Le Hezbollah a poursuivi hier son offensive politique en faveur d'une coordination politique entre Beyrouth et Damas.
« Il est tout à fait normal que nos ministres aillent en Syrie », a affirmé hier le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohammad Fneich, lors d'une cérémonie à Wadi Houjeir (Liban-Sud). « Nous voulons assurer les intérêts du Liban, et la relation avec la Syrie est une relation entre deux États qui possèdent des relations diplomatiques, des traités et des intérêts communs que nul ne peut ignorer », a indiqué M. Fneich. « Le document d'entente nationale de Taëf dispose que les relations avec la Syrie sont privilégiées. Partant, et loin des positions d'un certain camp politique, il est normal que des ministres acceptent une invitation pour discuter de ce qui est dans l'intérêt commun des deux pays ou dans l'intérêt des Libanais », a-t-il ajouté. « Lorsque certains nous imposent leur point de vue pour interdire cette visite, cela va à l'encontre du pacte national, des traités et des relations diplomatiques en cours. Cela va aussi à l'encontre de ce que nous avons convenu au gouvernement (...) », a noté Mohammad Fneich. « De toute façon, les ministres iront en Syrie (...) dans l'intérêt national », a-t-il conclu.
« Nous n'avons pas besoin d'une décision du roi ou des États-Unis pour un retour des relations avec la Syrie », a affirmé de son côté le député Nawaf Moussaoui à Saïda. « Notre intérêt à nous, avant celui des Syriens, est de rétablir notre relation avec notre seul voisin, pour ne pas dire notre seul frère du point de vue géographique », a indiqué M. Moussaoui. « Nul ne saurait lire la réalité politique régionale et internationale et garder les mauvaises options qu'il a choisies depuis des années », a-t-il ajouté, appelant ses détracteurs à « opérer une relecture de cette nouvelle réalité ».
Quant au chef du Parti syrien national social, le ministre Ali Kanso, il a estimé hier dans un communiqué que la coordination entre le Liban et la Syrie sur le plan officiel constitue « une nécessité et un intérêt national ».
Geagea
Aux antipodes des partis du 8 Mars, le président des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, s'est demandé hier sur son compte Twitter « où est l'intérêt supérieur libanais dans l'ouverture officielle sur le régime de Bachar el-Assad ».
« Cet intérêt supérieur est-il dans les investissements que le régime va placer au Liban, ou dans la rupture des investissements des pays du Golfe au Liban ?
s'est interrogé le leader FL. Est-il dans les touristes qu'Assad va nous envoyer au Liban, ou dans ceux du Golfe, qui boycotteront définitivement le Liban dans ce cas ? Est-il dans l'échange commercial, surtout agricole, lorsque les souks libanais seront inondés de produits soutenus par le régime Assad et trafiqués, ou dans la rupture de ce qui reste comme relation entre le Liban et les pays du Golfe ? Est-il dans l'ouverture sur un régime qui s'en va de toute façon, ou dans la rupture avec une vingtaine de pays arabes stables et qui vont demeurer ? Est-il dans la poursuite des contacts avec un régime isolé sur le plan international, ou en donnant à la communauté internationale l'image d'un Liban annexé par l'axe iranien, ce qui engendrera plus de pressions, d'isolement et de sanctions contre lui ? »
« De grâce, laissez-nous traverser cette période dans un minimum de paix et de stabilité (...) au lieu de plonger le Liban en plein cœur du conflit en cours », a ajouté M. Geagea, en précisant que toute visite d'un ministre libanais en Syrie « ne serait qu'à titre personnel, sans aucune relation avec le Liban officiel ».
Rifi s'en prend à Machnouk
Quant à l'ancien ministre Achraf Rifi, il s'en est pris hier au ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, l'accusant d'avoir ôté des banderoles qu'il avait fait accrocher à Tripoli contre la visite de ministres libanais à Damas, y voyant une atteinte à la volonté populaire de la ville, « un deuxième assassinat de Rafic Hariri et un deuxième attentat contre les deux mosquées al-Taqwa et al-Salam ».
Accusant M. Machnouk d'assurer une couverture au mini-État du Hezbollah, M. Rifi s'en est pris à « l'aplatissement » des ministres au gouvernement « face à ceux qui violent la souveraineté du Liban ». « Comptez jusqu'à 10. Il s'agit de Tripoli et du Liban libre qui rejettent votre reddition. La demande de comptes de l'opinion publique viendra », a conclu Achraf Rifi.
commentaires (4)
les mêmes qui critiquent les ministres qui vont à Damas, c'est les mêmes qui vont en arabie saoudite
Talaat Dominique
18 h 22, le 16 août 2017