Marie Bikai Kazan et sa fille Rania Kazan.
C'est désormais un rituel : à chaque fois qu'un plat préparé par sa mère est terminé, beau et bon, Rania Kazan, productrice exécutive de télévision, prend une photo, la poste sur Instagram et Facebook avec un hashtag #EmmBrahim et un tag Marie Bikai Kazan.
« Je le fais pour trois raisons : ça fait plaisir à ma mère ; j'aime prendre des photos ; et cela provoque une série de réactions auprès d'une partie de la famille établie aux États-Unis et de toutes les personnes qui ont déjeuné à notre table au moins une fois. La cuisine de ma mère est inégalable », s'exclame Rania Kazan, confiante que la photo est l'un de ses passe-temps favoris, depuis qu'elle a effectué des études d'audiovisuel à l'ALBA.
« Avec le temps, j'ai un peu laissé tomber ; maintenant, avec la Iphonography (prendre et travailler des photos sur Iphone), je m'y remets », dit-elle, installée dans le salon de l'appartement familial à Achrafieh. « Il est quasi interdit de toucher à un plat avant que je ne l'immortalise », ajoute-t-elle, avec un grand sourire.
Sa mère, Marie Bikai Kazan, tendrement baptisée Emm Brahim, confie : « J'ai quitté l'université après un an d'études en biologie. Je voulais devenir médecin. Je me suis mariée et je me suis donc consacrée à mes enfants. J'ai appris à travailler de mes mains, que ce soit pour faire la cuisine, le crochet ou le tricot. J'observais les gens en cuisine, surtout ma belle-mère qui était un cordon-bleu, ma grand-mère originaire du Liban-Nord et qui concoctait d'excellentes boulettes de kebbé, ou encore une voisine de Mousseytbé qui préparait les meilleurs maamouls pour Pâques. »
Marie Bikai Kazan confectionne toutes sortes de plats, bons et appétissants, à en juger par les photos publiées sur Facebook et Instagram, et les commentaires des internautes.
« J'aime cuisiner, je partage mes recettes avec toutes les personnes qui me le demandent, que ce soit des parents ou des amis, et même des femmes croisées chez le boucher ! Depuis que je m'y suis mise, il y a bien longtemps, je n'ai jamais suivi une recette à la lettre. Pour réussir de bons plats, il faut surtout goûter ce qu'on prépare et connaître des astuces qui ne s'apprennent pas dans les livres », note cette mère de trois enfants qui est surtout « forte » en makaneks, falafels, confitures et sauces et concentrés de tomate, entièrement fabriqués à la maison. « C'est plus sain, affirme Emm Brahim d'une voix sûre. Au moins, chez nous, on choisit les meilleurs ingrédients. »
Son rêve ? Avoir un lopin de terre où elle pourrait cultiver ses propres légumes et arbres fruitiers. La main verte, elle a tenté l'expérience en plantant sur son balcon en ville de la vanille et du café. Et ça marche ! Elle explique, exemples à l'appui :
« Le caféier donne de très jolies fleurs... Jusqu'à présent, je n'ai pas fait de café avec ma plante pour en connaître le goût... Pour la vanille, c'est toute une histoire... Déjà, la fleur donne difficilement les cosses qui portent les gousses... Ensuite, il faut les traiter. La première fois, les cosses que je faisais sécher au balcon ont disparu, emportées par des colombes... » confie-t-elle avec beaucoup d'humour.
C'est Rania Kazan qui a initié sa mère aux médias sociaux et à internet. Entre Pinterest et Google, Emm Brahim a créé une sorte de livre, un pense-bête. « Je classifie les recettes et cela m'inspire et m'aide à gagner du temps quand je ne sais pas trop quoi cuisiner à midi », dit-elle. Dans l'air du temps, elle s'est également mise à noter ses recettes sur son Ipad, en terminant, inévitablement, par cette même note : « Si vous rencontrez des difficultés ou vous avez des questions à poser, adressez-vous à Google. » Et de clarifier son affirmation : « J'écris ces recettes pour mes enfants. Un jour, je ne serai plus là pour leur répondre... Ils n'auront qu'à interroger Google ! »
Emm Brahim s'adonne à son activité préférée tous les jours, sauf les dimanches. « C'est mon jour de congé. Celui où nous allons manger au restaurant », explique-t-elle. Son amour de la cuisine, elle l'a passé à ses trois enfants et sa petite-fille, âgée de quatorze ans, qui met la main à la pâte à chaque fois qu'elle voit sa grand-mère derrière les fourneaux. Et cela arrive bien souvent...
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