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Liban - La situation

Grille des salaires, loi électorale : l’heure de vérité

Les enseignants du secteur public se retrouveront aujourd’hui aux abords du Parlement pour faire pression contre les députés et empêcher le vote de la grille des salaires. Nasser Trabulsi

L'heure de la vérité a sonné pour la grille des salaires, un réajustement des barèmes et des traitements dans le secteur public qui englobe aussi bien les fonctionnaires que les enseignants, l'armée et les services de sécurité. Coût estimatif annuel de cette grille pour laquelle les intéressés, enseignants en tête, luttent depuis des années : 1 200 milliards de livres (800 millions de dollars).

Le Parlement franchira-t-il le pas et approuvera-t-il ce mercredi la grille ou bien des hésitations de dernière minute l'en retiendront-il ? Tout n'était pas encore joué hier, en effet, au vu des résistances que certains corps de métier, enseignants et juges d'abord, mais aussi avocats, milieux d'affaires et banquiers, ont exprimées à l'égard d'une grille des salaires artisanale et, par certains côtés, mesquine.

Une grille par ailleurs hautement inégalitaire, puisqu'elle accorde aux forces armées deux fois plus qu'aux enseignants, et place les magistrats en position subalterne par rapport aux fonctionnaires de la première catégorie. Une grille qui va au plus facile, taxe les bons payeurs, racle des fonds de tiroir (jusqu'aux billets de la Loterie nationale) et refuse de s'attaquer aux structures de la corruption qui coûte annuellement quelque 4 milliards de dollars au Trésor en évasion fiscale, dilapidation de fonds, contrebande organisée et vols purs et simples.

 

(Lire aussi : Vers une grève ouverte des magistrats ?)

 

Le chef de l'État lui-même, au même titre qu'auparavant le patriarche maronite, s'est en quelque sorte mis du côté des contestataires, hier, en affirmant depuis le palais présidentiel qu'il s'opposerait à une grille des salaires dont les ressources seraient retranchées aux pauvres sous forme de taxes indirectes. Va-t-il peser en faveur des réajustements revendiqués ?
Les enseignants manifesteront ce matin, aux abords du Parlement, contre ce réajustement qui ne satisfait que la moitié de leurs revendications. Au demeurant, les enseignants du secondaire public sont, depuis mardi dernier, en grève ouverte, et seraient bientôt rejoints par leurs collègues des autres cycles et ceux de l'enseignement technique.

Le corps de la magistrature, lui, touché jusque dans sa mutuelle qui doit disparaître sous six mois, se rebiffe. Il ne manifeste pas, c'est évident, mais a décidé d'assurer un service minimum, en attendant d'être rassuré sur ses droits acquis. L'amateurisme des commissions conjointes a été jusqu'à raccourcir de deux à un mois le congé annuel des juges, sans prendre la peine de consulter le Conseil supérieur de la magistrature.
Il n'est jusqu'aux maximalistes du Parti communiste et du comité de coordination intersyndical qui ne protestent contre la grille, sous prétexte qu'elle ne leur accorde pas assez. « C'est la grille du possible », a rétorqué hier Alain Aoun (CPL), qui a conseillé aux enseignants « de ne pas la compromettre, d'accepter de ne toucher dans un premier temps qu'une partie de leurs droits, en attendant que les ressources du Trésor leur permettent de toucher le reste ». M. Aoun n'a cependant donné aucun conseil aux magistrats, sachant que les barreaux de Beyrouth et de Tripoli ont pris fait et cause pour ces derniers.

 

(Lire aussi : La double menace et la contre-attaque libanaise, le décryptage de Scarlett Haddad)

 

Le projet hybride de Bassil
Pour la loi électorale aussi, on se rapproche – dangereusement – de l'heure de vérité. À juger par la moue et les déclarations des responsables du PSP, il est évident que ce parti « ne marche pas » dans le projet hybride de Gebran Bassil. À considérer par ailleurs les délais qui restent pour l'adoption d'une nouvelle loi électorale, il est clair que le rendez-vous du printemps (21 mars) ne sera pas respecté, et que le pays va entrer dans une phase de désordre constitutionnel, puisque le président de la République refuse de contresigner le décret de convocation du corps électoral comme l'y enjoint la Constitution, tout en rejetant catégoriquement, par ailleurs, l'idée d'un scrutin sur la base de la loi de 1960. Un cas d'école.
Alain Aoun a souhaité que les positions des diverses formations politiques du pays sur le projet de loi électorale de M. Bassil, mélange de lois majoritaire et proportionnelle, panachée de vote confessionnel, se décantent « dans la semaine ». À voir.

Mais, exprimant à nouveau l'opposition du CPL à la loi en vigueur et à la prorogation du mandat du Parlement, le député s'est dit prêt à « résister par tous les moyens constitutionnels et populaires » à l'inéluctable vide constitutionnel qui s'annonce et à ses conséquences imprévisibles.

 

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L'heure de la vérité a sonné pour la grille des salaires, un réajustement des barèmes et des traitements dans le secteur public qui englobe aussi bien les fonctionnaires que les enseignants, l'armée et les services de sécurité. Coût estimatif annuel de cette grille pour laquelle les intéressés, enseignants en tête, luttent depuis des années : 1 200 milliards de livres (800 millions...

commentaires (3)

SI LA PARITE DE LA LIVRE CHUTE ADIEU LA GRILLE ET ADIEU CEUX QUI SONT LESES PAR CES TAXES DANS UN PAYS SUR LA VOIE DE LA GRECE...

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 10, le 15 mars 2017

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • SI LA PARITE DE LA LIVRE CHUTE ADIEU LA GRILLE ET ADIEU CEUX QUI SONT LESES PAR CES TAXES DANS UN PAYS SUR LA VOIE DE LA GRECE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 10, le 15 mars 2017

  • ON NE DISTRIBUE PAS QUAND ON N,A PAS... AU CONTRAIRE FALLAIT ECONOMISER LE 1,5 MILLIARDS DE DOLLARS DES PERTES ANNUELLES DE L,EDL ET RECUPERER LES DUS DE L,ACCAPAREMMENT DU LITTORAL DU NORD AU SUD ET REDUIRE AINSI LA DETTE SOUVERAINE ! QUI A DES OREILLES PEUT ENTENDRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 07, le 15 mars 2017

  • La grille des salaires est dangereuse et on risque un jour de se réveiller avec le cours du dollar à trois mille livres libanaises .

    Antoine Sabbagha

    12 h 48, le 15 mars 2017

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