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Moyen Orient et Monde - Chronique / Sur un air de campagne

Impopulaire ou irresponsable

En fin stratège, dans la droite lignée mitterrandienne, Hollande tire les ficelles de cette présidentielle, et ce depuis décembre dernier. Yoan Valat/AFP

À présidentielle inédite, législatives imprévisibles. Qui va passer la grille du 55, Faubourg Saint-Honoré au soir du 7 mai ? L'incertitude est totale et déjà une autre question hante les esprits et tourmente les conversations : le futur élu pourra-t-il disposer d'une majorité assez solide pour gouverner ?
On a beau regarder dans tous les sens, on ne voit pas un seul candidat capable d'avoir une majorité solide à l'Assemblée nationale et moins encore une majorité absolue (289 députés sur 577). Pourtant les élections législatives devraient être la confirmation du scrutin présidentiel.

Que dit l'histoire ? Sous la Ve République, cinq élections législatives ont eu lieu dans le sillage de la présidentielle et par quatre fois elles en ont amplifié le résultat. En 1981, lorsque Mitterrand a dissous l'Assemblée nationale majoritairement à droite, et en 2002, 2007 et 2012 après les victoires de Chirac, Sarkozy et Hollande. À chaque fois, à droite comme à gauche, le thème a été : « Donnons une majorité au président. » Et à chaque fois ça a marché... Sauf, exception qui confirme la règle, en 1988, où après une campagne-éclair, Mitterrand, se faisant le chantre de la « France unie » et voulant, par la même occasion, maîtriser les velléités de son propre parti, avait mécaniquement contraint les gouvernements de Rocard, Cresson puis Bérégovoy à tricoter des alliances fragiles, susceptibles de se défaire au moindre désaccord...
En fin stratège, dans la droite lignée mitterrandienne, Hollande tire les ficelles de cette présidentielle, et ce depuis décembre dernier. À cette date, il annonce ne pas se représenter et donc ne pas être obligé de faire son bilan. Dans la foulée, Macron se met sur orbite, alors que Fillon est plombé par les affaires.
Et alors ? Là, est toute la subtilité du scénario à l'espagnole. Après tant de tourments, Hollande et Macron savent aujourd'hui que si beaucoup d'élus de droite ont déjà enterré tout espoir de victoire de Fillon, beaucoup – souvent les mêmes – espèrent remporter les législatives.

Le piège est tendu. Il ne reste plus qu'à attendre les résultats du 23 avril. Si Fillon est éliminé, alors de nombreux ténors des Républicains appelleront à battre Marine Le Pen...
Et par un astucieux effet de balancier, Macron, pragmatique, pourra négocier avec Les Républicains.
Si cette théorie est fausse, pourquoi, fort des 14 000 candidatures à l'investiture reçues, Macron temporise? Pourquoi Macron ne dévoile pas les 577 noms ? Pour éviter d'avoir avant la présidentielle près de 13 500 mécontents dans la nature ?
Évidemment, une droite majoritaire à l'Assemblée serait la meilleure solution pour lui. Pendant 5 ans, la droite serait obligée de réformer le pays et de remettre la France En Marche ! Et donc... d'être impopulaire. Et une droite impopulaire permettrait à ce même Macron de briguer aisément un second mandat en 2022. CQFD.
En 2017, voter Fillon est-ce être impopulaire ? Voter Macron ou Le Pen, est-ce être irresponsable ? Raymond Barre, lui, disait : « Je préfère être impopulaire qu'irresponsable. »

* Frédéric Picard est rédacteur en chef du Figaro.fr

 

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