Le Hezbollah a été mis sur un pied d’égalité avec le groupe État islamique, au sommet arabo-américain de Riyad. Photo d’archives
À quoi attribuez-vous cette véhémence contre l'Iran et le Hezbollah dans un sommet principalement axé sur la lutte contre le terrorisme ?
À mon avis, cette véhémence dans les propos répond à une demande saoudienne. Ce qui intéresse le président américain, ce sont les contrats qu'il a signés pour des centaines de millions de dollars, sans compter qu'il n'a personnellement pas de problème à tenir ce langage à l'encontre de l'Iran. Mais pour ma part, c'est une phrase qui a retenu mon attention : en substance, Donald Trump a fait comprendre aux Saoudiens qu'il les soutient dans leurs combats, mais qu'il ne va pas les mener pour eux. En d'autres termes, les Américains ne vont pas envoyer leurs soldats combattre les Iraniens.
En fait, c'est comme si le président américain a donné aux Saoudiens ce qu'ils attendaient de lui. Pour ces derniers, le principal apport de cette visite est d'inverser la tendance qui avait prévalu lors du mandat de Barack Obama, et qui était de créer un équilibre entre l'Arabie saoudite et l'Iran par le biais de l'accord nucléaire. Même Donald Trump avait critiqué les Saoudiens avant son élection. Mais actuellement, ce qui l'intéresse, ce sont les contrats qui lui permettront de reconstruire l'infrastructure dans son pays. D'ailleurs, on peut constater que malgré les déclarations incendiaires, il n'a rien affirmé de spécifique, comme demander un changement de régime en Syrie par exemple.
Et pour ce qui est du Centre de lutte contre le financement du terrorisme, je me demande quel est son objectif. Rappelons qu'il existe déjà une alliance internationale contre le terrorisme et l'Arabie saoudite elle-même avait créé une institution ayant un rôle similaire. Quel besoin donc d'un nouveau centre ? À mon avis, il n'aura pas de réelle efficacité.
Durant le sommet, il a été question d'assécher les sources de financement du terrorisme. Si on joint cette déclaration aux attaques dirigées contre l'Iran et le Hezbollah, peut-on penser que de nouvelles sanctions sont envisagées contre l'Iran ?
De nouvelles sanctions contre l'Iran sont parfaitement possibles et il n'est pas étonnant que l'administration américaine actuelle les envisage. Mais il est désormais clair que Donald Trump ne peut pas annuler l'accord sur le nucléaire, bien qu'il puisse le freiner. On en voit souvent des signes, comme l'hésitation de compagnies européennes à collaborer avec l'Iran en vertu de cet accord, par exemple.
Pour ce qui est d'éventuelles sanctions contre le Hezbollah, je ne crois pas qu'elles s'avéreront très efficaces. À titre d'exemple, le président du conseil exécutif du Hezbollah Hachem Safieddine a été placé sur la liste des personnalités terroristes aux États-Unis, mais l'impact sur lui sera très limité en réalité.
Une réaction iranienne qui aurait des répercussions sur la stabilité du Liban est-elle à craindre ?
Je ne crois pas du tout que le problème se pose en ces termes. Des événements régionaux plus graves n'ont pas mis la stabilité du Liban en danger. D'ailleurs ni l'Iran ni le Hezbollah n'ont un quelconque intérêt à voir ce pays se déstabiliser.
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Il faut bien admettre , si l'on décode correctement en 3D , l'ensemble des messages diplomatiques ...qu'un nouveau processus de paix régional est en route....
18 h 58, le 22 mai 2017