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Liban - Éclairage

Législatives anticipées : un épouvantail façon Berry ?

Le président de la Chambre et son bloc ont annoncé lundi leur intention de soumettre au vote une proposition de loi revêtue du caractère de double urgence amendant l'alinéa 2 de la loi 44 et fixant la fin du mandat de la Chambre actuelle au 31 janvier 2018. Dans la loi en vigueur, ce mandat prend fin le 21 mai 2018. N'ayant pas figuré à l'ordre du jour de la séance d'hier, la proposition de loi, si elle n'est pas un épouvantail pur et simple, devrait l'être aujourd'hui. Le sera-t-elle et quel en est l'objectif réel ? Va-t-elle au-delà de la volonté de M. Berry de faire sentir son poids politique ?

On se perd en conjectures sur les raisons qui ont poussé le président de la Chambre, dans une démarche imprévisible, a lancer l'idée d'élections générales anticipées, sachant pertinemment que leur organisation en un si court délai est presque impossible.

Exposant les motifs de son texte, M. Berry a fait un renvoi direct au problème technique que pose l'usage de la carte d'identité biométrique, approuvé la veille par le Conseil des ministres en prévision des législatives du printemps prochain. « La rallonge du mandat du Parlement jusqu'au 21 mai prochain avait pour principale motivation les procédures de réforme en vue, dont l'usage de la carte biométrique », a déclaré le leader d'Amal. « La controverse autour de la possibilité d'imprimer cette carte dans les délais » l'a poussé à conclure que « les raisons exceptionnelles ayant justifié le report des législatives ne tiennent plus ». Par conséquent, « et par respect pour l'esprit de la loi de prorogation, le scrutin doit se tenir à la première occasion », a-t-il conclu sur ce point.

Le président de la Chambre a tenu compte aussi, disent ses proches, de l'opposition du parti Kataëb et des Forces libanaises à la production de la carte biométrique sans adjudication, en vertu d'un accord de gré à gré, sous prétexte que le temps manque pour qu'une adjudication soit organisée. Cette objection, a-t-il raisonné, va retarder l'organisation des élections, et peut-être conduire à une nouvelle « prorogation technique » du mandat de la Chambre, d'autant que tout le monde a pu constater la manière cavalière dont les élections partielles prévues cet automne ont été volontairement « oubliées ». À cet argument s'ajoute celui qui circule dans certains milieux pris de court par la nouvelle loi électorale et n'ayant pu faire marche arrière à la dernière minute, et qui souhaitent secrètement l'amender sur certains points, notamment sur le vote préférentiel, pour mieux en garantir l'issue en leur faveur.

Soit dit en passant, une anticipation de la date des élections justifie indirectement ceux qui ont décidé d'ignorer, par souci d'économie, les élections partielles, compte tenu de la proximité des dates de ces partielles et des élections générales.

 

(Lire aussi : Le coup de théâtre de Berry et ses interprétations)

 

 

Intérêt du tandem chiite
Selon des sources proches du tandem chiite, l'une des conséquences majeures d'une anticipation des élections serait d'avantager le mouvement Amal et le Hezbollah, dont l'électorat obéit aux consignes de vote, par rapport aux autres partis et courants, que cette décision prend de court.

En fait, confie-t-on dans les milieux concernés, le Hezbollah et Amal ont intérêt à court-circuiter le plus tôt possible les alliances entre les courants et partis qui leur font face et à empêcher la formation d'ententes ou d'alliances qui mettraient certains de leurs candidats en difficulté, dans les fiefs mêmes qu'ils contrôlent.

Notons aussi que le courant du Futur est hostile à un avancement de la date des élections, car il le priverait des précieux mois dont il a besoin pour se refaire une popularité dans une rue sunnite radicalisée par le triomphalisme du Hezbollah, directement lié aux armes qu'il utilise. Une progression de ces radicaux aurait l'énorme désavantage d'affaiblir le bloc parlementaire du Futur.

Mais la critique la plus acerbe de la proposition de M. Berry a émané hier du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, qui a presque accusé le président de la Chambre de vouloir torpiller les réformes contenues dans la loi 44, en particulier l'adoption de la carte biométrique et le vote des expatriés détenteurs de la carte d'identité libanaise.

Par ailleurs, M. Bassil s'est félicité aussi de la possibilité offerte cette fois aux expatriés de voter dans des bureaux reliés électroniquement aux listes électorales locales. Les milieux du CPL se félicitaient hier du coût relativement modique de cette opération : 211 millions de livres libanaises.

Sûr que la proposition de loi de M. Berry n'est qu'un ballon d'essai, le CPL se montre confiant dans le bon déroulement du scrutin, en mai prochain, et se félicite d'avance que des pays ayant manifesté le souhait de voir le scrutin se dérouler normalement, comme un signe de stabilité retrouvée du pays, ne seront pas déçus dans leur attente.

 

 

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Le président de la Chambre et son bloc ont annoncé lundi leur intention de soumettre au vote une proposition de loi revêtue du caractère de double urgence amendant l'alinéa 2 de la loi 44 et fixant la fin du mandat de la Chambre actuelle au 31 janvier 2018. Dans la loi en vigueur, ce mandat prend fin le 21 mai 2018. N'ayant pas figuré à l'ordre du jour de la séance d'hier, la proposition...

commentaires (2)

FACON GOUPILIOTE !

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 56, le 20 septembre 2017

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Commentaires (2)

  • FACON GOUPILIOTE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 56, le 20 septembre 2017

  • puisque vote il y aura, voyons voir des a present si amal et hezb peuvent l'emporter avec un nombre de voix pour , les 2/3 ou meme la 1/2 des parlementaires ! ce sera qd meme une sorte de test pour l'avenir des elections

    Gaby SIOUFI

    10 h 50, le 20 septembre 2017

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