Au terme d'un forcing de deux semaines, les commissions parlementaires conjointes ont approuvé hier soir l'échelle des traitements et salaires dans le secteur public, à laquelle ils ont fixé un plafond de dépenses de 1 200 milliards de livres (800 millions de dollars). En bénéficieront les fonctionnaires, les enseignants et les militaires et services de sécurité.
L'une des raisons pour lesquelles les commissions conjointes ont accéléré leur travail, qui a failli être une fois de plus ajourné, tient à la nécessité de transmettre aux députés le projet de grille, tel qu'approuvé, en prévision de son inscription à l'ordre du jour de la prochaine séance de la Chambre. Cette dernière a été fixée hier par le bureau de la Chambre, réuni sous la présidence de Nabih Berry, au 15 mars.
« Ce n'est pas une échelle idéale, mais c'est la meilleure possible », a déclaré à l'issue de la réunion le rapporteur des commissions, Ibrahim Kanaan. Les limites convenues ont été « respectées dans le montant approuvé et nous avons tenu à épargner au contribuable ordinaire de nouvelles taxes », a-t-il souligné, sans donner de précision sur les mesures fiscales préconisées. On sait toutefois qu'il est notamment question d'un relèvement de 1 % de la TVA, qui passe à 11 %, et d'un relèvement des taxes sur les spiritueux, produits de luxe importés, ciment et titres fonciers, mais, a précisé M. Kanaan, dans une proportion moindre que celle initialement prévue. « Bien entendu, a ajouté M. Kanaan, il ne faut pas se leurrer. On a beau vouloir l'éviter, tout relèvement fiscal finira par se répercuter sur les consommateurs. »
« L'échelle n'est pas idéale. » C'est le cas de le dire. La séance des commissions a été marquée, l'après-midi, par le retrait de Marwan Hamadé, qui a énergiquement protesté contre « la marginalisation » des enseignants du secteur public, que l'échelle, telle qu'approuvée en commission, « lèse considérablement », en leur accordant bien moins qu'aux autres catégories visées.
Pressentant qu'ils sont les dindons de la farce, les enseignants du secondaire public avaient décrété en cours de journée qu'ils seront à partir de ce matin « en grève ouverte » (lire ci-dessous).
(Lire aussi : Grève ouverte des enseignants du secondaire de l'école publique)
Structures de la corruption
Avant la fin de la réunion, le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur s'était retiré en guise de protestation contre ce qu'il a qualifié d « injustice envers les enseignants ». « Je m'excuse, encore une fois auprès de tous les instituteurs. La grille des salaires est, peut-être, juste pour les fonctionnaires dans les administrations publiques et les institutions militaires, mais il n'est plus acceptable de marginaliser les enseignants », a déclaré M. Hamadé en quittant la séance. « Je me tiens aux côtés des enseignants et je défendrai leurs droits », a ajouté le ministre, appelant le Parlement à revoir leurs demandes.
Aux réactions négatives des enseignants et de M. Hamadé s'ajoutent celle du parti Kataëb, dont le chef, Samy Gemayel, a tenu une conférence de presse fracassante dans laquelle il a affirmé qu'il est en faveur de l'échelle des traitements et salaires, mais contre tous les projets de création de nouveaux impôts et taxes destinés à son financement.
Pour M. Gemayel, ce serait « renforcer les structures de la corruption » et « sanctionner les honnêtes gens et les institutions qui paient leurs impôts, ainsi que les catégories défavorisées qui gagnent leur pain quotidien avec dignité, et c'est l'option qui est à l'examen ».
« L'autre option, a ajouté M. Gemayel, consiste à poursuivre la destruction de l'État par les moyens du gaspillage et de la corruption ». Et le chef des Kataëb de signaler l'existence d'un rapport évaluant le montant global des évasions fiscales au Liban à 2,4 milliards de dollars par an (...) Ce qui se passe est un véritable crime contre les citoyens, Nous renforçons les structures de la corruption.
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commentaires (3)
Bravo pour le député Samy Gemayel irréductible, à cheval sur les principes et soucieux des intérêts du peuple ! Il est curieux de constater combien sa voix résonne dans le désert…
Citoyen volé
10 h 46, le 10 mars 2017