Des jihadistes du groupe Etat islamique à bord d'un bus qui fait partie d'un convoi affrété pour les évacuer du Liban vers la Syrie, le 28 août 2017 dans le Qalamoun, à la frontière entre les deux pays. Photo REUTERS/ Omar Sanadiki
La coalition antijihadiste dirigée par Washington a mené un raid aérien pour empêcher un convoi de combattants du groupe Etat islamique (EI) évacués du Liban d'atteindre l'est syrien frontalier de l'Irak, a affirmé mercredi son porte-parole à l'AFP.
"Pour empêcher le convoi de se diriger plus à l'est, nous avons créé un cratère et détruit un petit pont", a affirmé le colonel Ryan Dillon, évoquant une "frappe aérienne mercredi", sans préciser la zone géographique où le raid a été mené. La coalition a ensuite précisé avoir "frappé des véhicules et des combattants clairement identifiés comme appartenant à l'EI" sur une route menant à la ville syrienne de Boukamal, à la frontière avec l'Irak.
Quelque centaines de combattants de l'EI ont été chassés ce weekend de la frontière libano-syrienne à la suite d'un accord qui devait leur permettre d'être évacués par bus vers la ville de Boukamal située dans Deir ez-Zor, dernière province syrienne aux mains des jihadistes et frontalière de l'Irak. L'accord a été négocié entre l'EI et le Hezbollah, bête noire des Etats-Unis qui le classe comme "organisation terroriste" tout comme l'EI. Mais la frappe de la coalition a bloqué le convoi aux portes de Deir ez-Zor, près de 48 heures après leur départ de la zone frontalière.
Cet accord était intervenu au moment où l'armée libanaise s'apprêtait à lancer l'ultime phase de sa bataille contre les jihadistes retranchés dans les jurds (hauteurs) de Qaa et Ras Baalbeck, dans la Békaa. L'institution avait finalement décrété dimanche matin un cessez-le-feu pour laisser place aux négociations sur le sort des otages militaires que l'EI avait kidnappés en 2014. Les corps de ces militaires ont été retrouvés dans le secteur et des tests ADN sont en cours.
(Lire aussi : Michel Aoun annonce "la victoire du Liban contre le terrorisme")
"Califat chancelant"
"L'EI est une menace mondiale; déplacer des terroristes d'un endroit à un autre (...) n'est pas une solution durable", a affirmé le colonel Dillon. Interrogé sur la présence des familles des combattants à bord des bus, il a affirmé que la coalition "savait qu'il y avait des civils". "Nous prenons cela en considération (...) si nous parvenons à les (jihadistes) frapper sans toucher aux civils, nous le ferons", a souligné le porte-parole. "La coalition surveille le mouvement du convoi en temps réel. En accord avec les lois régissant les conflits armés, la coalition agira contre l'EI au moment et dans le lieu où elle le pourra", a-t-il poursuivi.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme a indiqué à l'AFP que les bus se trouvaient toujours il y a quelques heures à Hmeimah, une ville syrienne située à quelques dizaines de km de la frontière irakienne.
L'accord sur l'évacuation des jihadistes du Liban a provoqué l'indignation en Irak et des critiques de la part des Américains. Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi s'est ainsi dit mardi "très inquiet" de la présence "inacceptable" de jihadistes à la frontière de son pays.
Le chef du Hezbollah a réagi mercredi aux critiques irakiennes, en publiant un communiqué dans lequel il s'est voulu rassurant. Le leader chiite a rappelé que l'accord prévoyait le transfert des jihadistes de l'EI d'une zone (Qalamoun-ouest) à une autre (Deir el-Zor), toutes deux se trouvant en Syrie et non du territoire libanais vers l'Irak. Hassan Nasrallah a dans ce contexte affirmé que le nombre de jihadistes évacués était "minime", l'évaluant à 310, et assurant que ceux-ci sont "démoralisés et ne changeront pas le cours de la bataille à Deir ez-Zor".
Mercredi, l'émissaire du président américain auprès de la coalition anti-EI, Brett McGurk, a lui aussi critiqué l'accord. "Les terroristes de l'EI doivent être tués sur le champ de bataille et non pas être (évacués) à bord de bus à travers la Syrie jusqu'à la frontière irakienne, sans le consentement de l'Irak", a-t-il tweeté. "Notre coalition fera en sorte que ces terroristes ne puissent jamais entrer en Irak ou s'échapper de ce qui reste de leur 'califat' chancelant", a-t-il encore ajouté. Il faisait référence au "califat" autoproclamé par l'EI en 2014 sur les territoires qu'il a conquis en Irak et en Syrie et où il a fait régner la terreur avant qu'il ne soit visé par une série d'offensives qui l'ont chassé de plusieurs de ses fiefs.
L'accord d'évacuation est également très controversé au Liban, où beaucoup ont exprimé leur indignation de voir les jihadistes de l'EI partir à bord de "bus climatisés" après avoir exécuté des soldats libanais.
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commentaires (5)
2 vraies raisons piégés pour cette attaque , 1) pour une guerre chiite sunnite , un accord fait par ces 2 protagonistes est mal vu par les routeurs de bordel 2) les " coalises" n'ont fait que punir leurs employés wahabites pour avoir accepter de détaler devant les forces de la résistance. LA ZIZANIE N'A PAS MARCHÉ. ... AU FAIT , MAIS OUI , ON N'ENTEND PLUS PARLER DE GUERRE CHIITE SUNNITE ........
FRIK-A-FRAK
10 h 36, le 31 août 2017