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Liban - Sécurité routière

Trop occupés à faire de la haute politique, nos dirigeants en oublient la route qui tue

Entre les chiffres de la CRL et ceux des FSI, une différence supérieure à deux fois et demie.

Chaque jour qui passe apporte son lot de morts et de blessés sur les routes du pays. Une véritable hécatombe en cette première moitié de 2017 avec déjà 2 774 accidents routiers et 3 582 blessés en moins de quatre mois, selon la Croix-Rouge libanaise. Rien qu'en 24 heures, une douzaine d'accidents de la route ont fait trois morts et une douzaine de blessés, selon le Centre de contrôle du trafic routier. Sur l'autoroute de Bohsas-Tripoli, baptisée l'autoroute de la mort car non éclairée durant la nuit, un automobiliste a heurté le muret de béton séparant les deux voies, avant-hier à l'aube. Bilan : un mort, Omar Mekkaoui, étudiant et fils du conducteur, et un blessé, le conducteur lui-même. Sur la route de Zikrit en direction de Nahr el-Kalb, un poids lourd a embouti une voiture. Bilan : deux blessés. Carambolage sur la voie ouest de l'autoroute de Amchit. Bilan : un ressortissant syrien grièvement blessé. Sur l'autoroute d'Amioun, un camion et un van transportant des passagers se sont heurtés. Bilan : un blessé...

 

Les chiffres officiels montrent... une amélioration
Que se passe-t-il réellement sur les routes libanaises, à l'heure où la Direction des Forces de sécurité intérieure publie un bilan en nette amélioration depuis la mise en application du nouveau code de la route, le 22 avril 2015 ? La police fait ainsi part, dans un rapport, d'une baisse moyenne de 22 % entre la tranche du 22 avril 2013-22 avril 2015 et celle du 22 avril 2015-22 avril 2017. « Ce qui a permis de sauver des centaines de vies », se félicite le rapport, reconnaissant toutefois qu'on n'en est « qu'au début du chemin », que « la sécurité routière est un long chemin semé d'embûches » et qu'il est « nécessaire que soit adoptée une stratégie routière globale, transport public y compris ».

 

(Pour mémoire : Application du code de la route : des progrès, mais beaucoup reste à faire)


Face au scepticisme affiché par L'Orient-Le Jour, la Direction générale des FSI a finalement communiqué quelques chiffres annuels. Des chiffres qui affichent eux aussi une insolente amélioration, bien moindre cependant que celle annoncée dans le rapport. Entre 2015 et 2016, selon les FSI, le nombre de morts sur les routes a baissé de 17,53 %, avec 576 morts en 2015 et 475 morts en 2016. Le nombre de blessés a également diminué de 14,17 %, avec 5 658 blessés en 2015 et 4 856 blessés en 2016. Quant au nombre d'accidents routiers, il est en baisse de 15,3 %, avec 4 287 accidents en 2015 contre 3 631 accidents en 2016. Contactée par L'OLJ, une source informée confirme la baisse du nombre de victimes sur les routes, consécutive à l'application du nouveau code. « Les FSI redoublent d'efforts pour une sécurité routière meilleure », assure-t-elle. Parallèlement, le Centre de contrôle du trafic routier révélait jeudi que « les Forces de sécurité intérieure avaient dressé 1 026 procès-verbaux de plus pour excès de vitesse, au 26 avril 2017 ».

La personnalité reconnaît toutefois que « les choses ne sont pas simples » et que les « FSI ne peuvent continuer à travailler seules ». « Si les choses n'évoluent pas, sans la moindre stratégie à l'échelle nationale, sans budget conséquent, sans une volonté politique, le nombre de victimes de la route ira de nouveau à la hausse », prévient-elle, confirmant ainsi les propos d'un militant de la société civile pour la sécurité routière qui préfère garder l'anonymat. « Nos dirigeants sont bien trop occupés à faire de la haute politique pour se soucier des victimes sur les routes », déplorait ce militant, il y a quelques jours, lors d'un échange téléphonique.

 

(Lire aussi : Y a pas de quoi pavoiser ! le billet d'Anne-Marie el-Hage)

 

Les chiffres dramatiques de la CRL
Une constatation que confirment les statistiques de la Croix-Rouge libanaise, communiquées hier à L'OLJ. Des statistiques dramatiques, plus de deux fois et demie supérieures aux chiffres officiels. Certes, en 2015, l'amélioration a été sensible, avec l'adoption du nouveau code de la route. Le nombre d'accidents routiers a diminué de 11 %, passant de 10 645 accidents en 2014 à 9 458 accidents en 2015. Mais les chiffres sont repartis à la hausse en 2016 avec 9 720 accidents. « Nous constatons que les accidents de la route sont de plus en plus meurtriers, notamment parmi les jeunes, et dans la région du Mont-Liban », explique le secrétaire général de la CRL, Georges Kettaneh. Mise en cause, « la vitesse en premier lieu, vient ensuite la perte de contrôle du véhicule (dérapages), la distraction (téléphone cellulaire compris) et enfin le non-port de la ceinture de sécurité au volant ».

La courbe du nombre de blessés sur les routes est là pour le prouver. Après une baisse de 14 %, avec 12 076 blessés en 2015 contre 14 094 blessés en 2014, le nombre de blessés est nettement remonté en 2016 avec 12 792 blessés. Quant au nombre de morts comptabilisés par la CRL durant ces trois années, « ils ne sont pas significatifs, les chiffres n'étant pas définitifs ». « La CRL ne transporte pas tous les corps aux hôpitaux, et parmi les blessés évacués par la CRL, il y en a qui meurent à l'hôpital », souligne M. Kettaneh, invitant à se référer aux chiffres des FSI. Mais entre les chiffres de la police et ceux de la CRL, le fossé est large. Faudra-t-il multiplier par deux et demie le nombre officiel de morts sur nos routes pour avoir une estimation plus adaptée à la réalité ?

 

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commentaires (6)

Beaucoup d'accidents mortels sont attribués aux jeunes un peu vrai dans tous les pays mais plus nombreux au Liban et les parents en portent souvent la responsabilité vu qu'ils leurs achètent des voitures puissantes tant qu'à y être donnez leur une kalachnikov le résultat sera le même

yves kerlidou

10 h 08, le 30 avril 2017

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Commentaires (6)

  • Beaucoup d'accidents mortels sont attribués aux jeunes un peu vrai dans tous les pays mais plus nombreux au Liban et les parents en portent souvent la responsabilité vu qu'ils leurs achètent des voitures puissantes tant qu'à y être donnez leur une kalachnikov le résultat sera le même

    yves kerlidou

    10 h 08, le 30 avril 2017

  • Il faut mettre la ceinture mes enfants devant et derrière

    Eleni Caridopoulou

    16 h 30, le 29 avril 2017

  • mais qui donc oblige les autorites a publier de tels mensonges ? ou alors il faudra avoir recours a une Ste de consultants en mensonges publics- ca existe coroyez le bien - encore une facon de dilapider l'argent du contribuable,

    Gaby SIOUFI

    10 h 09, le 29 avril 2017

  • HAUTE POLITIQUE : cette expression est trop belle pour definir nos responsables. Cette Haute Politique comme il est dit au Liban se fait aux toilettes et ce qui concerne le citoyen Libanais passe en tirant sur la chasse d'eau - quand il y a de l'eau .

    aliosha

    10 h 00, le 29 avril 2017

  • "Nos dirigeants"...? Que dirigent-ils au juste... leurs affaires et intérêts personnels ? La "haute politique" ? Même cela ils en sont incapables ! Ce sont de très mauvais commerçants sans honneur, qui n'ont pas compris que nous sommes en 2017 et que les temps ont changé, c'est tout ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 37, le 29 avril 2017

  • LES FSI NE PEUVENT PAS QUAND MEME CONTROLER TOUS LES CONDUCTEURS DE VOITURES... LES DEUX CAUSES SONT LES MAUVAISES ROUTES ET LES CHAUFFARDS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 11, le 29 avril 2017

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