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Liban - Grille des salaires

Hamadé : Les enseignants ne méritent pas moins que les forces armées qui ont obtenu la part du lion

Nabih Berry convoque le Parlement à une séance plénière, mercredi prochain, pour étudier et adopter le projet de loi.

Le ministre de l’Éducation en réunion avec les syndicats des écoles techniques. Photo ANI

Au lendemain de l'adoption par les commissions parlementaires mixtes de la grille des salaires et alors que le texte final du projet de loi attend toujours de voir le jour, il semblerait que les différents corps militaires aient obtenu la part du lion, par rapport aux autres secteurs, à savoir les fonctionnaires et les enseignants. Ces derniers, plus particulièrement les instituteurs du secondaire, affichent déjà tout haut leur mécontentement de n'avoir pas eu les échelons requis et de n'avoir obtenu « que 20 % de leurs revendications. Ils espéraient aussi un réajustement de leurs salaires », note l'agence de presse al-Markaziya.

Sans plus attendre, la Ligue des enseignants du secondaire de l'école publique, sous la présidence de Nazih Jibaoui, a donc lancé un ordre de grève ouverte, hier, menaçant une nouvelle fois l'année scolaire et les examens officiels. Même appel à la grève jusqu'à mercredi inclus de la Ligue des enseignants du secteur technique, lancé à l'issue d'une réunion avec le ministre de l'Éducation, Marwan Hamadé. Le syndicat des enseignants des écoles privées a opté de son côté pour l'expectative, n'ayant toujours pas pris connaissance de la copie finale adoptée par les commissions mixtes. Son président, Nehmé Mahfoud, refuse donc de se prononcer pour l'instant. Pour rappel, les salaires du corps enseignant de l'école privée sont liés à l'échelle des salaires du secteur public.

 

(Lire aussi : « Forcing » pour un projet de budget lundi, en prélude au « vote de la grille » mercredi)

 

L'échelle n'a pas satisfait toutes les revendications
Quoi qu'il en soit, le président du Parlement, Nabih Berry, a invité hier la Chambre à une séance plénière, mercredi 15 mars à 10h30, pour étudier et adopter l'échelle des salaires et d'autres projets et propositions de lois. De son côté, le député Amine Wehbé a affirmé à la VDL 93,3 que la grille des salaires et le budget seront adoptés en même temps lors de la séance plénière.

Que s'est-il donc passé jeudi, lors de l'adoption du texte ? Contacté par L'Orient-Le Jour, le président des commissions conjointes, Farid Makari, également vice-président de la Chambre, a tenu à saluer l'adoption de l'échelle des salaires qui a « remis les choses en ordre ». Autre « point positif important, le plafond de dépenses de 1 200 milliards de livres libanaises (soit 800 millions de dollars) a été pris en considération. L'économie du pays ne permettant pas de la dépasser », note-t-il. Il a reconnu en revanche que la grille des salaires, telle qu'adoptée par les commissions conjointes, « n'a pas satisfait toutes les revendications, que ce soit celles des fonctionnaires, des enseignants ou des forces armées », mais « une partie des revendications de chaque secteur ». « Ils méritent plus, a fait remarquer le vice-président du Parlement. Et nous ne pouvons pas dire qu'elles ne sont pas légitimes. Mais cela aurait occasionné des coûts bien plus importants et un effondrement économique. »

M. Makari n'a pas hésité à abonder dans le sens du chef des Kataëb, Samy Gemayel, qui s'était prononcé à plusieurs reprises « contre tout nouvel impôt ou toute taxe pour financer l'échelle des salaires, car cela renforcerait les structures de la corruption ». « Je suis entièrement d'accord avec ses propos sur la nécessité de mettre un terme à la corruption », a-t-il affirmé. Il a toutefois invité au réalisme : « Nous ne pouvons contrôler la corruption, pour l'heure. Nous ne sommes même pas sûrs d'y parvenir prochainement. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons plafonné les dépenses destinées à la grille des salaires. »
Commentant enfin la grogne des enseignants, Farid Makari a observé qu'ils sont effectivement « les plus mécontents », alors que les autres bénéficiaires de l'échelle des salaires ont accepté la situation. Un mécontentement également affiché par le ministre de l'Éducation, Marwan Hamadé. « Il réclamait davantage pour les instituteurs, mais ce n'était pas possible », a soutenu le président des commissions conjointes.

 

(Lire aussi : Les mesures fiscales pour financer la grille des salaires)

 

Manque d'équité entre les différents secteurs
Contacté aussi par L'OLJ, Marwan Hamadé dénonce en effet « une disparité et des inégalités entre les différentes grilles de salaires et les différents secteurs, qui traduisent des rapports de force ». « Certaines catégories ont obtenu plus que d'autres. Les forces militaires, dans leur ensemble, ont obtenu la grosse part », indique-t-il. À titre d'exemple et selon le site Tayyar.org, le salaire d'un soldat sera augmenté de 35 % et passera de 655 000 à 988 000 LL par mois. De même, le salaire d'un sous-officier sera augmenté de 35 %.
Le ministre de l'Éducation s'était retiré jeudi de la séance des commissions, tout en protestant contre « la marginalisation des enseignants, considérablement lésés par la grille des salaires ». « Je ne dis pas qu'ils méritent plus que les autres, mais ils ne méritent pas moins qu'eux », martèle-t-il à L'OLJ. M. Hamadé tient à rappeler que l'échelle des salaires « devait pourtant s'occuper de ceux qui avaient été précédemment ignorés par la loi, à savoir les enseignants ». Et assure que « ces nouvelles disparités ne peuvent qu'engendrer davantage de problèmes ». Le ministre craint aussi « les retombées négatives » de l'adoption de la nouvelle grille des salaires « sur l'économie du pays, déjà moribonde », alors que « les réformes nécessaires sont ignorées ».
Quelle sera la réponse des enseignants du secteur privé ?

 

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Il faut être passé dans l'enseignement pour savoir combien chaque sou gagné est mérité, de nos jours, tant ce métier est devenu ingrat... D'ailleurs les enseignants se font de plus en plus rares... Il est temps de les stimuler, au moins sur le plan financier... Ce n'est pas les nouvelles techniques de l'enseignement (ordinateurs, tablettes et autres nouveautés) qui vont motiver les enfants au désir d'apprendre...

NAUFAL SORAYA

12 h 20, le 11 mars 2017

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Commentaires (1)

  • Il faut être passé dans l'enseignement pour savoir combien chaque sou gagné est mérité, de nos jours, tant ce métier est devenu ingrat... D'ailleurs les enseignants se font de plus en plus rares... Il est temps de les stimuler, au moins sur le plan financier... Ce n'est pas les nouvelles techniques de l'enseignement (ordinateurs, tablettes et autres nouveautés) qui vont motiver les enfants au désir d'apprendre...

    NAUFAL SORAYA

    12 h 20, le 11 mars 2017

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