De gauche à droite : le roi Abdallah de Jordanie, le roi saoudien Salmane, le président Donald Trump et cheikh al-Nahyane d’Abou Dhabi. Jonathan Ernst/Reuters
Elle aura beaucoup circulé cette vidéo montrant le président américain Donald Trump dansant, aux côtés de soldats saoudiens et du roi Salmane, la traditionnelle « danse du sabre ». Arrivé samedi à Riyad, le 45e président des États-Unis a reçu un accueil particulièrement chaleureux de la part du souverain saoudien. Si ses prédécesseurs réservaient traditionnellement leur premier déplacement à leur voisin direct – Mexique ou Canada –, M. Trump a choisi la monarchie pétrolière saoudienne. Un premier pas hors continent censé dessiner sa doctrine en politique étrangère, jusqu'ici difficile à esquisser.
Tourner la page de la doctrine Obama
Si le tapis rouge a été déroulé pour l'ancien magnat de l'immobilier, il ne l'avait pas été pour son prédécesseur. Il y a près d'un an, la monarchie saoudienne avait en effet réservé un accueil glacial à Barack Obama, critiqué pour avoir amorcé un début de rapprochement avec l'Iran, grâce notamment à l'accord sur le nucléaire conclu avec Téhéran. La doctrine Obama consistait à créer une sorte d'équilibre entre les deux puissances de la région, l'Arabie sunnite face à l'Iran chiite. L'ancien président américain avait d'ailleurs choisi un autre poids lourd sunnite de la région pour s'adresser au monde musulman, à savoir l'Égypte.
Revendiquant un contraste marqué avec son prédécesseur démocrate, Donald Trump s'est gardé, lors de son séjour à Riyad, de toute critique sur la question des droits de l'homme. « Nous ne sommes pas ici pour donner des leçons, nous ne sommes pas ici pour dire aux autres comment vivre », a-t-il affirmé. Cette « visite de la démesure », inscrite dans cette diplomatie-spectacle, a en revanche permis de conclure plusieurs contrats d'armements, dont la vente d'armes américaines à hauteur de près de 110 milliards de dollars. Un revirement diplomatique bien affiché, qui signe le retour de l'amitié entre les États-Unis et les monarchies du Golfe.
Dans un discours très attendu, prononcé à Riyad devant les représentants d'une cinquantaine de pays musulmans, M. Trump s'en est ensuite violemment pris à l'Iran accusé de « soutenir le terrorisme ». Pour Donald Trump, le message est clair : si son prédécesseur avait décidé de réchauffer les relations américano-iraniennes, lui souhaite « revenir aux alliances traditionnelles », précise le spécialiste de la politique américaine, Corentin Sellin, interrogé par L'Orient-Le Jour.
(Lire aussi : Ce qu'il faut retenir de la visite de Trump en Arabie)
Au-delà du spectacle, cette visite semble tuer dans l'œuf les velléités isolationnistes de l'ancien candidat républicain. « Avec cette visite, Donald Trump renoue avec la doctrine néoconservatrice bushienne, avec pour célèbre équation : le pétrole contre la sécurité », précise Karim Émile Bitar à L'Orient-Le Jour. Soutenant les régimes autoritaires arabes, il se fait le rempart de l'influence iranienne dans la région, quitte à fermer les yeux sur les dérives autoritaires de ses alliés. Son discours d'hier sur l'islam en est l'exemple. Devant une cinquantaine de dirigeants arabes, « The Donald » s'est fait le défenseur d'un islam « raisonnable et de bonne volonté » contre les porteurs du « mal ». Un paradoxe, selon Karim Émile Bitar, qui rappelle une campagne électorale profondément antisaoudienne et antimusulmane. Campagne qui lui avait d'ailleurs permis de mobiliser les franges les plus conservatrices aux États-Unis. Aujourd'hui, en « présidentialisant » son discours sur l'islam, Donald Trump risque néanmoins de se mettre en porte-à-faux avec son électorat qui reprochait justement à Obama de s'être prêté « au jeu du dialogue », explique Corentin Sellin.
Se « relégitimer »
« Ce n'est pas tant contre la doctrine Obama que pour faire taire ses détracteurs aux États-Unis » que Donald Trump a prononcé ce discours, estime par ailleurs le chercheur Corentin Sellin.
L'accueil saoudien contraste en effet avec la pression qui s'accumule sur le président américain suite à une série de révélations sur les liens entre sa garde rapprochée et la Russie. « Ils ont reçu Donald Trump en roi du monde au moment où celui-ci est traité par la presse de son propre pays comme un adolescent qui doit être mis sous surveillance », commente Karim Émile Bitar. Selon le chercheur, cette visite pourrait ainsi se présenter comme un énième spectacle visant à faire oublier ses récentes bévues. Pris dans la tourmente à l'intérieur, le président américain a vu sa popularité baisser en flèche. Le dernier sondage d'opinion de l'institut Gallup lui donnait une cote de popularité de 37 % contre 45 % au début de sa présidence. Une première pour un président élu il y a seulement quatre mois. Avec cette tournée dont Riyad est le point de départ, le locataire de la Maison-Blanche entend se « relégitimer ».
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MAIS ON NOUS CHANTAIENT DANS DES ARTICLES DE LA PIASTRE QUE LA SAOUDITE ETAIT EN FAILLITE ET QU,ELLE NE POUVAIT PAS HONORER LES 3 MILLIARDS POUR LES ARMES DU LIBAN... LA DESINFORMATION CONTINUE ET TROP DE SIMPLOTS ET DE NAIFS Y TOMBENT VICTIMES...
14 h 18, le 22 mai 2017