Orateur enflammé aux positions tranchées, ancien trublion socialiste devenu héraut de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon s'est imposé au fil de la campagne comme le candidat de la gauche à la présidentielle française d'avril-mai.
Adepte revendiqué du "parler dru et crû", Jean-Luc Mélenchon ne laisse pas indifférent. Populiste de gauche pour ses adversaires, défenseur du peuple contre l'oligarchie pour ses partisans, cet admirateur de la gauche latino-américaine a choisi comme mot d'ordre de campagne "La France insoumise".
Les derniers sondages le donnent désormais en troisième position de la présidentielle, au coude à coude avec le candidat de droite François Fillon, derrière la dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen et le centriste Emmanuel Macron.
Philosophe de formation, admirateur du révolutionnaire français Maximilien Robespierre comme du défunt président vénézuélien Hugo Chavez, "Méluche" a été un cadre du Parti socialiste pendant 30 ans, avant d'en claquer la porte. Il est aujourd'hui l'un des fossoyeurs du PS sur sa gauche, comme Emmanuel Macron l'est sur sa droite.
A 65 ans, Jean-Luc Mélenchon n'a rien perdu de sa radicalité, mais il manie davantage l'humour et les phrases choc, laissant de côté les violents emportements qui ont longtemps été sa marque de fabrique. "Je suis plus philosophe que jamais, moins impétueux. La conflictualité a montré ses limites", confie-t-il.
Sans pour autant rien renier: "On peut pas proposer ce que je propose avec une tête de premier communiant qui parle d'une voix flûtée. Des fois, y'a pas le choix, il faut ouvrir les portes à coups de pied".
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Le Pen, sa bête noire
La faconde de ce vétéran de la politique française, adepte des vestes col Mao, lui vaut de crever l'écran sur le net où sa chaîne YouTube le place en tête des politiciens français et ses traits d'esprit sont suivis par plus d'un million d'abonnés sur Twitter.
Une manière de propager ses idées sans devoir passer par le filtre des médias, avec lesquels il entretient des rapports exécrables. C'est aussi un orateur de talent lors des réunions publiques, captivant sans notes son auditoire - avec ou sans son désormais célèbre hologramme qui lui permet de se produire virtuellement dans plusieurs meetings en même temps.
"Il a inventé le stand-up politique, c'est devenu un showman. Ce style lui permet de ne plus avoir à faire ses saillies trop violentes. Il est dans la pédagogie, c'est le vieux prof qui donne des cours sur le monde et comment le changer", analyse un des ses anciens compagnons au PS, l'ex-député Julien Dray.
Né à Tanger au Maroc, passé par le militantisme étudiant, tendance trotskiste, Jean-Luc Mélenchon rejoint le parti socialiste à 25 ans. Élu de l'Essonne, en banlieue parisienne, il entre au gouvernement entre 2000 et 2002, comme ministre délégué à l'Enseignement supérieur.
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A couteaux tirés avec le parti socialiste et son patron d'alors, François Hollande, il finit par claquer la porte en 2008 pour créer son mouvement, le Parti de gauche. Il s'allie avec les communistes et remporte 11,1% des voix au premier tour de la présidentielle de 2012, réussissant une OPA sur la "gauche de la gauche", avec ses attaques virulentes contre le néolibéralisme.
Mais il échoue aux législatives, alors qu'il était venu affronter sur son terrain dans le nord de la France sa bête noire, la dirigeante de l'extrême droite Marine Le Pen, à laquelle il dispute l'électorat populaire.
"Le paradoxe de Jean-Luc Mélenchon se noue autour de la notion de peuple. Il essaie de faire coïncider son peuple idéal, celui pour lequel il se bat, les précaires, les chômeurs, les salariés... avec le peuple qui se rend réellement dans ses meetings, plus souvent issu de catégories socioprofessionnelles plus élevées: des employés, des fonctionnaires, des profs", souligne la chercheuse Cécile Alduy.
Contempteur sans relâche de l'Europe "libérale", il prône la rupture avec les traités européens et n'a pas de mots assez durs pour l'Allemagne conservatrice d'Angela Merkel, qu'il se plaît à comparer au chancelier impérial Bismarck. Il veut sortir de l'Otan et orienter la France vers une "politique non-alignée" sur les puissances.
Repère
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