Pour réussir sa création, le parfumeur accomplit un travail méticuleux et de longue haleine. Il compose un parfum qui se distingue par son identité et crée une sorte de mélodie olfactive qui peut nous plonger dans une certaine ambiance, nous embarquer dans un voyage ou raviver une image du passé.
La nature du travail
Appelé « le nez », le parfumeur compose des parfums à partir d'un éventail de matières premières odorantes. « En tant que parfumeur indépendant, j'allie des éléments qui m'intéressent et qui me touchent. Je suis stimulée par des morceaux de musique, des films ou des expressions artistiques», confie Ludmilla Lahlou Bitar, parfumeuse, cofondatrice et directrice de création de la maison Ideo Parfumeurs, la seule dans ce domaine au Liban.
Inspirée par ses diverses sources, son cadre de vie ou ses voyages, elle choisit tout d'abord les ingrédients et imagine les combinaisons du parfum.
Elle les associe ensuite à un mood board – collage visuel qu'elle compose à partir de photos – et à des morceaux de musique, les deux éléments exprimant l'émotion qu'elle veut donner à ce parfum. « Au final celle-ci va être en trois dimensions, visuelle, auditive et olfactive ! » note-t-elle.
Après avoir réfléchi à la conception du parfum, vient le moment de la composition, effectuée le matin, alors que le nez et le cerveau sont encore frais. Cette professionnelle puise les matières premières dans son orgue à parfums. Quand la pâte prend forme, elle affine la combinaison et vérifie la cohérence de la fragrance obtenue. « Parmi mes nouvelles créations, un parfum dégage une ambiance funky, un autre nous embarque dans un univers féerique, mais il y a toujours un fil conducteur entre les différentes dimensions », révèle Ludmilla Lahlou Bitar.
Enfin, le parfumeur teste son produit auprès de plusieurs personnes. « Le but du parfum c'est de le partager. Il faut vérifier que ce n'est pas une création trop complexe, inaccessible, intimiste ou hautaine », assure-t-elle.
Quant aux tâches administratives, réunions avec l'équipe de travail ou correspondances avec les clients et fournisseurs, le parfumeur les accomplit dans l'après-midi.
Les aptitudes et les compétences requises
Être parfumeur est un métier de passionné où l'on fait intervenir les émotions et la créativité. Toutefois, il faut posséder le talent naturel d'identifier les essences, ainsi qu'un odorat développé. À l'affût des senteurs, le parfumeur s'exercera, au quotidien, tel un sportif, à sentir une panoplie d'odeurs.
Il doit ainsi pouvoir se renouveler, créer un parfum original et mémorable qui marquera les gens, et s'affirmer sur le marché face à la compétition.
Curieux, un bon parfumeur s'intéresse aux tendances, mais aussi à l'art, à la culture, au monde qui l'entoure. « Finalement, on s'adresse aux gens et si on veut les toucher, il faut qu'on comprenne comment ils vivent », estime Ludmilla Lahlou Bitar.
Patient et rigoureux, le parfumeur doit avoir aussi un minimum d'esprit scientifique, « parce qu'il faut faire des dosages, il faut avoir une bonne mémoire, pour retenir un certain nombre de matières premières et savoir les combiner entre elles ». Un parfumeur possède ainsi des connaissances en biologie et en chimie, mais aussi dans les aspects techniques et légaux.
Les difficultés et les contraintes
« Avant de devenir un grand parfumeur, il faut compter près de 15 ans de travail acharné. Il faut être humble et accepter de commencer au bas de l'échelle », insiste cette professionnelle.
Comme la tradition du parfum n'existe pas au Liban, la production s'effectue ailleurs. De même, les approvisionnements sont lents et coûteux, les fournisseurs de matières premières se trouvant en Europe.
Par ailleurs, au niveau de la vente, le marché local est restreint et la concurrence élevée, vu que le pays est plutôt orienté vers les grandes marques. Cela commence pourtant à changer, avec la mode du bio.
Sur le plan relationnel, des malentendus peuvent se poser avec le client. Celui-ci peut demander « un parfum exclusif, mais ne comprend pas que le travail est long et coûte cher, explique Ludmilla Lahlou Bitar. Il doit réaliser qu'il ne peut pas obtenir toujours ce qu'il veut juste en appuyant sur un bouton ». Le parfumeur travaille avec un organe qui est son nez. Et comme chacun réagit différemment aux fragrances, il peut se sentir incompris.
Toutefois, il doit apprendre à s'adapter au client. « Même s'il n'aime pas un certain type de notes, il mettra son ego de côté et les travaillera s'ils correspondent à l'univers du client. »
Les débouchés
Un parfumeur peut être indépendant et fonder sa maison de création, comme il peut travailler chez certaines grandes marques de parfum ou dans un groupe industriel, dans le domaine de l'agroalimentaire, les détergents, le textile ou autres. Au Liban, très peu d'industries emploient des parfumeurs pour des raisons économiques.
Les métiers du parfum s'exercent également dans d'autres secteurs que la création, tels le marketing au sein de marques de parfum, l'évaluation, la vente dans des maisons de création, etc.
Quant au salaire, il dépend de l'évolution de la carrière.
Comment devenir parfumeur
Suite à des études en chimie qu'il peut effectuer au Liban, l'étudiant va devoir étudier à l'étranger, la spécialisation ici étant inexistante. Il peut aussi, après le baccalauréat, se spécialiser à Paris, à l'Isipca (Institut supérieur international du parfum, de la cosmétique et de l'aromatique alimentaire), dont les tarifs varient entre 10 000 et 30000 euros environ, selon le niveau d'étude et la spécialisation, ainsi qu'à l'ESP (École du parfum à Paris) qui coûte à l'étudiant près de 34 000 euros sur cinq ans d'études.
En outre, des formations et des stages dans des usines existent à Grasse, qui est la capitale historique du parfum.
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