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Liban - Polémique

Hajj Hassan et Zeayter à Damas « en mission officielle »

« Une visite qui n'a pas obtenu le consensus au sein du gouvernement se fait à titre personnel », affirme une source proche du Grand Sérail à « L'OLJ ».

Hussein Hajj Hassan, s’exprimant devant les médias syriens, hier, à Damas. Photo Sana

Les ministres de l'Industrie Hussein Hajj Hassan (Hezbollah) et de l'Agriculture Ghazi Zeayter (Amal) sont arrivés hier à Damas pour participer à la Foire internationale qui s'y ouvre aujourd'hui, en réponse à une invitation du ministre syrien de l'Économie et du Commerce, Mohammad Samer el-Khalil. Ils devraient être suivis aujourd'hui du ministre des Transports et des Travaux publics, Youssef Fenianos (Marada).

L'annonce de cette visite en Conseil des ministres, la semaine dernière, avait déclenché toute une polémique sur la question de la normalisation des rapports entre Beyrouth et le régime Assad, recréant le clivage entre les forces du 14 Mars, hostiles à tout rapport officiel avec Assad, et les forces du 8 Mars, qui soutiennent ouvertement le régime syrien.

Plus largement, les opposants à la visite ont estimé qu'elle s'inscrivait dans le cadre d'efforts soutenus de la part de l'axe irano-syrien de satelliser à nouveau le Liban à Assad, au lendemain des appels du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à une coordination directe entre Beyrouth et Damas pour régler la question du retour des réfugiés syriens au bercail, puis à une coordination entre l'armée libanaise et l'armée syrienne dans les combats contre le groupe État islamique à la frontière, dans le jurd de Qaa et Ras Baalbeck. L'objectif serait double : renflouer d'une part le régime Assad en lui assurant un « poumon » politique à travers le Liban officiel et ancrer définitivement le Liban sur le plan stratégique dans l' « axe de la résistance » Damas-Téhéran.

Pour les partis hostiles à cette initiative, notamment le courant du Futur du Premier ministre Saad Hariri, c'est à titre personnel que les deux ministres effectuent leur déplacement à Damas. Selon une source proche du Premier ministre à L'Orient-Le Jour, « le caractère officiel ne saurait être reconnu à cette visite, à partir du moment où il n'y a pas eu de consensus sur ce dossier en Conseil des ministres ».
Pourtant, le ministre Ghazi Zeayter a immédiatement asséné un camouflet hier à cette logique en affirmant, à son arrivée, qu'il « effectue cette mission officielle en tant que ministre au sein du gouvernement libanais, sur base des directives du président de la Chambre et chef du mouvement Amal, Nabih Berry, qui a insisté sur la tenue de cette visite en Syrie ».

 

(Pour mémoire : « Nos ministres iront en Syrie de toute façon », assène le Hezbollah)

 

Hajj Hassan et Zeayter
À Damas, le ministre Hussein Hajj Hassan, qui avait également souligné sa volonté de faire le déplacement à titre officiel, s'est dit « honoré » d'entamer une visite en terre syrienne, affirmant qu'il rencontrerait, durant sa visite, le Premier ministre syrien ainsi que les ministres de l'Industrie, de l'Économie, de l'Agriculture, des Travaux publics et de l'Habitat, pour discuter de questions économiques communes.
« À l'occasion, nous féliciterons le directoire syrien, son peuple et son armée pour les victoires réalisées par les Syriens et leurs alliés contre le terrorisme et le projet américano-israélien qui a pris la Syrie pour cible », a indiqué M. Hajj Hassan. « Nous sommes pleinement convaincus que les relations historiques libano-syriennes fondées sur une histoire, une géographie et des intérêts communs sont profondes et continueront à exister. Nous avons, en tant que Libanais, tout intérêt à consolider ces relations et à les développer », a-t-il ajouté.

Ghazi Zeayter a lui aussi estimé que « les relations libano-syriennes se maintiennent, de même que les accords conclus entre les deux pays », et qu' « il est dans l'intérêt des deux pays de les redynamiser ». « Il est également de notre intérêt en tant que Libanais et Syriens de triompher du terrorisme takfiriste », a poursuivi M. Zeayter, en souhaitant que « la visite ait des résultats positifs en dépit de tout ce qui a été dit à son sujet ». « Les relations entre le Liban et la Syrie n'ont jamais été rompues ; elles sont représentées par les traités et les accords communs et par le Conseil supérieur libano-syrien qui continue de fonctionner, a-t-il ajouté. La stabilité de la Syrie est dans l'intérêt du Liban, et vice-versa. Si nous ne nous unissons pas entre pays arabes, nous perdrons tous. Nous appelons à la solidarité et l'unité entre frères arabes », a-t-il conclu.

 

(Lire aussi : Nasrallah revient à la charge : Nous entendre avec la Syrie relève de l’intérêt national)

 

Le Hezbollah
Parallèlement, le Hezbollah a poursuivi hier son forcing pour ré-ancrer le Liban à l'axe syro-iranien. Dans un discours prononcé lors d'une cérémonie funèbre à Tayr Debba (caza de Tyr), le député du bloc du Hezbollah, Nawaf Moussaoui, s'en est pris « aux forces politiques libanaises hostiles à la résistance », les appelant à « revoir leurs calculs politiques à la lumière des nouvelles réalités sur le terrain », notamment, selon lui, l'échec des États-Unis à empêcher la jonction entre la Syrie et l'Irak à travers la base d'al-Tanaf, l'effondrement de l'opposition syrienne à Assad et la normalisation des rapports entre Amman et Damas. Aussi, M. Moussaoui a-t-il appelé le camp opposé à la résistance au Liban « à ne pas prêter l'oreille aux émissaires américains directs et indirects »,selon lesquels la région serait à la veille d'un bouleversement stratégique, à la suite de la rencontre entre les présidents Donald Trump et Vladimir Poutine. Au contraire, selon M. Moussaoui, « l'axe de la résistance est à la veille d'une victoire totale ».

Concernant la polémique relative aux rapports avec la Syrie – non seulement la visite des deux ministres, mais aussi la coordination entre l'armée libanaise et l'armée syrienne – le député du Hezbollah a estimé que « cette campagne n'est pas dirigée contre nous ». « Ce n'est pas le Hezbollah et ses ministres qui sont visés, dans la mesure où nous n'avons jamais rompu nos visites et notre coordination avec la Syrie. Nous nous y trouvons. L'objectif réel de ces campagnes est de ligoter l'armée libanaise sur le terrain. Mais les propos déterminants du président de la République concernant la bataille ont mis fin à cela », a-t-il ajouté, soulignant que le Hezbollah avait fait ce qu'il fallait pour « protéger l'armée libanaise et empêcher qu'elle ne soit isolée dans la bataille contre l'EI ».

Plus concis, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, a résumé la situation en quelques phrases, mardi, à l'issue d'une rencontre avec l'ancien député Jihad Samad : « L'équation armée-peuple-résistance est indestructible. C'est la meilleure pour le Liban souverain, libéré et indépendant. (...) Le Liban a désormais une position et une décision indépendantes grâce à ce triptyque de la victoire. »

 

Michel Pharaon
Aux antipodes de la position du Hezbollah, le ministre d'État à la Planification, Michel Pharaon, a estimé hier que « les visites de certains ministres à Damas ne faisaient l'objet d'aucun consensus, que ce soit au sein du cabinet actuel ou d'anciens gouvernements ». « Cette visite est en contradiction avec le compromis politique qui a permis à Michel Aoun d'accéder à la présidence de la République et selon lequel le Liban doit être neutre par rapport aux conflits régionaux, surtout ceux qui ont cours en Syrie, ce que stipulent le discours d'investiture et la déclaration ministérielle », a affirmé M. Pharaon dans une déclaration.
« Ces visites ne bénéficient pas de la couverture du gouvernement et le Liban n'a pas intérêt à être dans une position opposée à celle du consensus arabe dans ce domaine. Partant, il s'agit de visites personnelles. Sinon, elles conduiront à une grosse polémique interne qui affectera le gouvernement et le climat politique général, a souligné Michel Pharaon. C'est le gouvernement libanais qui représente le Liban, pas certains partis. »

 

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commentaires (7)

Haret kell min ido elo! Chi kteeeeer helo.... Nous vivons dans une FERME, un point c'est tout!

Georges MELKI

20 h 48, le 17 août 2017

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Commentaires (7)

  • Haret kell min ido elo! Chi kteeeeer helo.... Nous vivons dans une FERME, un point c'est tout!

    Georges MELKI

    20 h 48, le 17 août 2017

  • IL NE FAUT PAS DES APPROBATIONS OU DU CONSENTEMENT AUX SUBORDONNES POUR ALLER RENDRE HOMMAGE A LEURS MAITRES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 40, le 17 août 2017

  • Image éloquente de l'unité du pays, de la centralité des décisions

    LeRougeEtLeNoir

    13 h 55, le 17 août 2017

  • Le gouvernement reçoit ses directives du du president de la chambre ... ???!!!??? Et mon c*l c'est du poulet !

    Remy Martin

    13 h 22, le 17 août 2017

  • Aussi, M. Moussaoui a-t-il appelé le camp opposé à la résistance au Liban « à ne pas prêter l'oreille aux émissaires américains directs et indirects »,selon lesquels la région serait à la veille d'un bouleversement stratégique, à la suite de la rencontre entre les présidents Donald Trump et Vladimir Poutine. Au contraire, selon M. Moussaoui, « l'axe de la résistance est à la veille d'une victoire totale » Les usa ont fini par comprendre tout comme la bensaoudie : Assad ne partira pas. Pourquoi le Liban devra-t-il alors s'obstiner et refuser de normaliser avec Bashar le héros ? H.N a d'ailleurs évoqué au cours de son récent discours les terrains de coopération multiples qui existent entre les deux voisins et qui pourraient booster leur économie respective. C'est en ce sens que deux membres du cabinet libanais se sont rendus à Damas. Et ce déplacement est la première visite de ce niveau depuis le début du complot en Syrie en 2011. Le ministre libanais de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan (G) et le ministre libanais de l'Agriculture, Ghazi Zeaïter ,En réponse à l'invitation Adib Mayali, ministre syrien de l’Économie. Ces deux ministres libanais se sont déplacés en Syrie en dépit de l’opposition affichée par le courant pro-saoud mais ils ont bénéficié du feu vert de Saad Hariri. Ce qui, selon les analystes, constitue un pas en avant. CETTE COOPERATION IRA DE L'AVANT , N'EN DEPLAISE A israel .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 14, le 17 août 2017

  • Mais le ministre du hezb à bien dit aussi qu'il aurait espérer être en mission officiel mais à expliquer et avec éloquence pq elle ne l'est pas !!

    Bery tus

    06 h 44, le 17 août 2017

  • Ghazi Zeayter prétend qu'il « effectue cette mission officielle en tant que ministre au sein du gouvernement libanais, sur base des directives du président de la Chambre.Il me semble que les ministres reçoivent leurs directives du chef du gouvernement et non du président de l'Assemblée.

    Yves Prevost

    06 h 17, le 17 août 2017

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