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À La Une - Evasion fiscale

Au cœur des "Paradise Papers", les liens d'affaires du ministre US au Commerce avec des proches de Poutine

Dix-huit mois après les "Panama Papers", de nouvelles révélations massives sur les circuits planétaires d'optimisation fiscale.

Les Paradise Papers dévoilent notamment que le ministre américain au Commerce, Wilbur Ross (photo), a gardé des parts dans une société ayant des liens d'affaires étroits avec un oligarque russe visé par des sanctions américaines et avec un gendre de Vladimir Poutine, selon le New York Times Photo d'archives/REUTERS/Brendan McDermid

Le secrétaire américain au Commerce en affaires avec des proches du Kremlin, la reine d'Angleterre qui investit aux Bermudes : l'ampleur mondiale de l'optimisation fiscale est mise à nu par une enquête journalistique après une fuite massive de documents.

Dix-huit mois après les "Panama Papers" portant sur la fraude fiscale, le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), regroupant 96 médias de 67 pays, a commencé à dévoiler les "Paradise Papers". Ces révélations ont été jugées "choquantes" par l'Union européenne qui veut des "sanctions dissuasives".

Les informations de l'ICIJ s'appuient sur la fuite de 13,5 millions de documents financiers, provenant notamment d'un cabinet international d'avocats basé aux Bermudes, Appleby, obtenus par le journal allemand Süddeutsche Zeitung.

 

(Pour mémoire : Paradis fiscaux : l'opération "Panama Papers" provoque une onde de choc)

 

 

Wilbur Ross et les Russes
Ces documents dévoilent notamment que le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, a gardé 31% des parts de Navigator Holdings, une société de transport maritime dont l'un des principaux clients est l'entreprise russe de gaz et produits pétrochimiques Sibur.

Or parmi les propriétaires de Sibur figurent Guennadi Timtchenko, un proche du président russe, sanctionné par le Trésor américain après l'annexion de la Crimée, ainsi qu'un gendre de Vladimir Poutine, selon le New York Times.

"Navigator affrète juste des bateaux" pour Sibur, a déclaré M. Ross sur la BBC, ne voyant "absolument rien de répréhensible". Il a souligné que le contrat avait été négocié avant qu'il n'intègre le conseil d'administration de Navigator, et que l'entreprise Sibur elle-même n'avait "pas été sanctionnée". Mais M. Ross a dit aussi sur Bloomberg TV qu'il allait "probablement" vendre le reste de ses parts dans Navigator.

Parmi les autres clients de cette société figure le groupe pétrolier d'Etat vénézuélien PDVSA, frappé par des sanctions de Washington depuis l'été.

Le cas du secrétaire au Commerce, financier réputé, pourrait poser des problèmes éthiques, estime Richard W. Painter, ancien responsable du bureau d'éthique sous la présidence de George W. Bush.
Contacté par l'AFP, le département américain du Commerce a néanmoins jugé que le secrétaire respectait les normes du gouvernement, ajoutant que M. Ross n'avait "jamais rencontré les actionnaires de Sibur mentionnés".

Un an après son élection, le mandat du président américain Donald Trump reste empoisonné par les enquêtes sur une éventuelle collusion entre son équipe de campagne et la Russie.

Aucune réaction n'avait été rendue publique lundi à Moscou sur l'affaire Ross-Sibur.
Des hommes politiques russes ont en revanche minimisé des fuites distinctes des Paradise Papers visant deux sociétés publiques, la VTB, deuxième plus grande banque russe, sous le coup de sanctions américaines, qui aurait investi dans Twitter, et Gazprom, le géant gazier russe, qui aurait financé indirectement un instrument de placement possédant des parts de Facebook.
Ces fuites cherchent à "favoriser les émotions avec des formulations confuses", a accusé un responsable du Sénat russe, Constantin Kosachev, cité par l'agence officielle RIA Novosti.

 

(Lire aussi : Que risque Donald Trump dans l'enquête sur les ingérences russes ?)

 

Elizabeth II, les Îles Caïmans et les Bermudes
Les informations diffusées par l'ICIJ ne se limitent pas aux affaires américaines et russes.
Au Royaume-Uni, une dizaine de millions de livres sterling d'avoirs de la reine Elizabeth II ont été placés dans des fonds aux Îles Caïmans et aux Bermudes, selon la BBC et The Guardian. Ces placements - pour une valeur de 10 millions de livres (11,3 millions d'euros) - ont été réalisés via le Duché de Lancaster, domaine privé de la souveraine et source de ses revenus. Les fonds placés dans ces paradis fiscaux sont investis dans de nombreuses sociétés, dont Brighthouse, une société de location avec option d'achat de meubles et de matériel informatique accusée de profiter de la misère, ou encore une chaîne de magasins de spiritueux aujourd'hui en dépôt de bilan.

"Tous nos investissements font l'objet d'un audit complet et sont légitimes", a affirmé à l'AFP une porte-parole du Duché de Lancaster. "Nous effectuons un certain nombre d'investissements, dont quelques avec des fonds à l'étranger". Ces derniers ne représentent que 0,3% de la valeur totale du Duché, selon elle.

Le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn a réagi sur Twitter, estimant qu'"il y a une règle pour les super riches, une autre pour les autres quand il s'agit de payer les impôts".

 

 

L'ami milliardaire de Justin Trudeau
Au Canada, le milliardaire Stephen Bronfman, à la tête de l'ex-société de vins et spiritueux Seagram, a placé avec son parrain Leo Kolber 60 millions de dollars américains (52 millions d'euros) dans une société offshore aux Iles Caïmans, a révélé le Toronto Star. Cet ami de Justin Trudeau, responsable de la collecte de fonds lors de la campagne électorale de 2015 pour le compte du parti libéral canadien, pourrait être encombrant pour le Premier ministre, élu sur des promesses de réduction des inégalités et de justice fiscale.

Au Brésil, les ministres de l'Économie et de l'Agriculture, Henrique Meirelles et Blairo Maggi, ont à leur tour nié toute irrégularité après que leurs noms ont été liés à des sociétés offshore dans des paradis fiscaux.

 

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Merci pour votre remarque, l'erreur a été corrigée Bien à vous

L'Orient-Le Jour

14 h 36, le 06 novembre 2017

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Commentaires (2)

  • Merci pour votre remarque, l'erreur a été corrigée Bien à vous

    L'Orient-Le Jour

    14 h 36, le 06 novembre 2017

  • PARAGRAPHE 5 LIGNE 1 SELON DES DOCUMENTS OU SELON LES DOCUMENTS MAIS PAS SELON LES DES DOCUMENTS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 33, le 06 novembre 2017

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