Rechercher
Rechercher

Et la puissance, alors ?

Cela ne ressemble en rien à un bal des débutantes, et encore moins à une lune de miel. Par la force des choses en effet, et en raison de la formidable charge politique, symbolique et autre dont il est porteur, le premier déplacement à l'étranger de tout nouveau président des États-Unis est un événement qui, de près ou de loin, intéresse la planète entière.

Significatif est le périple retenu pour ce voyage qui, en huit jours, et donc au pas de charge, mènera le chef de la Maison-Blanche en Arabie saoudite, en Israël, au Vatican, à Bruxelles et enfin en Sicile, pour le sommet du G7. Dans plus d'une de ces escales en effet, le président Trump va s'efforcer de refaire ce qu'a consciencieusement défait le candidat Trump durant sa campagne électorale. À tout royaume tout honneur : si c'est l'Arabie qui a la primeur de cette tournée, c'est pour une foule de raisons. Quoi qu'elle dise à propos des énergies alternatives disponibles, l'Amérique semble toujours soucieuse de s'assurer un accès privilégié aux premières réserves mondiales de pétrole. L'actuelle administration US a encore besoin de l'Arabie et de ses satellites pour mettre en échec ce turbulent, cet envahissant Iran, scandaleusement ménagé par Barack Obama, à en croire son successeur. Elle réserve ensuite à Riyad un rôle essentiel dans sa stratégie face au conflit de Syrie, où elle vient, une nouvelle fois, de prendre le contre-pied d'Obama en ordonnant, pour la toute première fois, des frappes aériennes contre des milices fidèles à Bachar el-Assad.

Plus décisive encore est la contribution escomptée du royaume, berceau du wahhabisme, à la lutte contre l'extrémisme religieux et son inévitable corollaire, le terrorisme : et cela d'autant qu'en butte elle-même désormais aux coups des fanatiques, l'Arabie a cessé d'être suspectée de sympathies jihadistes.

C'est précisément à cette fin qu'est voué le vaste sommet arabo-musulman qui se réunira durant ce week-end autour du président américain. Carrément taxé, lui, d'islamophobie, ce dernier se propose de faire amende honorable, de prêcher l'entente et la modération devant cette imposante assemblée et de clamer sa volonté d'œuvrer à un juste règlement de paix entre Arabes et Israéliens. Ce serait là, en quelque sorte, une réédition du célèbre discours que prononçait Obama à l'université du Caire, lors de ses premiers pas dans le monde, et dans lequel il faisait miroiter une nouvelle ère d'amitié et de coopération entre l'Occident et l'Islam.

Trump peut-il à son tour, par la magie d'un simple discours, redonner confiance et espérance à tous ceux qui attendent paix et prospérité d'une Amérique tenue pour toute-puissante ? Peut-il, pour le moins, faire illusion ? L'homme à l'extravagante houppe n'est pas le fringant et propret Obama qui investissait la Maison-Blanche sous les regards admiratifs du monde entier. Ce ne sont pas des casseroles que traîne Donald Trump, mais de véritables boulets, le plus pesant étant cette malédiction russe qui le poursuit, chaque jour apportant une nouvelle pièce à l'accablant dossier. Les dernières en date sont les renseignements confidentiels inconsidérément communiqués à Sergueï Lavrov et la désignation d'un procureur spécial chargé d'enquêter sur les interférences de Moscou dans l'élection présidentielle.

Toute-puissante vraiment, l'Amérique de Donald Trump, dont les problèmes internes portent déjà les spéculateurs à se ruer sur l'or ? S'il est bien une chose que respectent et redoutent les États de moindre envergure politique, économique et militaire, c'est bien la force sûre d'elle-même, l'autorité reconnue, incontestée. L'homme de toutes les outrances, qui se plaint d'être victime d'une féroce chasse aux sorcières, ne saurait répondre au profil.

----------------------------------------------------------

P-S : Tout comme pour Donald Trump, et toutes proportions évidemment gardées, le sommet de Riyad revêtira valeur de test pour Saad Hariri qui représentera le Liban à ces assises où le ton général promet de monter contre l'Iran. Que le Premier ministre omette de suivre le chœur, et c'est une nouvelle fois la crise avec l'ombrageuse Arabie saoudite. Qu'il mécontente au contraire le Hezbollah, et c'est bonjour les ennuis domestiques...

Issa GORAIEB
igor@lorientlejour.com

Cela ne ressemble en rien à un bal des débutantes, et encore moins à une lune de miel. Par la force des choses en effet, et en raison de la formidable charge politique, symbolique et autre dont il est porteur, le premier déplacement à l'étranger de tout nouveau président des États-Unis est un événement qui, de près ou de loin, intéresse la planète entière.
Significatif est le...