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À La Une - Liban

Séance parlementaire : loi électorale, électricité et corruption au cœur du débat

Hariri répond aux différents points soulevés par les députés.

 

La séance plénière de politique générale qui avait débuté jeudi au Parlement libanais, dans le centre-ville de Beyrouth, s'est poursuivie vendredi. Photo an-Nahar.

La séance plénière de politique générale qui avait débuté jeudi au Parlement libanais, dans le centre-ville de Beyrouth, s'est poursuivie vendredi à 16 heures. Les députés ont abordé plusieurs dossiers brûlants, notamment le problème de la corruption et la loi électorale, en prévision des élections législatives prévues en principe en juin mais dont le sort est plus que jamais incertain.

 

"Un coup au principe du respect des lois"
Le dossier de l'électricité a été mentionné à plusieurs reprises. "Nous continuons à nous débattre, à dépenser des milliards de dollars sans aucune avancée et sans aucune solution au problème de l'électricité, a dénoncé le député Boutros Harb. La commission sur l'électricité n'a pas été créée et le conseil d'administration d'Électricité du Liban n'a pas été nommé, pourtant c'est ce que requiert la loi. Le pays est sans électricité et les citoyens sont obligés de payer deux factures l'une à l'EDL et l'autre aux propriétaires de générateurs", a-t-il dénoncé.

Par ailleurs, le député de Batroun a noté que "ne pas adopter une nouvelle loi électorale et ne pas appliquer la loi actuelle pour les prochaines législatives est une violation claire des principes constitutionnels". "Ce qui se passe est un coup porté au principe du respect des lois", a-t-il dit.

Après M. Harb, c'est le président des Kataëb, Samy Gemayel, qui a consacré une grande partie de son discours au dossier de l'électricité. Il a révélé qu'aucun appel d'offres n'a été fait en ce qui concerne les navires-centrale loués mais que le choix de la société a été fait préalablement. "Cette société a été jugée au Pakistan et un consul libanais à Istanbul a mis en garde le Liban à son sujet, a indiqué M. Gemayel. (...) Comment le pouvoir politique peut-il demander aux gens d'avoir confiance en lui ?"

M. Gemayel a en outre abordé le dossier du budget, adopté pour la première fois depuis douze ans par le gouvernement. "Comme dans tout pays qui se respecte, le gouvernement doit nous dire quelle est la vision économique sur base de laquelle a été élaboré ce budget, a souligné le leader des Kata£eb. Pourquoi des taxes ont été retirées ?".

Samy Gemayel est ensuite passé au dossier de la loi électorale. "Quand il a été formé, ce gouvernement s'est dit être un gouvernement d'élections et a mentionné quatre fois le mot élection dans sa déclaration et pourtant il ne s'est pas réuni une seule fois pour aborder la question. Cela fait trois mois que des commissions se réunissent et jusqu'à présent, nous, peuple libanais, ne savons pas encore pourquoi vous vous disputez, a demandé M. Gemayel aux députés réunis. Aujourd'hui, il y a clairement un conflit entre les intérêts du pouvoir politique et les intérêts des gens".

M. Gemayel a conclu son discours en affirmant que "ce gouvernement a peut-être obtenu la confiance du Parlement, mais ce qui est certain c'est qu'il n'obtiendra ni notre confiance ni celle du peuple libanais". Avant d'entamer son discours, M. Gemayel avait montré à la Chambre des images de la décharge polluant la région du Metn-Nord et a rappelé que c'est "en raison de cette décharge que les Kataëb avaient démissionné du précédent gouvernement".

 

(Lire aussi : Loi électorale et corruption alimentent les débats)

 

"Une présidence, un gouvernement et un Parlement productifs"
Alain Aoun, député du Courant patriotique libre a de son côté estimé que "les Libanais ont perdu confiance (dans leur gouvernement) et c'est normal lorsque l'on voit les crises qu'a traversé le pays". "Regagner leur confiance en cette période est difficile parce que les gens demandent beaucoup et leur confiance en nous est minime", a-t-il ajouté.

"Il est inacceptable que les gens aient uniquement le choix entre le désespoir et l'abandon, entre la haine et la rancune à l'égard de toute la classe politique, a indiqué M. Aoun. Il ne faut pas que le pays soit confiné entre les corrompus et les rancuniers. Ce n'est pas avec la corruption du pouvoir et les insultes du peuple que l'on construit un pays. Nous voulons une présidence, un gouvernement et un Parlement productifs".

Au sujet de la situation économique, M. Aoun a affirmé que nous "traversons aujourd'hui une crise économique rude". Il a dans ce contexte demandé que le secteur privé et les banques puissent investir et que des opportunités leur soient créées. "Nous devons gonfler l'économie et accroître les possibilités d'emploi au Liban, nous devons donc attirer de nouveaux fonds", a-t-il noté.

"Nous sommes aujourd'hui dans une phase de transition qui précède les élections législatives et nous espérons que la situation s'améliorera après ces élections, a déclaré de son côté le député des Forces libanaises, Georges Adwan. Nous avons une feuille de route que nous devons suivre. Nous devons proposer des solutions pour arrêter le gaspillage et la corruption. La croissance (économique) a besoin de stabilité politique, de sécurité ainsi que de stabilité dans nos relations avec ceux qui soutiennent notre économie, c'est-à-dire nos frères arabes", a-t-il affirmé.

D'autre part, le député FL a critiqué le gouvernement pour avoir "procédé à des nominations sans prendre en considération le principe de compétence et d'intégrité". "Nous espérons que cela ne se répétera pas", a-t-il dit avant de s'adresser au ministre de la Justice, Sélim Jreissati : "Des nominations doivent avoir lieu dans le secteur judiciaire et j'espère qu'elles respecteront le principe d'intégrité."

 

(Lire aussi : Séances ouvertes du Conseil des ministres à partir de lundi, à Baabda)

 

"Nous vous mentons"
Ghassan Moukheiber, député du bloc du Changement et de la réforme, a été le premier à s'exprimer devant les députés. "Passer d'un sujet à un autre ne nous mène à rien, a-t-il affirmé. Je souhaite que nous ayons des séances ayant un sujet et un objectif précis. Les gouvernements sont formés pour protéger les libertés des gens et assurer leurs besoins, a noté le député. Nous ne sommes pas dans un régime démocratique mais dans un régime communautaire corrompu. Nous devons faire en sorte de mener le pays à un régime basé sur l'efficacité".

Le député Nabil Nicolas, membre du bloc parlementaire aouniste, a ensuite pris la parole. Il a affirmé vouloir que ce gouvernement "ouvre la voie de la réussite à ceux qui suivront". "Chers Libanais, ne vous attendez à rien de bon tant que le communautarisme domine, a-t-il dit. Comment pouvons-nous demander au citoyen de payer des taxes alors qu'il meurt à la porte de l'hôpital ? Comment pouvons-nous demander au citoyen de payer des taxes alors que certains agriculteurs meurent parce que le gouvernement ne se soucie pas d'eux ?", a-t-il demandé avant de souhaiter que "ce gouvernement ne fasse pas les mêmes erreurs que les gouvernements précédents".

"Il est temps d'admettre que les citoyens ont le droit d'avoir un autre modèle de gouvernance et un pays propre", a déclaré pour sa part le député du bloc du Hezbollah, Hussein Moussaoui. "Les citoyens ont le droit d'avoir la grille de salaires qu'ils ont longtemps attendue, a-t-il ajouté. Ils ont le droit de vivre partout au Liban et surtout au Akkar et à Baalbeck-Hermel, des régions qui ont perdu le minimum requis pour une vie décente. Les Libanais ont le droit d'avoir une loi électorale basée sur la proportionnelle, qui favorise l'intégration et fait sentir aux Libanais qu'ils sont égaux dans leurs droits et leurs devoirs", a encore dit M. Moussaoui.

 

(Lire aussi : Loi électorale : de l'absence de référence à qui aura le dernier mot...)

 

"Nous somme là où nous devons être"
Le député Ali Ammar (Hezbollah) a, quant à lui, lancé un cri du cœur et martelé ses collègues de questions: "Est-ce que les Libanais méritent cette corruption ? Est-ce qu'ils méritent de nous entendre parler et de ne voir aucun acte ? Est-ce qu'ils méritent d'endurer la crise de l'électricité ? Est-ce qu'ils méritent ces lois électorales ? Est-ce qu'ils méritent que nous les dépouillons de leurs ambitions et de leurs espoirs ?". Il s'est ensuite adressé aux Libanais : "Nous vous trompons et nous vous mentons et nous ne vous offrons rien. Vous devez réaliser que ce pays ne peut continuer à exister dans le confessionnalisme. Ne nous croyez pas, vous avez tous le droit de ressentir de l'ennui, du dégoût et du désespoir", a-t-il encore dit.

Lors de son intervention, le député Khaled Daher a pour sa part critiqué à maintes reprises le Hezbollah. "Nous voyons des Syriens de Homs et de Qousseir ainsi que d'autres régions fuir les armes du Hezbollah. Cela nous pousse donc à demander que le parti sorte de Syrie et que les réfugiés retournent dans leur pays", a déclaré M. Daher. "Comment allons-nous construire une économie lorsque nous avons une force politique au Liban qui agresse les États arabes et organise des groupes terroristes qui vont à l'encontre de la politique de distanciation de l'État, a-t-il interrogé. Nous sommes devant à un problème d'armes qui porte atteinte à la crédibilité de l'État".

Le député Ali Ammar a alors répondu aux critiques de M. Daher par une phrase lapidaire : "Nous somme là où nous devons être".

 

La réponse de Hariri
A la fin de la séance, M. Hariri a pris la parole pour répondre aux différents points abordés par les députés. "Il est de notre responsabilité en tant que gouvernement d'aboutir à une nouvelle loi électorale et d'éviter au pays le danger du vide, a affirmé M. Hariri. Toutes les forces politiques traitent de manière positive avec le dossier de la loi électorale (...) Nous sommes tous des minorités et nous voulons tous nous protéger. Nous voulons une nouvelle loi et le plus important est que nous voulons qu'il y ait un consensus sur cette loi", a-t-il ajouté.

"Nous sommes ouverts à toutes les propositions liées aux élections et à la loi électorale, dont la proportionnelle", avait déjà affirmé M. Hariri avant le début de la séance.

Concernant le budget, M. Hariri a assuré qu'il sera débattu à la Chambre et que le gouvernement sera prêt à répondre à toutes les questions des débutés. Le Premier ministre a également indiqué que "le gouvernement veut adopter la grille des salaires le plus rapidement possible".

Au sujet de la justice, M. Hariri s'est voulu rassurant. "La justice va bien, il ne faut pas généraliser sans avoir des preuves de corruption, a-t-il dit. Si certains pensent qu'il y a de la corruption dans le secteur judiciaire, je demande des noms. Personne ne veut protéger un juge corrompu."

Sur l'électricité, le Premier ministre a affirmé qu'il "n'acceptera pas qu'il n'y ait pas de plan pour l'électricité" établi par son gouvernement. "Si cela nous coûtera de l'argent alors nous paierons, a-t-il assuré. Un plan a été préparé et certains le critiquent mais s'il y a des erreurs nous sommes prêts à les corriger".

Par ailleurs, concernant les frappes que les États-Unis ont menées contre une base aérienne en Syrie, M. Hariri a estimé, depuis la place de l’Étoile, que ces frappes "sont une réaction à ce qui s'est passé à Idleb" et qu'il est "clair que les États-Unis ont adopté une nouvelle politique dans la région". Ces frappes interviennent trois jours après le raid de mardi à l'arme chimique contre la localité rebelle de Khan Cheikhoun, dans le nord-ouest de la Syrie, imputé à l'armée syrienne.

 

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