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Liban - Sécurité routière

Application du code de la route : des progrès, mais beaucoup reste à faire

Le nombre d'accidents de la route a diminué de 22,5 % ces deux dernières années.

La voiture accidentée à Ajaltoun, après avoir percuté un mur. Photo ANI

Deux ans après l'entrée en vigueur du nouveau code de la route (22 avril 2015), le nombre de victimes des accidents de la route a-t-il vraiment baissé? La nouvelle réglementation a-t-elle été fermement mise en œuvre ? Les réformes édictées dans le texte législatif ont-elles été mises en place ? Les sanctions prévues en cas d'infractions sont-elles strictement appliquées ?

Ces interrogations se posent à l'heure où, il y a trois jours, les Forces de sécurité intérieure ont célébré en grande pompe ce deuxième anniversaire, établissant d'une part des barrages de sensibilisation à travers le territoire et se félicitant, d'un autre côté, d'« une baisse du nombre de tués et de blessés sur la route ». Selon les chiffres présentés dans un communiqué publié samedi par les FSI, « il y a eu, depuis l'entrée en application du nouveau code, une baisse de 22,5 % du nombre d'accidents, de 22,1 % du nombre de tués et de 21,6 % du nombre de blessés ».

Hier, l'institution sécuritaire a par ailleurs publié un communiqué dans lequel elle a affirmé que depuis le 17 avril 7 191 procès-verbaux pour excès de vitesse ont été dressés, montrant par là son attachement à préserver la sécurité des citoyens en dissuadant les conducteurs de dépasser les limites de vitesse. Or pas un jour ne passe sans qu'il n'apporte avec lui son bilan funeste d'accidents mortels. Au cours de cette semaine, la chambre de contrôle routier en a recensé de multiples, qui sont survenus dans les quatre coins du pays : à Beyrouth, à Jbeil, à Ghazir (Kesrouan), dans la Békaa, à Tyr, pour ne citer que ces régions.

 

(Lire aussi : Accidentés de la route : pour une justice exemplaire...)

 

Hier même, une collision spectaculaire a eu lieu entre trois voitures sur la route de Ajaltoun (Kesrouan), dont l'une d'elles a percuté un mur, ce qui a causé des blessures graves à son passager. À Marjeyoun, trois personnes ont en outre été blessées hier au cours d'un accident entre une Mercedes et une Kia.

Si les accidents persistent, une source proche des FSI a néanmoins affirmé à L'Orient-Le Jour que leur nombre a nettement diminué durant ces deux dernières années grâce, a-t-il précisé, à l'action de cette institution engagée dans l'application stricte du nouveau code. « C'est la première fois au Liban que les chiffres baissent durant deux années consécutives », affirme ce responsable qui a requis l'anonymat, soulignant toutefois que « le chemin est encore à son début ». Pour lui, « l'amélioration des bilans ne se poursuivra que si une stratégie nationale se met en place en vue de l'élaboration de plans scientifiques clairs ». Il faut également que toutes les institutions œuvrent autant que les Forces de sécurité intérieure, insiste-t-il, prônant « une coordination entre les ministères de l'Intérieur, des Transports et des Travaux publics, de l'Information et de l'Éducation ».

Il se félicite pourtant qu'un enseignement de technicien supérieur (TS) spécialisé dans la formation à la sécurité routière a été lancé cette année, indiquant que « la première promotion sera diplômée l'an prochain ».
Il fait état par ailleurs d'une prochaine initiative du directeur général des FSI, Imad Osman, comportant l'augmentation massive du nombre de radars dans toutes les régions.

Outre le secteur public, la source fait assumer aux citoyens la responsabilité de leur sécurité sur les routes. Les conducteurs doivent respecter la loi, affirme-t-elle, soulignant que plus la conviction à l'égard de la loi est profonde, moins il y a d'accidents et de vies fauchées.

 

(Lire aussi : Quand un secouriste en mission est renversé par un chauffard)

 

Le Conseil national de la sécurité routière
Ziad Akl, président de la YASA, l'association pour la prévention routière qui, il y a plusieurs années, avait présenté au Parlement le projet de ce nouveau code de la route, dresse lui aussi un bilan mitigé.

En substance, M. Akl reconnaît que beaucoup de travail a été accompli pour l'application des mesures édictées par le texte législatif. « Si l'on compare le nombre actuel d'accidents et de personnes blessées et tuées à celui d'il y a deux ans, on perçoit une amélioration incontestable de la sécurité routière », affirme-t-il, attribuant cette situation à l'action des FSI, mais aussi à celle du pouvoir judiciaire.

« S'agissant d'infractions routières, les tribunaux sont désormais très fermes et rejettent les recours de ceux qui violent le code de la route », note-t-il, soulignant toutefois « la nécessité de déployer plus d'efforts au niveau national ». Il réclame dans ce cadre l'activation du Conseil national de la sécurité routière présidé par le chef du gouvernement, Saad Hariri, et dont le rôle est notamment de préparer des politiques publiques et de coordonner l'action des ministères concernés.

Sur un autre plan, le président de la YASA déplore « les failles entachant les permis de conduire », affirmant qu'« au Liban tous les candidats réussissent alors que leur succès devrait se baser sur la connaissance des règles de conduite ».

Quant au système du permis à 12 points qui a été mis en place par la loi de 2015, et en vertu duquel le conducteur se voit retirer un certain nombre de points selon l'infraction qu'il commet, au risque de voir son permis retiré pendant six mois s'il perd tous ses points, M. Akl indique qu'il est loin d'être mis en application.

Enfin, un autre point faible que le président de la YASA dénonce est la négligence des agents municipaux vis-à-vis de l'application de la loi. « Ils sont habilités à verbaliser de nombreux types de contraventions, notamment celles liées à l'excès de vitesse, au non-respect des sens interdits, à la violation des signaux et à la surcharge des véhicules, mais ils n'utilisent pas leurs prérogatives », déplore-t-il.

 

 

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commentaires (2)

c'est amusant de savoir qu'il y a un nouveau code de la route! déjà je ne suis pas sur que se soit dans le langage des Libanais. En plus pourquoi un code de la route Libanais il me semble qu'il y ai un code international et on le fourni au Liban pour ceux qui voyagent. Une seule question: Demandez à un Libanais c'est quoi la priorité à droite ? Et c'est bon vous avez la suite

yves kerlidou

10 h 04, le 30 avril 2017

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Commentaires (2)

  • c'est amusant de savoir qu'il y a un nouveau code de la route! déjà je ne suis pas sur que se soit dans le langage des Libanais. En plus pourquoi un code de la route Libanais il me semble qu'il y ai un code international et on le fourni au Liban pour ceux qui voyagent. Une seule question: Demandez à un Libanais c'est quoi la priorité à droite ? Et c'est bon vous avez la suite

    yves kerlidou

    10 h 04, le 30 avril 2017

  • Le dernier chapitre de cet article résume une grande partie des problèmes de la circulation routière. Nous constatons chaque jour cette négligence des agents municipaux...c'est plus simple et moins fatiguant de fermer les yeux...et de laisser passer ! Et aussi, le Libanais est foncièrement indiscipliné en tout, et se croit tout permis, même sur les routes. Si vous lui faites une remarque concernant sa conduite non-réglementaire, il vous insulte le plus souvent, même les dames...! Pauvre Liban...et pauvres nous qui subissons les conséquences de cette négligence de nos autorités ! Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 59, le 25 avril 2017

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