Victime de la brutalité de son mari, Amal Kh. était toujours admise hier soir à l'unité des soins intensifs à l'hôpital gouvernemental de Temnine, dans le nord de la Békaa. Son état de santé est stable, selon le médecin qui la suit.
Le nom de cette jeune femme de 18 ans vient s'ajouter à la longue liste des femmes victimes de violence domestique au Liban. Réfugiée syrienne, mère d'une petite fille de près de six mois, Amal a été férocement torturée par son mari, Hilal, 35 ans, et ses enfants d'un mariage précédent. La raison ? « Parce que son mari estime qu'elle est sale (sur le plan moral) », comme l'a confié la mère de la victime lors de l'enquête, précisant qu'il la soupçonnait de le tromper. « Si c'est le cas, tu aurais dû me le dire. Je serais intervenue. Tu n'avais pas à la frapper », avait répondu la mère à son gendre, selon l'enquête.
Selon les faits, Hilal et ses enfants ont essayé de couper la langue et les lèvres de la jeune femme, et de lui arracher les dents avec une pince en fer. Ils l'ont aussi frappée avec des broches en métal chauffées qu'ils ont tenté d'introduire – dans « des parties intimes » de son corps, selon l'enquête.
Cette torture a duré cinq jours, au terme desquels Amal a été admise en urgence à l'hôpital de Temnine. Le mari de la jeune femme a été arrêté par les services de renseignements dans le village de Saraïne, où le couple vit.
(Repère : Violence conjugale : ces Libanaises qui ont perdu la vie ces trois dernières années)
En ce qui concerne le dossier d'Amal, il est suivi par l'ONG Kafa à la demande de la mère de la victime. Cette ONG, qui assure à la femme le suivi psychologique et social nécessaires, attend que la victime retrouve ses forces pour qu'elle puisse agir sur le plan légal, une procuration d'Amal étant nécessaire. Mais aussi pour savoir ce que la femme veut.
Le crime a été condamné par Élie Keyrouz, député des Forces libanaises, qui a appelé la justice à « appliquer les sanctions les plus sévères à l'encontre du mari et de ses enfants, ces derniers étant toujours en liberté ». Dans un communiqué, il a affirmé « poursuivre le travail pour renforcer la protection de la femme, les droits de l'homme et sa dignité sur l'ensemble du territoire ».
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20 h 32, le 18 mai 2017