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Liban - Grille des salaires

Vers une grève ouverte des magistrats ?

Lorsque le gouvernement donne aux fonctionnaires des émoluments plus élevés que ceux des juges, c'est que ces derniers n'ont pas de valeur à ses yeux, dit-on au Palais de justice.

Les auxiliaires de justice manifestent leur mécontentement à Nabatiyé.

Les magistrats ont continué hier leur mouvement de protestation face au projet de grille des salaires en s'abstenant d'assurer un service normal dans l'exercice de leurs fonctions pour la seconde journée consécutive. Ils attendent la séance législative d'aujourd'hui pour être fixés sur le sort de leur caisse mutuelle et des vacances judiciaires et menacent par ailleurs de décréter une grève ouverte.

Le Conseil supérieur de la magistrature s'est réuni aujourd'hui dans les locaux du Palais de justice de Beyrouth, avec le Conseil d'État, la Cour des comptes et le conseil administratif des anciens magistrats, afin de manifester son mécontentement face à plusieurs articles de la grille des salaires. « Le travail de la justice au Liban requiert le respect de l'esprit de la Constitution et des lois, notamment en ce qui concerne la caisse mutuelle des magistrats, les vacances judiciaires et les droits acquis depuis 2011 », font remarquer les juges dans un communiqué publié à l'issue de leur réunion.

Les magistrats menacent d'observer une grève ouverte si les points qu'ils mettent en question ne sont pas retirés des projets de la grille des salaires et du budget. Ils reprochent aux textes préconisés de donner au gouvernement la possibilité d'annuler la mutuelle indépendante des juges et de jumeler les aides sociales, scolaires et médicales aux magistrats avec la mutuelle des fonctionnaires du secteur public. Il est aussi question de ramener les vacances judiciaires à un mois par an, au lieu de deux mois. Enfin, une fois l'échelle des salaires adoptée, les fonctionnaires de première catégorie toucheraient des salaires supérieurs à ceux d'un juge, ce qui est jugé inacceptable par les magistrats.

« Lorsque le gouvernement donne aux fonctionnaires des salaires plus élevés que ceux des magistrats, c'est que ces derniers n'ont pas de valeur à ses yeux. Cela est inadmissible », déclare une source proche du milieu judiciaire à L'Orient-Le Jour. « Nous attendons la séance parlementaire (aujourd'hui) pour voir ce qu'il va en être concernant les vacances judiciaires et la caisse mutuelle. La question des salaires sera abordée ultérieurement », ajoute cette source.


(Lire aussi : Grille des salaires, loi électorale : l’heure de vérité)

 

Menaces de fusion entre le judiciaire et le secteur public
Les juges de confession druze se sont eux aussi réunis hier à Beyrouth et ont affirmé qu'ils se solidarisaient avec leurs confrères. De même pour les ordres des avocats de Beyrouth et de Tripoli qui se sont réunis exceptionnellement hier en présence des bâtonniers Antonio Hachem et Abdallah Chami pour dénoncer le projet de grille des salaires dont certains aspects touchent les avocats, notamment en matière de hausse des impôts.

« Nous refusons que l'on touche aux droits des avocats et qu'on leur impose des impôts non justifiés. Nous refusons également de toucher au principe de la séparation entre les pouvoirs, menacé par la fusion entre le judiciaire et le secteur public », précise un communiqué des avocats. Les auxiliaires de justice de Nabatiyé se sont également joints au mouvement de protestation, la probable suppression de la caisse mutuelle de la magistrature menaçant de couper certaines des aides qu'ils reçoivent. Une délégation de magistrats devrait se réunir aujourd'hui avec le Premier ministre, Saad Hariri, et le président de la Chambre, Nabih Berry, pour discuter de ce dossier.

Interviewé par la chaîne LBCI, le bâtonnier Hachem a mis en garde contre toute source de « frustration » pécuniaire pour les magistrats, ce qui pourrait rendre ces derniers « plus facilement corruptibles ». Il a également précisé que la hausse des impôts pourrait menacer le paiement des retraites et les allocations de santé des avocats.

 

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commentaires (3)

LA LATTA ET LA BATTA PARTOUT...

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 27, le 15 mars 2017

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Commentaires (3)

  • LA LATTA ET LA BATTA PARTOUT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 27, le 15 mars 2017

  • Quand on compare le salaire d’un député qui s’amuse toute la journée, au salaire d’un juge qui ne décroche pas les trois mille dollars par mois pour bien juger, nous sommes vraiment choqués. Mais bon dans un pays en faillite consolons-nous tout va mal .

    Antoine Sabbagha

    11 h 58, le 15 mars 2017

  • Mais c'est normal que les juges ne beneficient pas d'augmentation, ils sont absolument deficients. Tout juste bon a pourchasser la petite delinquence, le fumeur de joint ou la communaute LGBT. Mais la corruption qui gangrene le pays, on peut tjrs attendre. Faudrait arreter de les payer tout simplement. Mais les premiers qu'il faut arreter de payer, c'est nos deputes et minitres, parceque la on depasse le detournement d'argent public, ca releve carrement du hold up....

    George Khoury

    08 h 51, le 15 mars 2017

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