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LES CARRIÈRES NON TRADITIONNELLES

L’hôtellerie, nouveau fleuron des universités libanaises : entre luxe et savoir-faire local

Longtemps victimes de la crise du tourisme, des problèmes de sécurité et du préjugé social sur les métiers manuels, les filières hôtelières ont désormais l'avantage de polariser la demande sur le marché du travail. Et cela dans des domaines extrêmement variés.

L’art culinaire, l’un des aspects essentiels de la filière hôtelière.

« C'est un choix passionné »

Depuis Paris où elle travaille désormais, Magali el-Hage confirme le caractère essentiel qui pousse les étudiants à se lancer dans l'hôtellerie : «J'ai toujours rêvé de travailler dans un hôtel de luxe, et globalement la plupart choisissent cette voie parce qu'ils sont passionnés », souligne-t-elle d'emblée. Ancienne élève de la promotion 2008 de l'Université Saint-Joseph, elle garde un excellent souvenir de sa formation, encore novatrice à l'époque. « L'établissement propose depuis un moment une licence en gestion hôtelière, mais le programme n'avait pas encore atteint sa maturité lorsque j'y étais. »

Ce cursus spécialisé souffre au Liban d'un préjugé social qui le réduit souvent à la sphère manuelle, injustement dévalorisée. Pourtant, la jeune Libanaise a obtenu son baccalauréat général et s'est lancée dans une carrière bel et bien académique. Elle a été particulièrement marquée par le matériel dont disposait le campus, dont une « nouvelle cuisine merveilleusement organisée ». De même, sa carrière comprenait une phase importante, celle de la professionnalisation avec les stages, qui forment à la pratique du métier sur le terrain. Magali el-Hage a effectué ses deux premiers stages au sein du célèbre Phoenicia InterContinental. C'est l'avantage de « l'école libanaise», avec des possibilités de stages qui ne se trouvent pas ailleurs, même dans les grandes capitales du luxe, dont l'espace est saturé par l'offre. La jeune fille, qui a fait pourtant carrière dans la Ville Lumière, soutient encore aujourd'hui que le Phoenicia est l'hôtel « le plus prestigieux » au sein duquel elle a eu l'occasion de travailler. En outre, elle a fait partie de la première génération à œuvrer au sein du restaurant L'Atelier, intégralement géré par des étudiants de la formation en gestion hôtelière de l'USJ.

Quels débouchés pour les jeunes diplômés ? Il se trouve que les jeunes Libanais formés en gestion hôtelière sont des perles rares : ils sont polyglottes. Ils maîtrisent finalement la langue internationale du business (l'anglais), la langue du tourisme et du luxe (le français) et la langue de la clientèle fortunée (l'arabe). « J'ai directement décroché un contrat à durée indéterminée (CDI) à l'issue de mon 3e stage au Hilton à Paris, notamment parce que je parlais arabe, pour pouvoir accueillir les clients du Golfe », relate Magali el-Hage.

Elle a commencé à « la réception ». «Quand on le dit comme ça, c'est mal vu, surtout au Liban, relève-t-elle. Il est vrai que j'étais libanaise avec un certain niveau d'études, mais j'ai accepté et j'ai découvert par la suite que c'est un métier compliqué au niveau de l'investissement, même quand on commence au bas de l'échelle, car la partie relationnelle dans une chaîne aussi luxueuse requiert des compétences », explique-t-elle. Elle est demeurée à Paris en raison de la sécurité de l'emploi, par rapport au marché libanais qui, lorsqu'elle terminait ses études, était prometteur, mais instable: « Nous pouvions trouver facilement un emploi, mais c'était souvent des contrats à durée déterminée (CDD) renouvelés, donc rien de vraiment sûr. En plus il y a eu la guerre de 2006 et les émeutes de 2008 », se rappelle-t-elle.

Le salaire de base dans la capitale française est relativement bas et tourne autour de 1 400 euros, soit un peu plus que le salaire minimum. Pour les autres membres de sa promotion, elle sait que les opportunités ont aussi été au rendez-vous, au Moyen-Orient ou en Afrique francophone.

Les formations au Liban

Plusieurs établissements d'enseignement supérieur au Liban offrent une formation spécialisée en hôtellerie. Nous exposons ci-dessous un aperçu succinct des opportunités qui se présentent aux jeunes Libanais au niveau de cette filière.

L'Université Saint-Joseph – La formation hôtelière à l'USJ ne dépend pas d'une école à part, mais elle est directement gérée par l'Institut de gestion d'entreprise sur le campus de Mansourieh et propose une licence en gestion hôtelière. La direction prépare actuellement une spécialisation en master avec deux options au choix, toujours en chantier : le management hôtelier d'une part, plutôt francophone, et les arts culinaires, d'autre part, filière plutôt anglophone. Cette dernière se focalise sur la cuisine libanaise et méditerranéenne. La licence coûte au total (pour les trois années d'études) approximativement 33 000 dollars. Elle est recherchée en raison du prestige du partenariat avec l'Institut Paul Bocuse, dans le cadre d'une alliance de 18 instituts à travers le monde, à laquelle a adhéré l'USJ. Ce partenariat se traduit par des mobilités académiques pour un semestre. Des stages se font également en 3e et 5e année.

L'Université de Balamand – Les hauteurs du Koura, peu avant d'arriver à Tripoli : tel est le cadre offert aux étudiants qui sont formés à Balamand dans l'École d'hôtellerie. Sur le campus se trouve un restaurant où travaillent les étudiants, réservé uniquement aux fonctionnaires et aux enseignants. La licence en gestion de restauration est réalisée en coopération avec l'Université américaine de Houston. Le programme de licence comprend, outre les cours théoriques, 1 000 heures de stage que les étudiants doivent assurer au sein d'institutions hôtelières.

Al-Kafa'at – La formation peut avoir un caractère technique, comme c'est le cas à l'École hôtelière al-Kafa'at, au campus de Mansourieh. « Nous avons l'Institut technique d'un côté, l'École hôtelière de l'autre. Nous pouvons dire que les deux font partie du cursus technique, mais celui-ci est divisé en deux parties, en raison de la spécificité de l'hôtellerie », explique Amine Matar, directeur de l'Institut technique. L'année coûte approximativement 1 000 dollars grâce aux subventions gouvernementales et la Fondation al-Kafa'at. L'École hôtelière accueille 200 étudiants, mais il existe également un cursus universitaire de gestion hôtelière qui en accueille 150, formés à la restauration, mais aussi pour les métiers de barman ou de chocolatier.

La Sagesse – L'Université La Sagesse (ULS) a l'avantage de proposer, en lien avec son diplôme hôtelier, un cursus en collaboration avec la prestigieuse École hôtelière de Lausanne (Suisse). Outre la licence, les étudiants peuvent poursuivre un master dans la langue de Shakespeare. Également en partenariat avec l'École hôtelière de Lausanne, les étudiants en double cursus bénéficieront d'un double diplôme issu de cet établissement. Un réseau professionnel, financé par l'Agence universitaire de la francophonie, est mis au service de tous les étudiants de l'ULS pour aider les jeunes diplômés à une intégration sociale et professionnelle, et à financer leurs études.

« C'est un choix passionné »Depuis Paris où elle travaille désormais, Magali el-Hage confirme le caractère essentiel qui pousse les étudiants à se lancer dans l'hôtellerie : «J'ai toujours rêvé de travailler dans un hôtel de luxe, et globalement la plupart choisissent cette voie parce qu'ils sont passionnés », souligne-t-elle d'emblée. Ancienne élève de la promotion 2008 de...

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