mais à la sauvegarde du pays ».
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Certains jugent normal que le chef de l'État, Michel Aoun, opte pour des concertations politiques élargies dans les circonstances actuelles, alors que d'autres s'attendent à une initiative politique de la part de M. Aoun pour mettre fin à la crise dans laquelle la démission surprise, samedi depuis Riyad, du chef du gouvernement, Saad Hariri, a plongé le pays. Mais de sources proches de...
commentaires (5)
Mr Daher etait backer par la syrie ... c'est la syrie qui a doubler aoun
Bery tus
15 h 41, le 08 novembre 2017