À l'occasion du 12e anniversaire du 14 mars 2005, un groupe d'activistes issus de ce mouvement qui avait obtenu la fin de la tutelle syrienne ont pris hier un nouvel engagement, celui de contrer, cette fois-ci, l'hégémonie iranienne représentée selon eux par le Hezbollah.
C'est sous l'appellation de « 14 Mars-On continue » (Moustamirroun) qu'une quarantaine de personnes se sont donc réunies hier au siège du Parti national libéral, à Sodeco, sous l'égide de Dory Chamoun, chef du PNL, pour appeler à un nouveau soulèvement et exprimer leur ferme détermination à continuer le combat en vue de restaurer la souveraineté et l'indépendance du pays, à l'heure où ils reprochent à leurs leaders d'avoir offert trop de concessions en concluant des arrangements politiques avec la coalition du 8 Mars.
Outre des membres du secrétariat général du 14 Mars, tels que Youssef Doueihy, avocat, et le journaliste Naufal Daou, on notait la présence de partisans et sympathisants de divers partis, venus cependant en leur qualité personnelle. Il y avait là Georges Moufarrej (Forces libanaises), Rached Fayed (courant du Futur), Ziad Khalifé Hachem (PNL), Maha Osman (PNL), Gilbert Abi Abboud (PNL), Mona Fayad, écrivaine et professeure d'université (Renouveau démocratique), Béchara Khairallah (Rassemblement pour la République), Walid Fakhreddine (Gauche démocratique) et Nidal Abou Chahine (Coalition des démocrates libanais).
Étaient également présents Ghaleb Yaghi, ancien président de la municipalité de Baalbeck, les journalistes Michel Hajji Georgiou, chef du service politique à L'Orient-Le Jour, Assaad Béchara, conseiller de l'ancien ministre de la Justice Achraf Rifi, ainsi que Régina Kantara (Conseil national de la révolution du Cèdre), Antonia Doueihy (État du dialogue de la société civile), Pierre Geara, ingénieur et membre d'associations, Lina Hamdan (présidente d'association), Ramy Finge, activiste de Tripoli et orthodontiste, Sara Assaf, directrice d'une agence de publicité, et de nombreux autres acteurs de la société civile de toutes confessions et régions.
Ils ont ainsi choisi la date symbolique du 14 Mars pour jeter les bases d'une structure politique et d'un cadre d'action dans lesquels seraient ravivées les valeurs du vivre-ensemble, des libertés individuelles et de la non-violence, et implantées les bases d'une opposition aux armes illégales et au projet attribué à « l'axe iranien ».
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Dory Chamoun
Après la diffusion de l'hymne national et l'observation d'une minute de silence en hommage aux victimes de la révolution du Cèdre, M. Chamoun a exprimé son soutien à ses hôtes, leur promettant de « rester à leur disposition pour poursuivre le parcours de l'indépendance ». « Si vous êtes toujours présents, c'est que, malgré la défaillance de certains, l'alliance du 14 Mars ne s'est pas effritée », a-t-il dit, soulignant que le pays a besoin d'eux et d'un effort national nouveau. « Vous faites partie du million et demi de personnes qui ont manifesté le 14 mars 2005, et ce n'est pas parce que certains n'ont pas poursuivi la marche que les autres s'arrêteront à mi-chemin pour cesser d'agir et se rendre », a martelé M. Chamoun, avant de conclure: « Le Liban doit se libérer non seulement de la mainmise étrangère, mais également de parties qui croient que le pays est leur propriété et qu'ils peuvent donc en disposer comme ils veulent. »
Des discussions sur la teneur du communiqué qui devait être publié à l'issue de la réunion ont suivi. Un point concernant l'opposition à la seule occupation étrangère, et non à une quelconque composante interne, a suscité le plus de débats. Certains y ont vu une concession inacceptable aux parties politiques qui ont rejoint le Hezbollah et favorisé son ascension au sein de l'État. Dont acte. La mouture définitive du manifeste adopte finalement la formulation suivante : « Nous sommes en lutte contre l'occupation et nous mettons en garde tous les pôles politiques du danger que constitue la légitimation donnée à l'occupation et aux armes illégales. »
Donnant lecture du communiqué final, Lina Hamdan a mis en exergue « l'attachement des participants aux principes de souveraineté sur la base desquels le peuple libanais s'est révolté contre l'occupation syrienne et ses outils locaux », exprimant également « le refus que soient remplacées l'occupation et les armes syriennes par l'occupation iranienne et les armes du Hezbollah ».
Le texte souligne également l'attachement des membres de 14 Mars-On continue au monopole de l'État dans la détention et l'usage des armes, et ce « en application de l'accord de Taëf ainsi que des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, notamment la 1559 (prévoyant le désarmement de toutes les milices), la 1680 (tracé des frontières), la 1701 (cessation des hostilités entre le Liban et Israël) et enfin les prescriptions de la déclaration de Baabda (qui appelle à la neutralité du Liban à l'égard des axes régionaux).
Les participants ont exprimé dans ce cadre leur « confiance dans les capacités de l'armée et des institutions sécuritaires à défendre le pays de tous les dangers résultant des menaces d'Israël et du terrorisme », faisant part de leur « refus des prétextes dont usent le Hezbollah et ses sympathisants pour justifier la possession d'armes illégales ».
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Équilibre
Pour les membres de ce nouveau mouvement, « l'indépendance et la souveraineté du Liban se rétablissent sur la base d'un équilibre entre les composantes politiques, partisanes, sociales et communautaires, et non sur le rapport de force qu'entretient le Hezbollah ».
Les activistes ont, par ailleurs, affirmé que « le Liban est soumis aux légalités arabe et internationale », estimant que « toute tentative de l'entraîner dans une confrontation avec le monde arabe et la communauté internationale nuit à ses intérêts ». Ils ont fait part de leur détermination à « affronter toute tentative de lier le pays à l'axe iranien ou à tout autre axe portant atteinte à la souveraineté absolue et à la décision indépendante ».
Rappelant « les conséquences de l'occupation syrienne sur l'économie et le niveau de vie des Libanais, ainsi que sur le Trésor de l'État », ils ont mis en garde contre « une nouvelle occupation qui favoriserait la corruption, le vol des deniers publics et l'appauvrissement du peuple ». Les participants ont souligné dans ce registre qu'« aucune réforme économique ne peut être appliquée à l'ombre d'une occupation militaire et de la soumission de la classe politique à l'hégémonie des armes illégales ».
Le communiqué a également mis l'accent sur « la nécessité pour le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) de poursuivre le procès des assassins de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri et d'élargir ses enquêtes en vue de faire la lumière sur tous les crimes qui ont visé les leaders et activistes de la révolution du Cèdre ».
Les participants se sont enfin promis de « tenir des réunions périodiques ouvertes à tous pour dégager un plan de confrontation pacifiste et assurer le soutien dont a besoin le peuple libanais pour obtenir son indépendance, affranchir les institutions constitutionnelles de la tutelle des armes illégales et libérer l'économie du vol organisé ». Et de conclure : « La liberté et l'indépendance commencent par une décision. Prenons-la donc. »
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commentaires (9)
"Lînâ Hamdâne a mis en exergue le refus que soient remplacées l'occupation et les armes syriennes par l'occupation iranienne et les armes du héZébbb.". Ça c’est Clair !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
13 h 09, le 16 mars 2017