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Liban - Décryptage

Le temps ne joue peut-être pas en faveur du Liban...

« Le Liban ne devrait pas laisser passer cette chance unique de consolider ses institutions publiques au moment où la région tout entière est à la veille de grands changements. » Tel est le conseil donné par un diplomate d'un pays du Brics (nations émergentes: Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) en poste à Beyrouth, qui ne cache pas son incompréhension face à l'incapacité des différentes parties libanaises de trouver un accord sur une nouvelle loi électorale. Selon ce diplomate, au lieu de chercher à réaliser des changements fondamentaux dans le système politique, le Liban aurait tout intérêt à organiser au plus tôt des élections législatives qui refléteraient les rapports de force politiques actuels, à former un nouveau gouvernement et à relancer l'activité économique dans le pays, au lieu de rester à la merci des développements régionaux.

Tout en confirmant le fait qu'il n'y a actuellement aucune décision internationale ou régionale de déstabiliser le Liban, les priorités étant ailleurs, le diplomate précité n'exclut pas la possibilité d'un changement dans les positions politiques de nature à compliquer une situation qui l'est déjà suffisamment. Il précise ainsi que depuis plus de six mois, les dirigeants saoudiens ont laissé au Premier ministre libanais Saad Hariri la liberté de gérer la situation intérieure à sa convenance. Ils ont ainsi donné un aval du bout des lèvres à son appui à la candidature du général Michel Aoun à la présidence et ils l'ont laissé conclure avec ce dernier et avec son courant une alliance qui est aujourd'hui déterminante dans la vie politique libanaise. L'explication de cette attitude non interventionniste réside dans le fait que les Saoudiens étaient assez inquiets depuis l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, après ses déclarations hostiles aux musulmans en général et aux pays du Golfe en particulier. Ces pays avaient d'ailleurs misé sur l'élection de sa rivale Hillary Clinton. Ce changement à la tête des États-Unis ne pouvait donc qu'inquiéter les monarchies du Golfe en général peu enclines à tout changement, surtout qu'elles avaient le sentiment d'accumuler les revers sur le terrain syrien, avec la Russie, au Yémen et ailleurs.

 

(Lire aussi : Au sommet de Riyad, le début d'une offensive arabo-US contre le Hezbollah)

 

Toutefois, la politique étrangère du nouveau président américain, qui est en train de se préciser, a pris de nombreuses parties internationales de court, pour le grand bonheur des dirigeants saoudiens qui ont du coup saisi l'importance de l'opportunité. D'une part, Donald Trump a de graves problèmes intérieurs et il aurait donc besoin de montrer son envergure internationale pour compenser sa fragilité sur le plan local, et, de l'autre, l'appui des pays musulmans ne peut qu'être un atout pour lui, alors qu'on l'avait accusé d'islamophobie.

C'est dans ce contexte que se déroulent ce week-end à Riyad trois sommets successifs, le premier saoudo-américain, le deuxième entre les États-Unis et les dirigeants des pays du Golfe, et le troisième entre Donald Trump et une quarantaine de chefs d'État ou responsables musulmans. Les dirigeants saoudiens ont d'ailleurs préparé un accueil triomphal au président américain et misent sur ce triple événement pour d'abord se remettre en selle sur la scène régionale après la série de revers qu'ils ont essuyés, ensuite pour lancer le début d'une offensive destinée à contenir l'influence de l'Iran dans la région, sous la houlette des États-Unis. Dans ce contexte, il est clair que les dirigeants saoudiens ont bien pris soin de ne pas convier le président libanais à ce sommet, alors qu'ils ont adressé des invitations à une quarantaine de dirigeants arabo-musulmans. Si le Liban officiel cherche à minimiser l'importance de cette démarche, elle n'en reste pas moins la concrétisation d'une volonté délibérée d'ignorer le président libanais.

 

(Lire aussi : Et la puissance, alors ?... L'édito de Issa GORAIEB)

 

Le Premier ministre s'est empressé de mettre l'accent sur la coordination totale entre lui et le chef de l'État, et il a d'ailleurs décidé de se rendre à Riyad à la tête d'une importante délégation gouvernementale qui comprend les ministres des Affaires étrangères, de l'Intérieur et de l'Information. Mais le mal est fait. Même si le Liban sera amené à s'abstenir de voter les résolutions du sommet américano-arabo-islamique, selon sa politique officielle de neutralité, il n'en reste pas moins que la décision saoudienne risque de compliquer la situation intérieure. Forts de leur nouveau leadership du monde arabo-musulman consacré par la visite de Donald Trump à Riyad, les dirigeants saoudiens pourraient bien décider de recommencer à miser sur la communauté sunnite au Liban (et plus précisément sur le chef du courant du Futur en raison de ses responsabilités officielles) pour affaiblir le Hezbollah.

Le volet militaire de l'offensive contre ce parti sera laissé au terrain syrien, alors que le volet économique est réservé aux sanctions américaines qui visent l'environnement populaire, afin de monter contre lui la communauté chiite. Il restera alors le volet politique qui se traduira par le projet d'isoler le Hezbollah, d'affaiblir ses alliés non chiites et en même temps de semer la zizanie entre eux. Les tiraillements au sujet de la loi électorale pourraient bien s'inscrire dans ce cadre. Et le temps pourrait ne pas jouer en faveur du Liban. Tel est en tout cas le message que le diplomate du Brics a voulu délivrer.

 

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« Le Liban ne devrait pas laisser passer cette chance unique de consolider ses institutions publiques au moment où la région tout entière est à la veille de grands changements. » Tel est le conseil donné par un diplomate d'un pays du Brics (nations émergentes: Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) en poste à Beyrouth, qui ne cache pas son incompréhension face à l'incapacité...

commentaires (5)

Pour une fois, il faut rendre justice à votre analyse, même si venant de source très probable iranienne.. En effet, que pensez-vous qu'il arrivera au Liban depuis qu'il est dominé par une milice paramilitaire et dont le président est pris en otage par ses alliances contre nature pas nécessairement pour la bonne cause? Tant qu'on n'a pas compris que si l'on n'est pas capable de créer un nationalisme purement Libanais trans-communautaire et confessionnel, loin des influences régionales, ça ne peut que continuer d'aller de mal en pis... Or, ce n'est pas demain la veille, et tout le reste du bla bla inutile...

Saliba Nouhad

17 h 42, le 20 mai 2017

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Commentaires (5)

  • Pour une fois, il faut rendre justice à votre analyse, même si venant de source très probable iranienne.. En effet, que pensez-vous qu'il arrivera au Liban depuis qu'il est dominé par une milice paramilitaire et dont le président est pris en otage par ses alliances contre nature pas nécessairement pour la bonne cause? Tant qu'on n'a pas compris que si l'on n'est pas capable de créer un nationalisme purement Libanais trans-communautaire et confessionnel, loin des influences régionales, ça ne peut que continuer d'aller de mal en pis... Or, ce n'est pas demain la veille, et tout le reste du bla bla inutile...

    Saliba Nouhad

    17 h 42, le 20 mai 2017

  • A force de lire de telles fadaises Envie de se jeter d une falaise

    Ado

    09 h 44, le 20 mai 2017

  • COINCEE A ADMETTRE LE CHANGEMENT DE LA DONNE DANS LA REGION ET AU LIBAN, LA CONCLUSION DE L,ARTICLE FAIT RIRE... LE BARATIN S,EN EXHALE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 02, le 20 mai 2017

  • Vous attribuez sans doute a un diplomate du Brics votre propre pont de vue qui concorde comme d'habitude avec celui du Hezbollah

    Tabet Ibrahim

    07 h 41, le 20 mai 2017

  • Du Brics vous dites ?!? Pq ce fameux brics n'a pas encore ouvert une monnaie pour leurs échanges ?!?!

    Bery tus

    07 h 17, le 20 mai 2017

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