Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Beyrouth insight

Le tapis magique de Rima Rabbath

De New York à Beyrouth, où elle a cofondé Yoga Souk Beirut avec Sarah Trad et Tina Pakradouni, Rima Rabbath continue d'enseigner le yoga sous toutes ses formes et postures, et surtout le Jivamukti Yoga et le Ashtanga Yoga. Rencontre avec une belle personne, devenue une référence dans le domaine.

Rima Rabbath à Java, en Indonésie, au temple bouddhiste de Borobudur. (Photo Alice Van Schaik)

Il est 17 heures, dans ce grand magasin où la mondialisation a trouvé son terrain de jeu (et de vente) idéal. Parmi les stands de parfums et de maquillage parfaitement alignés, parfaitement éclairés, une femme, élancée, dont on n'aperçoit que le grand bonnet en laine tombant sur ses immenses yeux, glisse, un peu perdue. Brindille au corps souple, les bras minces, longs, le sourire éclairé, Rima Rabbath, en tenue de ville, semble à l'étroit dans ses boots. Pressée, toujours, elle se pose quand même, prend le temps de siroter... un café, ce qui semble l'étonner elle-même, et se plonge dans ses mots, ses souvenirs et toutes les sensations d'une vie qu'elle renouvelle au quotidien.

Le quotidien de Rima, même s'il est imprégné du souffle lent du yoga, est rapide, précis, actif. Elle pourrait le résumer en un « lieu », qui devient son espace, en un objet : son tapis de méditation. Ce rectangle, où elle dépose ses connaissances, ses pensées, sur lequel elle abandonne chacun de ses membres, auquel elle rend honneur. En déplacement permanent, entre New York, où elle réside, et le monde où elle est invitée à animer des ateliers de travail et donner des cours, son « magic carpet » devient sa mappemonde, son repère et son équilibre. Avec un zeste du Liban, une émotion, des traces de l'enfance, de la guerre, une seconde peau indélébile qu'elle transporte partout. « Badaro, le quartier où j'ai grandi, et Louise Wegman sont mes deux piliers », dit-elle.

C'est pourtant au tennis que sa mère destinait Rima qui, du haut de ses sept ans, visait déjà les balles et servait des matches qu'elle remportait facilement. « J'adore ce jeu. J'étais plutôt agitée sur le court, confie-t-elle. Le mental est essentiel et je ne l'avais pas. » Elle apprendra à se mouvoir entre les lignes, à se cadrer, à développer une discipline dont elle retiendra l'importance de la liberté. « J'ai découvert, à travers les entraînements et les compétitions, que la liberté ne consistait pas à faire ce que l'on voulait, mais plutôt à entraîner son esprit, le pousser, dans la répétition, à découvrir ses capacités de concentration. » En 1993, la jeune femme s'envole pour Paris où elle décroche une maîtrise en sciences de gestion avec honneur de Paris Dauphine. Deux ans plus tard, c'est « New York here I come ». Elle s'inscrit à la Stern School of Business à NYU et obtient un MBA. La sportive se transforme ainsi en femme de chiffres, en même temps qu'elle découvre la musique électronique et une vie de nuit que seule la grande Pomme sait proposer. « J'ai fait la fête comme une folle ! » Mais le jour venu et le temps passant, Rima endosse son costume de travail, se transforme en parfaite senior marketing manager et voyage beaucoup, avec, dans son attaché-case, de nombreux portefeuilles à gérer, dont celui de Colgate – Palmolive.

Spiritualité et partage
En 2000, Rima Rabbath prend par hasard un premier cours de yoga, qui sera une révélation. « J'étais complètement époustouflée, se souvient-elle. Ce qu'on nous disait, c'était exactement ce que je voulais entendre : Nous avons un potentiel énorme, subtil, parfois caché qu'il faut épanouir. » « Lentement mais sûrement, elle s'immerge dans l'aventure et dans la discipline, et épanouit son (bien)être. En mai 2005, elle s'offre une année sabbatique, troque son habit de ville pour la tenue de yoga, plus légère et plus libérée, se prend un mentor, suit des cours plus pointus avec des instructeurs, parmi lesquels Sharon Gannon et David Life, et pratique tout le temps ce qui devient un style de vie. Quelques mois plus tard, elle présente sa démission. « Je savais ce que j'allais faire », dit-elle. Aller encore plus profondément en elle et dans le yoga, et partager avec le plus grand nombre ce moment de grâce pendant lequel la souffrance de l'effort est un plaisir et le silence intérieur un sublime dialogue.

Onze ans plus tard, Rima Rabbath enseigne le Jivamukti Yoga et le Ashtanga Yoga dans des cours prisés qu'elle maîtrise avec force et humanité, où plus de 70 personnes se précipitent à chaque séance. La play list, musique et sons, qu'elle prépare joue un rôle essentiel dans ses silences. « Écouter et s'écouter est un exercice très important », précise-t-elle. Classée en 2016 parmi les 100 professeurs de yoga les plus influents aux États-Unis, elle partage sur son site web soukofrima.com ses inspirations, ses voyages et ses découvertes.

Yoga Souks Beirut
Lorsque Tina Pakradouni et Sarah Trad découvrent les ateliers de travail de Rima Rabbath à New York, la connexion se fait immédiatement entre elles et l'idée suit. Un an plus tard, en octobre 2016, Yoga Souks Beirut voit le jour. Un très bel espace doté d'un matériel performant ramené de Berlin, dans le cadre de la plateforme artistique

D. Beirut, qui n'est pas intimidant, « où les amoureux de yoga peuvent suivre des cours de Jivamukti Yoga et de Ashtanga Yoga. L'occasion, le rêve de pouvoir réunir en un lieu ces deux méthodes qui me tiennent à cœur et qui permettent de maximiser notre potentiel. » « Dans le mot Souk, poursuit-elle, il y a échanges. De talents, de savoir, d'énergie. » Régulièrement, des instructeurs y sont invités à animer des cours, des ateliers de travail et partager leur savoir et leur savoir-faire. « Il existe des méthodes qui marchent, qui transforment la vie, le corps et l'esprit des gens. Je veux être un instrument au service de cette méthode. C'est ma façon d'honorer ce don que j'ai reçu. »

 

 

Dans la même rubrique

Rony Seikaly, star du rebond

Rami Salman, lentement, mais sûrement

Mawtoura, un peu nerveuse, mais très efficace

Hania Rayess Boustani : l’abstinence, son nouveau plaisir

Jean Salamoun, 13 ans, et une toque presque faite sur mesure...

Il est 17 heures, dans ce grand magasin où la mondialisation a trouvé son terrain de jeu (et de vente) idéal. Parmi les stands de parfums et de maquillage parfaitement alignés, parfaitement éclairés, une femme, élancée, dont on n'aperçoit que le grand bonnet en laine tombant sur ses immenses yeux, glisse, un peu perdue. Brindille au corps souple, les bras minces, longs, le sourire...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut