Rechercher
Rechercher

Liban - Loi électorale

Un « non » très diplomatique du PSP à la formule Bassil

Le nouveau système mixte proposé par le chef du CPL est loin d'emballer le parti de Walid Joumblatt.

La délégation joumblattiste reçue par le cheikh Akl druze.

Le PSP a réservé un accueil très tiède à la nouvelle formule électorale présentée lundi par le ministre des Affaires étrangères et chef du CPL, Gebran Bassil, sans aller cependant jusqu'à la rejeter ouvertement. Mais les propos tenus hier par des députés joumblattistes ne peuvent en aucun cas prêter à équivoque : le PSP n'est pas près de donner son aval à la formule Bassil qui prévoit un mode électoral mixte alliant les deux systèmes majoritaire et proportionnel, mais dont les détails n'ont toujours pas été dévoilés. « Je ne pense pas que cette proposition a de fortes chances d'être adoptée », a affirmé le député Waël Bou Faour. « Elle n'a pas été favorablement accueillie par des forces politiques essentielles dans le pays », a déclaré un peu plus tard son collègue, Ghazi Aridi.
M. Bou Faour, qui s'exprimait au terme d'un entretien avec le ministre de l'Information, Melhem Riachi, a souligné que « de nombreuses forces politiques n'y voient pas la meilleure formule pour une loi électorale ».
Ghazi Aridi faisait partie de la délégation du bloc joumblattiste, composée des députés Waël Bou Faour, Fouad el-Saad et Élie Aoun, ainsi que de cadres du PSP, Rima Saliba, Rami Rayès, Hadi Aboul Hassan, Nach'at Hasniyé, Mohammad Basbous et Walid Sfeir, qui a été reçue hier par le cheikh Akl druze, Naïm Hassan, dans le cadre de la tournée qu'elle effectue sur les différents pôles du pays pour leur expliquer le point de vue du parti et du bloc concernant la nouvelle loi électorale.
Toujours selon M. Aridi, l'équipe du PSP en charge de l'examen des propositions et des lois électorales « s'attelle toujours à étudier les idées avancées (par Gebran Bassil) afin de pouvoir formuler un avis définitif, mais il est clair à partir des positions dont nous avons eu vent que les choses vont dans le sens opposé » à celui voulu par le chef du CPL « du moment que ses idées n'ont pas été acceptées par des forces fondamentales dans le pays ».
Le député de Beyrouth a insisté sur le fait que les élections doivent avoir lieu dans les délais, sur base d'une nouvelle loi électorale « qui permet de préserver la diversité, le partenariat et le pluralisme, et qui pave la loi à l'application entière de l'accord de Taëf, avec l'élection d'un Parlement en dehors du cadre confessionnel et d'un Sénat dont la composition tiendra compte des appréhensions des différentes communautés ». M. Aridi a en outre jugé que « si les intentions sont bonnes, il sera possible de s'entendre sur une nouvelle loi électorale, sinon nous nous dirigeons vers une grande crise politique ». « En tout état de cause, le débat reste ouvert », a-t-il ajouté.

De nouvelles formules ?
De sources proches du PSP, on explique que la proposition Bassil a fait l'objet de contacts et de concertations intensifs au cours des derniers jours. Leur issue n'a pas été cependant positive. De mêmes sources, on estime qu'on n'est toujours pas parvenu au stade où il est possible de discuter clairement d'une formule électorale applicable et l'on n'exclut pas, sans se faire trop d'illusions cependant mais dans un souci de rester positif, l'éventualité de nouveaux débats autour de nouvelles formules. Le PSP, rappelle-t-on, avait soumis au président de la Chambre, Nabih Berry, une proposition de loi électorale qui prévoit également un mode de scrutin mixte, mais reste en attente d'une réponse, du moins officiellement. Selon la même source, le texte, présenté il y a quelques semaines à Aïn el-Tiné, serait en train d'être examiné avec les différentes forces politiques.
Les réserves du PSP ne portent pas seulement sur la formule électorale proposée par le chef du CPL, mais s'étendent également à ses idées concernant la présidence du Sénat. Selon Gebran Bassil, le Sénat devrait être élu conformément à la loi dite orthodoxe (qui stipule l'élection des sénateurs par leur communauté) et devrait être présidé par un chrétien (non maronite), par respect pour la parité islamo-chrétienne, garantie par l'accord de Taëf.
Même s'il a affirmé ne pas vouloir « s'engager dans un débat hypothétique autour de la présidence du Sénat », Waël Bou Faour a relevé qu'il était clair, « en revoyant les procès-verbaux de Taëf, qu'il avait été décidé de confier celle-ci à un druze ». C'est ce que l'ancien député Fayçal Daoud a aussi confirmé en soulignant, dans une déclaration à la presse, que la communauté à laquelle il appartient n'acceptera pas « que la présidence du Sénat provoque un conflit druzo-chrétien ».
Sur son compte Twitter, le député Talal Arslane a écrit de son côté qu'« il n'est pas question pour les druzes d'accepter que la rotation à la tête du Sénat soit à leurs dépens ». « Si le principe de la rotation est retenu, il devra s'appliquer à toutes les institutions. L'important aujourd'hui est que la question du Sénat ne soit pas une diversion pour détourner l'attention de la loi électorale », a encore écrit M. Arslane, qui s'est prononcé pour la proportionnelle intégrale. « Toute tentative de l'atténuer entraînera une réaction adéquate de notre part », a-t-il menacé, pendant que le vice-président du CPL, Nicolas Sehnaoui, considérait que la présidence du Sénat devait être attribuée à la communauté grecque-catholique, « en vue d'un rééquilibrage au niveau de la répartition communautaire à la tête des institutions ».

Le PSP a réservé un accueil très tiède à la nouvelle formule électorale présentée lundi par le ministre des Affaires étrangères et chef du CPL, Gebran Bassil, sans aller cependant jusqu'à la rejeter ouvertement. Mais les propos tenus hier par des députés joumblattistes ne peuvent en aucun cas prêter à équivoque : le PSP n'est pas près de donner son aval à la formule...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut